En cherchant à expliquer ce qui est arrivé à notre pays et qui risque d’arriver à beaucoup de pays du continent, on arrive à « sérier les problèmes ». Nous avons isolé “quatre indépendances” sans lesquelles, il ne saurait être question, pour un pays d’être « pleinement souverain ».
La première, est « l’indépendance politique » : c’est « le pouvoir de décision reconnu à un peuple », le « droit des peuples à l’autodétermination ». L’indépendance politique permet de décider librement des choix politiques, économiques, sécuritaires et autres. Un pays qui n’a pas l’indépendance politique est tout simplement un « pays colonisé », « sous occupation », etc.
La deuxième est « l’indépendance militaire ou sécuritaire » : un pays « politiquement indépendant » doit pouvoir protéger ses filles, ses fils et leurs biens. Il doit pouvoir assurer la sécurité intérieure et la sécurité extérieure, c’est-à-dire des frontières. Lorsqu’il n’a pas cette capacité, il risque en permanence l’envahissement et donc de perdre « l’indépendance politique ». Les « accords de coopération militaire ou de défense » ont toujours existé, mais ils ne substituent pas à la capacité du pays, donc sa pleine responsabilité d’assurer, par lui-même, sa propre sécurité. Toute tentative de légèreté ou de sous-traitance, risque d’impacter significativement tôt ou tard, l’indépendance politique.
La troisième est « l’indépendance économique » : un pays politiquement indépendant ne peut « sécuriser ses frontières et assurer la libre circulation des populations à l’intérieur » qu’au prix d’une certaine « indépendance économique ».
Des femmes et des hommes en très bonne santé, bien formés, capables de concevoir le système économique adapté aux réalités socioculturelles du pays et d’animer les Entités formant le tissu économique et administratif. Sans cela, la mendicité ferait voler en éclat, la « prétendue souveraineté ».
Un pays économiquement « indépendant » exporte beaucoup plus et importe beaucoup moins. On pourrait dire qu’elle « s’auto suffit » ou affiche une certaine « indépendance » vis-à-vis du reste du monde, puisque l’essentiel des besoins des populations est satisfait par la production et la fabrication locales. Il ne supporte pas qu’on hausse le ton sur lui. Alors, on le respecte, on « traite d’égal à égal » avec lui.
Les importations s’entendent, celles des biens physiques liquides et gazeux, mais aussi celles des services comme les évacuations sanitaires, les formations universitaires et professionnelles à l’étranger ou des compétences dans des spécialités, chèrement rémunérées qui viennent rendre des services au pays.
La quatrième est « l’indépendance monétaire ». On estime que la monnaie est en elle seule, est une « souveraineté ». Et cela a plusieurs titres :
D’abord, tout bien ou service est exprimé en « unité monétaire », depuis le « panier de la ménagère », jusqu’à l’acquisition de gros engins les plus sophistiqués, en passant par la santé, l’enseignement, la formation.
Ensuite, elle est un « vecteur, une croix de transmission » permet de véhiculer les biens et services produits, fabriqués et rendus par le système économique, de mains en mains entre les agents économiques. De grands auteurs l’ont qualifié de « sang de l’économie ». Peut-on imaginer un « corps sans sang », donc une « économie sans vecteur monétaire ».
Enfin, la « politique monétaire » est devenue, depuis Milton Friedman (Prix Nobel d’économie 1976 pour ses travaux sur l’histoire et la théorie monétaire et pour sa démonstration de la complexité des politiques de stabilisation monétaire), un moteur-clé de la politique de développement économique et social d’un pays ; aux moyens de techniques de :
baisses des taux d’intérêts dans certains secteurs comme par exemple le secteur primaire : agriculture, élevage, pêche, pour encourager l’investissement,
hausses des taux dans certaines branches pour décourager l’investissement,
bonifications des taux d’intérêts, pour soutenir par exemple l’entrepreneuriat féminin et / ou jeune.
Ces « quatre indépendances » sont les « piliers » de la souveraineté nationale. Elles sont interdépendantes. Quand l’indépendance économique est relativement réalisée, le pays assure l’essentiel de sa « souveraineté nationale ».
Une économique « puissante » est dans « l’obligation de s’équiper en armements » pour se protéger et assurer sa sécurité intérieure et extérieure.
Elle est dans l’obligation de signer des « accords militaires » et de créer des « Bases militaires » dans des pays, pour protéger ses entreprises et ses ressortissants.
Aussi, puisque dans les Organisations internationales, les cotisations sont généralement assises sur le Produit Intérieur Brut (PIB), les pays à économie développée sont les gros contributeurs aux budgets. Ce qui leur permet de « hausser le ton ».
Lorsqu’un de ces piliers ne fonctionne pas correctement, le pays ressemble à un « cheval qui a mal à une patte ». Ce cheval peut-il courir ?
