Existe-t-il encore une possibilité de compromis entre la CEDEAO et le Mali pour faire cesser l’embargo terrestre, aérien et financier imposé à ce pays sahélien de l’hinterland? En analysant le contenu du nouveau texte de la Charte de la Transition, on n’aurait tort de ne pas répondre par l’affirmative. Pour la simple raison que les Conseillers du Conseil National de la Transition (CNT), l’organe parlementaire transitoire du Mali, réuni en session plénière, en ne se prononçant pas sur la fourchette de six (6) mois à Cinq ans de durée de la Transition retenue par les ANR, ont ouvert une fenêtre de négociation entre l’organisation sous-régionale et le Mali pour convenir d’un chronogramme acceptable pour l’organisation des futures élections générales mais aussi sur le délai de la Transition en cours.
Ce faisant, ces deux principaux obstacles, dont butent notre pays et l’organisation sous-régionale ouest-africaine, pourraient désormais faire l’objet d’une décision du Gouvernement de Transition prise en conseil de ministres. Ce qui revient à espérer qu’un compromis est bien possible entre l’exécutif malien et la CEDEAO. Lesquels pourraient désormais discuter autour de la durée de 12 mois, récemment envisagée par le Chef de l’Etat ghanéen, président en exercice de la CEDEAO afin de pouvoir dégager in fine un chronogramme consensuel. Mais aussi un délai convenable pour la durée de la Transition. N’est-ce pas cette lourde mission que va désormais porter le négociateur en Chef de la CEDEAO, l’ancien président nigérian, présent dans notre pays ?
Quoi qu’il en soit, l’embargo contre le Mali affecte aussi drastiquement ce pays que ses voisins (notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire) dont leurs économies sont largement tributaires de l’import-export malien. Ainsi, après un mois d’embargo, il se trouve qu’une partie des travailleurs de ces deux pays est en chômage technique : les ports d’Abidjan et de Dakar sont quasiment déserts et l’économie transfrontalière entre le Mali et le Sénégal et la Côte d’Ivoire est aux arrêts. Jonathan Good Luck, certainement nanti de cette triste réalité géoéconomique, devra donc faire preuve de beaucoup de doigté pour réussir sa mission ultime. Dont l’aboutissement arrangerait certainement toutes les parties antagonistes.
D’ailleurs, avec le recul de plus d’un mois d’embargo, certains analystes politiques estiment que Good Luck aurait, cette fois-ci, toutes les chances en sa faveur : les autorités maliennes étant toujours disposées à négocier. Un autre avantage certain pour le négociateur, serait aussi dû au fait que « le syndicat des Chefs d’Etat de la CEDEAO » aura également compris que les sanctions économiques contre le Mali, ce pays de l’hinterland partageant des frontières avec d’autres pays non-membres côtiers, sont contre-productives. D’autant que l’embargo terrestre et aérien contre le Mali, au lieu de pouvoir l’étouffer, aura poussé les Autorités de la Transition à renforcer davantage la coopération bilatérale de leur pays avec la Guinée-Conakry (pays membre de la CEDEAO mais ayant refusé d’appliquer les sanctions contre notre pays) qu’avec la Mauritanie (pays non-membre) ! Les axes Bamako-Conakry et Bamako-Nouakchott sont même en train de se raffermir. Au grand dam du Sénégal et de la Côte d’Ivoire !