De 65,1 tonnes en 2020, la production d’or du Mali a chuté à 63,4 tonnes en 2021. Une chute enregistrée au moment où les autorités de transition ont déclaré la guerre à l’exploitation frauduleuse du métal jaune dans notre pays.
En 2020, le Mali avait atteint un record dans la production industrielle d’or avec 65,1 tonnes. Malheureusement, elle a chuté à 63,4 tonnes en 2021. C’est ce que révèlent les statistiques publiées le 10 février 2022 par le ministère des Mines et de l’Energie. Même s’il n’a pas encore donné les raisons de cette contre-performance, le département a néanmoins précisé qu’il s’agit d’une baisse de 2,6 % en glissement annuel.
Trois compagnies minières, dont deux canadiennes (Barrick et B2Gold) et une australienne (Resolute Mining), représentent plus des deux tiers de la production industrielle du pays, environ 49 tonnes. Les autres compagnies qui ont contribué à ce résultat sont notamment le sud-africain AngloGold Ashanti, le britannique Hummingbird Resources ou encore le canadien Robex Gold.
Certains analystes économiques se disent surpris par cette baisse de production d’autant plus que «les activités minières n’ont pas été affectées par la situation politique dans le pays». La preuve est que la production minière artisanale est restée stable à 6 tonnes d’or environ, ce qui porte la production d’or totale à 69,4 tonnes en 2021 contre 71,2 tonnes en 2020.
Mais, à notre avis, cette baisse de production peut aussi avoir un lien avec la guerre engagée par les autorités maliennes contre l’exploitation frauduleuse de nos richesses minières, notamment l’or. Déterminé et engagé à assainir le secteur minier, le ministère des Mines, de l’Énergie et de l’Eau, mène ces derniers mois une lutte implacable contre l’exploitation illégale de l’or. C’est ainsi que les structures chargées de la surveillance minière au niveau des sites miniers ont mis la main sur 22 Chinois, qui disposaient 19 pelleteuses et 2 pick-ups. Ils ont été interpellés et mis à la disposition de la justice le lundi 14 février 2022 lors d’une patrouille intensive lancée contre l’exploitation illégale des ressources minières, dans les localités de Yanfolila. Et des enquêtes sont en cours pour traquer leurs complices.
Toutefois, avertissent les économistes, «la contre-performance enregistrée cette année rappelle que le pays a encore des efforts à fournir pour atteindre son objectif de deuxième producteur africain d’or». Et elle (chute), doit être soigneusement analysée d’autant plus que, selon le gouvernement, notre pays perd chaque année 15 tonnes d’or dans la contrebande liée à l’exploitation artisanale et à petite échelle. Ce qui prive le pays de précieuses recettes puisque la perte annuelle est évaluée à environ 900 millions dollars, soit près de 518,4 milliards F Cfa, au cours actuel du métal jaune.
La solution envisagée au niveau du gouvernement de transition est la formalisation du secteur artisanal. Il s’agira de rendre obligatoire la détention d’un permis minier pour toutes les personnes actives dans l’exploitation artisanale et à petite échelle (ASM). Avec le soutien de la Banque mondiale, le pays entend également créer 200 coopératives afin de mieux encadrer le négoce de l’or, notamment au niveau des intermédiaires entre les grands acheteurs et les mineurs ASM.
«Ces deux chantiers permettraient d’augmenter la production annuelle d’or de 15 %… Nous pouvons passer du statut de 3e producteur d’or à celui de second producteur en Afrique», a souligné le ministre malien des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, dans une interview accordée à «Bloomberg».
Il reste donc des efforts à faire pour supplanter l’Afrique du Sud comme dauphin du Ghana dans le classement des producteurs africains d’or. En attendant, le Mali pourrait néanmoins se démarquer du Soudan. Les statistiques disponibles, y compris celles du WGC et de la Banque mondiale, classent en effet tour à tour le Mali ou le Soudan comme 3e producteur du continent.