Depuis quelques jours, l’actualité brûlante du pays reste la déclaration tenue par Ainéa Ibrahim Camara, président du parti « Mouvement républicain ». Le politique s’est auto-proclamé président de la transition civile au Mali, ajoutant que son investiture aura d’ailleurs lieu le 8 avril prochain. Une annonce ayant poussé le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Mamoudou Kassogué et certains regroupements à réagir.
S’agit-il d’une déclaration folklorique ou sérieuse de la part de cet homme politique ? Que ça soit l’une ou l’autre, l’attitude du leader ne cesse pas de susciter pas mal de débats. En clair, la déclaration faite par lui sur la terre ivoirienne est, de nos jours, tributaire de pas mal d’indignations et d’objections, de la part des uns et des autres en République du Mali. Ainsi, dans des vidéos largement relayées sur les toiles, Ainéa Ibrahim Camara déclare être le président de la transition civile au Mali. Aussi, il maintient que son nouveau gouvernement sera bientôt formé au Mali, et non sur un quelconque autre territoire étranger. « Ce gouvernement sera formé au Mali, pas ailleurs. Conformément à la constitution malienne, 40 jours sont donnés à la junte au pouvoir. Cela, pour qu’ils (militaires) réfléchissent pour comprendre d’eux-mêmes qu’ils ont eu tort en ne parvenant pas à respecter les 18 mois impartis pour la fin de la transition », a-t-il soutenu. D’après lui, les militaires au pouvoir se sont engagés à tenir les élections générales à date impartie (18 mois). Maintenant que ce délai est arrivé à termes, dit-il, les 5 colonels doivent alors céder le palais de Koulouba à un gouvernement (lui et son équipe) de transition civile. Le politique confie vouloir organiser les élections dans un délai de 6 mois au Mali. Dans l’article 22 de la constitution, rappelle-t-il, il est stipulé que la défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen malien. « Nous avons alors le mandat de travailler au nom du Mali, et nous défendons la constitution de ce fait », explique Ainéa qu’ajoute : « Ayant constaté la fin du délai légal de la transition, dirigée par la junte du colonel Assimi Goita, je déclare, ce lundi 28 février 2022 : la dissolution de tous les organes de transition. Et je décrète, au nom du peuple malien souverain, la restauration de l’Assemblée nationale issue des dernières élections législatives. J’invite la population au calme, et nos forces de défense et de sécurité à se mettre à la disposition du gouvernement de transition civile ». Avec un ton hésitant et un visage ironique, l’homme en veste annonçait que « la cérémonie de son investiture est prévue pour le 8 avril 2022 à Bamako, la capitale malienne ».
Le ministre de la justice se saisit du dossier, au-delà d’autres réactions
En réaction à ces déclarations venant du leader en exile, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Mamoudou Kassogué a adressé un document au procureur général près la cour d’Appel de Bamako. Dans ce document, il a tenu à édifier le procureur : « Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux fait apparaitre le nommé Ainéa Ibrahim Camara, président du parti ‘’Mouvement républicain’’, se disant également président de la plateforme ‘’Mouvement Fao Dembé ’’. Dans ladite vidéo remontant probablement au 10 janvier 2022, le nommé s’est livré à des attaques avec des propos injurieux et subversifs contre les autorités de la transition, dans un élan d’appel à un soulèvement contre celles-ci ».D’autres vidéos, retrouvées ces derniers temps, traduisent clairement la volonté de l’intéressé, manifestement rassuré des complicités dont il pourrait bénéficier, dans un pays voisin où il tenait ses propos, de poursuivre son entreprise malveillante de déstabilisation des institutions de la transition, ressort-on dans le document. Aussi, le Garde des Sceaux dit avoir noté que l’incriminé ait déclaré être Président de la transition civile, à compter du 27 février. « Au regard de la gravité de ces faits, susceptibles de recevoir plusieurs qualifications pénales conformément à la loi, je vous (procureur près la cour d’Appel de Bamako) demande de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’ouverture immédiate d’une enquête par le parquet compétent »,instruit le ministre qui poursuit : « Aussi, vous est-il demandé de veiller personnellement à la bonne conduite des investigations, et de me tenir régulièrement informé de toute évolution de cette enquête ». Outre cet aspect, les informations récemment distillées annoncent que le politique est « activement recherché » par la police ivoirienne. Cela, pour être auditionné par rapport à ses déclarations. Aussi, dans un communiqué publié le 27 février, les membres du collectif pour la défense des militaires (CDM) ont sollicité la dissolution pure et simple du parti d’Ainéa Ibrahim Camara. Aux plus hautes autorités maliennes, le CDM insistait sur l’ouverture d’une enquête contre Ainéa et ses complices, pour « haute trahison, atteinte à la sureté intérieure et aux institutions de la République ». Même si le jeune leader n’a pas galvaudé sa carrière politique, tout porte à croire qu’il est en train de risquer gros dans sa nouvelle manœuvre contre le pays.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS