Dans une période marquée par l’intensification de la lutte pour les droits de la femme qui prend parfois l’allure d’une opposition des genres, l’annonce de la pénurie d’homme sonne comme un appel à la raison. La raréfaction d’une denrée étant le signe avant-coureur de la flambée du prix, la concurrence sera à n’en pas douter, rude entre les mères de l’humanité.
Sur une population mondiale estimée à 7,8 milliards d’âmes, les femmes représentent 5,6 milliards pour 2,2 milliards d’hommes qui se répartissent comme suit : 130 millions de mariés, 70 millions atteints de maladies mentales. Sur 1 milliard d’hommes disponibles, 50 % sont sans emploi, 3 % sont gay, 5 % sont des prêtres, 10 % sont les parents et 31 % ont plus de 66 ans.
Ces données émanant d’un rapport d’une grande organisation mondiale, montre à suffisance le rétrécissement de la marge de manœuvre pour celles des mères de l’humanité qui sont adeptes aux divorces et défenseurs du droit à l’avortement. Face à cette situation pour le moins enthousiasmante, les femmes doivent puiser désormais dans leurs dernières ressources de coquetterie, de charme et d’ingéniosité afin de mettre le grappin sur les moins mauvais des hommes réunissant le maximum des critères d’éligibilité à la vie en commun.
Si par le passé, la raréfaction d’hommes faisait allusion au manque de sincérité dans les relations, de franchise et de fidélité, ce rapport donne une nouvelle dimension au concept. Cette fois-ci, la raréfaction résulte du statut social et de l’état sanitaire des hommes. Par ces facteurs, la diminution des hommes disponibles, au-delà de la menace qu’elle fait planer sur l’institution du mariage, est a priori une bonne nouvelle pour ces nombreuses femmes qui n’ont connu que brimade, violence mépris et manque de considération de la part des hommes. Toutes choses qui fondent la légitimité du combat des femmes et renforcent la noblesse des causes défendues. Pour autant, pourrait-on s’exclamer « Le roi est « mort », vive le roi » ?
En effet, s’étant autoproclamé roi de l’univers et supérieur à toutes les créatures, l’homme, en plus d’avoir imposé sa domination sur toutes les autres espèces, s’est engagé dans un long processus visant à soumettre sa douce et inséparable compagne. Administrations et organisations sociales ont été tous mis à profit pour réserver la portion incongrue de notre humanité à la femme sur fond de qualificatifs réducteurs de sa valeur et de son rôle dans l’existence de l’univers. Viols, violences physiques et verbales et autres inégalités des chances, sont devenu le lot quotidien de la femme dans de nombreux pays.
Malgré l’amélioration au fils du temps de la condition féminine et les victoires engrangées par les organisations de défense des droits de la femme, le statut demeure à ce jour un lourd fardeau à porter à cause de la lenteur des progrès d’une part et du silence assourdissant de la société face à la recrudescence des violences d’autre part. Pour autant, faut-il se réjouir du sort peu enviable annoncé de l’espèce prédatrice ? Assurément non, quand on sait que le couple homme/femme est la seule entité qui donne un sens à l’univers et dont le sort est intimement lié.
L’homme éligible aux critères des liaisons extra familiales sera dans un futur proche une denrée rare si le rapport qui l’annonce devrait faire foi. Ainsi, cette perspective qui va sans doute relever le niveau de la compétition offre l’opportunité de réinventer le rapport Homme/Femme afin de faire du respect mutuel, l’égalité des chances, l’amour et la solidarité le fondement du nouveau contrat. Ce n’est pas à coup de lois, de marches de protestations, de dénonciations qu’on va régler les différends entre hommes et femmes encore moins la réduction du nombre du premier.
L’un et l’autre doivent s’investir pleinement dans l’éducation et la sensibilisation pour une trêve à durée indéterminée à défaut d’obtenir la fin définitive des hostilités que les hommes battus appellent de tous leurs vœux. En attendant ce jour inéluctable, l’urgence du moment, c’est faire des bénédictions pour que l’annonce du rapport s’inverse pour le bonheur de tous.