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Tribune pour le Secrétaire général : « Un relèvement durable et féministe »
Publié le samedi 5 mars 2022  |  aBamako.com
António
© Autre presse par DR
António Guterres
António Guterres, Secrétaire général de l`ONU
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Alors que le monde s’apprête à célébrer la Journée internationale des femmes, les femmes voient leurs droits régresser. Nous en payons tous le prix.

Les crises en cascade de ces dernières années ont montré à quel point le leadership des femmes est plus crucial que jamais.

Les femmes ont fait face à la pandémie de COVID-19 avec héroïsme, en tant que médecins, infirmières, agents de la santé publique et travailleurs sociaux.

Mais dans le même temps, les femmes et les filles ont été les premières à perdre leur emploi et leur accès à l’enseignement, à assumer davantage de tâches non rémunérées et à subir la montée en flèche des violences domestiques, des cyberatteintes et des mariages d’enfants.

La pandémie a mis en lumière une vérité ancestrale : les racines du patriarcat sont profondes. Notre monde et notre culture restent dominés par les hommes.

Par conséquent, dans les bons moments comme dans les mauvais, les femmes risquent davantage de basculer dans la pauvreté. Leurs besoins de santé sont sacrifiés et leur accès à l’éducation, tout comme leurs perspectives sont réduits.

Et dans les pays en conflit – que ce soit en Éthiopie, en Afghanistan ou en Ukraine – les femmes et les jeunes filles sont les personnes les plus vulnérables, mais aussi les voix les plus éloquentes pour la paix.

À l’heure où nous nous tournons vers l’avenir, le seul relèvement durable qui donnera les mêmes chances à chacune et chacun est un relèvement féministe, résolument centré sur l’avancement des femmes et des filles.

Nous devons réaliser des progrès économiques, à travers des investissements ciblés dans l’éducation, l’emploi, la formation et le travail décent des femmes, qui devraient être les premières à bénéficier des 400 millions d’emplois que nous sommes appelés à créer d’ici à 2030.

Nous avons besoin de progrès social, à travers des investissements dans les systèmes de protection sociale et l’économie des soins. Ces investissements ont d’énormes retombées : ils créent des emplois verts et durables tout en soutenant les membres de nos sociétés qui ont besoin d’aide, notamment les enfants, les personnes âgées et les malades.

Nous avons besoin de progrès financiers et de réformer un système financier mondial en faillite morale, afin que tous les pays puissent investir dans une reprise économique axée sur les femmes. Cela doit inclure un allègement de la dette et des systèmes fiscaux plus équitables qui permettront de rediriger une partie de l’énorme richesse accumulée autour du monde vers celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Nous avons besoin d’une action climatique urgente et transformatrice, pour inverser l’augmentation dangereuse des émissions et des inégalités de genre, qui plongent les femmes et les filles dans une situation de grande vulnérabilité. Les pays développés doivent de toute urgence tenir leurs engagements en matière de financement et d’assistance technique pour garantir une transition juste et l’abandon des combustibles fossiles. Les économies stables et prospères de l’avenir seront vertes, inclusives et durables.

Nous avons besoin de plus de femmes à la tête des gouvernements et des entreprises, y compris de femmes ministres des finances et chefs d’entreprises, pour élaborer et mettre en œuvre des politiques vertes et progressistes bénéfiques pour toutes et tous.

Nous savons, par exemple, que les parlements qui comptent le plus de femmes sont ceux qui prennent les engagements les plus forts en faveur du climat et qui investissent le plus dans les soins de santé et l’éducation.

Nous avons besoin de progrès politiques, à travers des mesures ciblées permettant aux femmes d’accéder aux hautes responsabilités et d’être représentées, sur un pied d’égalité avec les hommes, à tous les niveaux de la prise de décision politique, grâce à des quotas de genre audacieux.

L’inégalité de genre est par essence une question de pouvoir. Pour déraciner des siècles de patriarcat, il faudra partager ce pouvoir équitablement, dans toutes les institutions, à tous les niveaux.

À l’ONU, nous avons atteint – pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation – la parité dans les équipes dirigeantes du Siège et de nos bureaux du monde entier. Cela a considérablement amélioré notre capacité à mieux refléter et représenter les communautés que nous servons.

À tout moment, nous pouvons nous inspirer des femmes et des filles qui luttent pour le progrès dans tous les domaines et partout dans le monde.

Les jeunes femmes qui font campagne pour le climat sont à la tête des efforts mondiaux visant à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils respectent leurs engagements.

Les défenseuses des droits des femmes revendiquent courageusement l’égalité et la justice et construisent des sociétés plus pacifiques en tant que gardiennes de la paix, architectes de la paix et travailleuses humanitaires dans des zones de conflit et ailleurs.

La démocratie est plus forte dans les sociétés où les mouvements pour les droits des femmes sont dynamiques.

Lorsque le monde investit pour élargir les opportunités pour les femmes et les filles, c’est toute l’humanité qui y gagne.

L’heure est venue de faire avancer les droits des femmes. C’est une question de justice, d’égalité, de moralité et tout simplement de bon sens.

Nous avons besoin d’un relèvement durable et féministe, centré sur les femmes et les filles, et mené par elles.
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