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Edito : Bon débarras !
Publié le jeudi 24 fevrier 2022  |  Le DEMOCRATE
Serval
© Autre presse par DR
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L’armée française a pu faire son retour en janvier 2013 après son départ de notre territoire en septembre 1961. Ces forces françaises ont été accueillies en grande pompe au Mali. La population malienne a rempli le boulevard de l’indépendance avec les drapeaux français. Les Français allaient nous apporter quelque chose : l’espoir de libérer notre pays. On pouvait lire sur les pancartes ce jour là : « merci à Papa Hollande », ‘’merci à la France’’. Des Maliens dans leur euphorie ont même nommé leur enfant François Hollande. Le premier soldat français, Damien Boiteux, mort à Konna, a eu droit à un monument en son honneur et beaucoup d’enfants maliens ont été baptisés ‘’ Damien Boiteux. Tout cela pour dire combien les Maliens ne sont pas ingrats. Combien de soldats maliens sont tombés à Konna et après. Qui d’entre eux a eu droit à un monument ? Mais que s’est t-il passé neuf (9) ans après ?

L’espoir des Maliens s’est transformé en désillusion. Le bilan de ‘’Serval’’, transformée en ‘’Barkhane’’, a été un échec total, en toile de fond des milliers de morts et la généralisation de l’insécurité qui s’est transportée du Nord au Centre du pays, devenu un far West. C’est pourquoi, dans la recherche de la sécurité intérieure du pays, les autorités de la Transition ont conclu que la solution française n’a pas porté fruit. Le constat de l’échec est patent : 2/3 du territoire échappent au contrôle des autorités maliennes, les attaques se multiplient tous les jours, les djihadistes progressent et frappent au centre et même au sud du pays. Kidal est devenue le sanctuaire et un Etat dans un Etat. Le Mali est divisé.

Face à cet échec, elles ont opté pour la solution des forces russes, en toute souveraineté. Et depuis, la montée fulgurante et spectaculaire de l’armée malienne se fait sentir chaque jour sur les théâtres des opérations. Très irrespectueux des autorités de la Transition qu’il a traitées de tous les noms d’oiseau, le président Français Macron avait annoncé le retrait de Barkhane et de la force ‘’ Takuba’’ du Mali, dans un délai de quatre (4) à six (6) mois. Les autorités de la Transition qui n’attendent pas de cette oreille ont demandé leur retrait sans délai. Bon débarras ! Car tous les analystes des questions sécuritaires sont arrivés à la conclusion qu’aucune puissance étrangère ne fera le bonheur des peuples africains à leur place.

Et c’est une nouvelle page dans l’histoire de la coopération militaire entre la France et le Mali, écrite pour les générations futures par le duo Assimi-Choguel. C’est désormais officiel, les bases militaires françaises au Mali partiront très bientôt. Cette annonce du retrait des troupes françaises au Mali a été très bien accueillie et fêtée par des milliers de Maliens à la place de l’indépendance. Nous, les Maliens avons l’occasion de nous assumer et de prouver au monde entier que la France avait tort de chanter partout qu’elle était indispensable pour la sécurisation de notre pays, indépendant depuis 1960.

Ma conviction demeure intacte. Et je pense aisément qu’au-delà de notre pays, le Mali, le Burkina et le Niger doivent s’inscrire dans la même logique. Nous sommes indépendants et nous devons nous assumer. Personne ne doit venir combattre à la place de nos forces armées qui doivent être fortement équipées jusqu’aux dents et mis dans de meilleures conditions. L’indépendance militaire ouvre la voie à l’indépendance économique et au développement en principe. En demandant officiellement le départ de l’armée franco-européenne, Barkhane-Takuba, de notre territoire, je dis félicitations aux autorités maliennes d’avoir écouté son peuple pour prendre l’avenir des millions de vies en main. Bravo, je suis fier d’être Malien !

Aliou Touré

Source: Le Démocrate
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