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Simone Ehivet Gbagbo : « J’interpelle la France, l’UE, l’UA et l’ONU quant à leur responsabilité sur la dégradation de la situation humanitaire au Mali »
Publié le mercredi 2 mars 2022  |  Le Pays
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Longtemps silencieuse, l’ex-première dame de la Côte Ivoire, en l’occurrence Simone Ehivet Gbagbo a brisé sa réticence sur la situation malienne. Acquise au combat de la souveraineté que mènent les Maliens, elle dit soutenir les Maliens dans leur mission de lutte contre la néocolonisation de la France. Dans cette déclaration, l’ex-première dame dit interpeller la France, l’UE, l’UA et l’ONU quant à leur responsabilité dans l’enlisement de la crise.


L’ex-confidente de Laurent Gbagbo, Simone Ehivet Gbagbo, ancienne première dame ivoirienne a livré sa part de vérité sur la situation qui prévaut au Mali. D’abord, elle estime que les sanctions infligées, le 9 janvier 2022, aux Maliens par la CEDEAO sont illégales et illégitimes. Ces sanctions rappellent celles qui ont été prises par ces mêmes organisations régionales contre les Ivoiriens, en 2010, pendant la crise électorale sous l’instigation de la France et de l’Union européenne. Au nom des prétendues règles démocratiques à respecter, ils (chefs d’Etat de la CEDEAO) avaient imposé un embargo aux Ivoiriens. Des actes qui, rappelle-t-elle, ont suscité plusieurs morts. Pour Simone, ces sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA s’apparentent à une punition du peuple malien. L’ex-première dame se dit persuadée qu’elles ont été prises contre les Maliens pour donner un signal fort aux autres peuples africains qui seraient tentés de suivre l’exemple malien. Aussi, suppose-t-elle, ces sanctions confortent la majorité de l’opinion africaine dans le sentiment que la CEDEAO et l’UEMOA sont instrumentalisées par les chefs d’Etat pour le règlement des comptes politiques. « Lesdites sanctions traduisent la tendance de plus en plus affirmée d’utiliser des institutions financières pour tenter de régler les crises politiques internes aux Etats. À l’opinion africaine, ces sanctions donnent le sentiment que ces organisations aux ordres des chefs d’Etat sont manipulées par la France et ses partenaires européens »,a-t-elle avancé.

Avec la fermeture des frontières due à cet embargo sur le Mali, Simone déplore avoir déjà constaté des impacts négatifs sur le quotidien des Ivoiriens. Chose qui fait dire qu’en plus de la cherté de la vie au Sénégal, les Ivoiriens font également face à énormément de difficultés. Lesquelles sont liées à la fermeture des frontières terrestres et aériennes du Mali. Dans cette déclaration qu’elle a voulue livrer au monde, Mme Simone martèle : « L’on peut affirmer que les sanctions prises contre le peuple frère du Mali sont illégales. Parce qu’aucune règle de la CEDEAO et de l’UEMOA ne les justifie. Ces sanctions à caractère purement politique sont iniques dans leur conséquence et s’apparentent à des crimes contre l’humanité ».Du point de vue éthique, les sanctions en vigueur sont inhumaines. Ce qui se joue aujourd’hui au Mali, poursuit-elle, c’est moins une guerre contre les djihadistes qu’une tentative de musèlement du peuple et de la pérennisation d’une situation d’assujettissement aux idées colonialistes. « Il ne s’agit pas de libérer les populations maliennes des affres du terrorisme. Les enjeux majeurs de cette crise se cristallisent autour de la problématique de la souveraineté du Mali et des ex-colonies africaines de la France », selon elle. Sans détour, Mme Gbagbo dénonce, par cette même occasion, les traitements et sorts réservés aux colonies françaises. « Après 62 ans de leur indépendance, ces ex-colonies africaines subissent toujours le diktat des gouvernants français. Ainsi, a-t-elle poursuivi, la crise malienne est d’abord et avant tout une bataille pour la transformation des relations entre la France et le Mali, voire entre elle les ex-colonies ».Dans son analyse, Simone considère que les Maliens sont engagés dans une conquête destinée à garantir l’indépendance du pays. Même si la France reste agacée du partenariat enclenché entre Bamako et des partenaires comme la Russie, elle dit encourager les Maliens à ne jamais baisser les bras, pour leur indépendance et la souveraineté du pays. Invoquant la décision unilatéralement prise par la France pour le retrait de ses troupes du Mali, elle confie que « les Maliens ont plus que jamais besoin du soutien sans réserve de tous les Africains ».Cette position de soutien qui ne contredit en rien « mon attachement au principe d’accéder au pouvoir par les urnes ».D’où ces mots : « J’affirme mon soutien au peuple frère du Mali, conformément à ma vision d’une Afrique digne. Je rappelle qu’après des siècles d’esclavage, voire des décennies de colonisation et d’indépendance politique, toute velléité de recolonisation de l’Afrique contemporaine est inacceptable. Je déclare que le moment est venu de retirer du continent africain toutes les forces françaises ». Et Simone Ehivet Gbagbo de finir : « Je condamne et demande la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali. J’interpelle la France, l’Union européenne, l’Union africaine et l’ONU sur leur responsabilité quant à la dégradation de la situation humanitaire au Mali ».

Mamadou Diarra

Source: LE PAYS
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