Les pères fondateurs de notre pays, comprenant moins d’une vingtaine de détenteurs d’un diplôme de Maîtrise, dirigés par un Président lui-même Instituteur sorti de l’Ecole William PONTY, étaient parvenus à mettre en place ces quatre « indépendances » et donc à poser les jalons de notre souveraineté.
Indépendance politique le 22 septembre 1960
Indépendance militaire et sécuritaire le 20 janvier 1961
Indépendance monétaire le 1er juillet 1962.
Indépendance économique, avec une économie « réelle » reposant sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, un tissu industriel naissant formé d’agroalimentaire, de textile, d’huilerie, de tannerie, etc., le Mali importait moins. Cette économie naissante était adossée à une monnaie, le Franc Malien (F M) souverainement gérée par la Banque de la République du Mali.
On peut affirmer raisonnablement que notre pays avait une relative souveraineté durant les 25 premières années de son indépendance. Et puis, progressivement l’effondrement arrive :
D’abord, on abandonne la « souveraineté monétaire » en 1984, en signant le retour dans la « Zone Franc ».
Ensuite les « Programmes d’Ajustements Structurels » sont imposés à partir des années 1985. Les entreprises publiques sont privatisées ou liquidées, les « partants volontaires » ont vidé l’école de tous ses brillants enseignants, l’enseignement privé voit le jour, la corruption s’installe, l’économie s’effondre, le pays vit quasiment d’importations.
Dans les années 90, le « vent de la démocratie » souffle, le système politique est désorganisé, la « grande armée Malienne tant enviée » ne devient que l’ombre d’elle-même, le multipartisme « intégral » voit le jour. Par la manipulation ethnique et des perdants politiques, on choisit un Président à la place du peuple (cf. interview du Président feu Amadou Toumani Touré).
De nos jours, le pays semble avoir perdu sa « souveraineté nationale ». Des choix lui sont imposés. Quand on refuse, on est « traité d’indigne » et quand on fait des choix qui ne conviennent pas, on est traité « d’irresponsable ».
Il est important que chacun comprenne que la situation n’est pas tenable. Comptant environ 20 millions de personnes, comprenant des diplômes de toute sorte dans tous les domaines du savoir, nous devons « retrouver la souveraineté léguée par nos grands parents ». Pour cela, nous devons travailler sans relâche sur les quatre piliers.
D’abord la « reconstruction des forces de défense et de sécurité ». La loi de Programmation militaire doit être correctement mise en œuvre pour que nos forces de défense et sécurité retrouvent la plénitude de leur capacité de dissuasion.
Ensuite l’économie au cœur des préoccupations. Le « Mali- Coura » doit être conceptualisé pour mettre l’économie et le bien-être des populations au centre des préoccupations politiques. L’Etat doit prendre en mains l’industrialisation du pays.
L’obligation d’émettre une monnaie nationale. La relance de l’économie ne donnera pas les résultats escomptés en comptant sur une « monnaie d’autrui », dont on ne maitrise aucun paramètre. Il lui faut notre propre monnaie.
En effet, on connaissait la fonction principale de la monnaie, celle de « moyen de circulation » des biens et des services. On connaissait la Banque Centrale, soutien des autorités politiques et de l’économie en périodes de contractions d’activités et autres difficultés. On vient de démontrer aux pays de la « Zone Franc » que, le « propriétaire d’une monnaie » a la possibilité d’asphyxier financièrement « ses utilisateurs ».
Le renforcement de l’indépendance politique. La résultante des réussites enregistrées dans les trois piliers ne peut que renforcer l’indépendance politique. Le pays sera écouté sur la scène internationale.
En conclusion, le « politiquement courageux » n’est pas suffisant, au risque de se faire rattraper rapidement par les insuffisances de résultats économiques. Le peuple est ce grand inconnu qui a le secret de faire monter rapidement un dirigeant au sommet du 17ème étage de l’Hôtel de l’Amitié, mais aussi de le ramener rapidement dans les eaux profondes du fleuve Niger.
La sécurité se trouve à la base de tout le processus de développement économique et social, mais équiper à souhait en armements de sécurité exige beaucoup de moyens financiers, donc une économie forte.
La puissance économique ne pourrait jamais être réalisée qu’avec et seulement avec sa « propre monnaie », jamais dans une « monnaie d’autrui ».
Nous ne devons travailler sans relâche sur ces quatre piliers de la « souveraineté nationale ». C’est l’ultime objectif que chaque pays s’efforce d’atteindre. D’ailleurs avons-nous le choix ? /
Siné DIARRA
Expert-Comptable
Enseignant de Comptabilité de finances et d’Audit
Tel : 66 89 69 69 / 76 89 69 69.
Site : www.finauditsarl.com
Références bibliographiques
« L’ABC DES NATIONS UNIES », Département de l’Information, Nations Unies, New York 1988
Gérard CORNU, « Vocabulaire Juridique » 1987, PUF, 7ème édition,
Cours de macroéconomie : « Histoire de la pensée économique, l’école monétariste, Milton Friedman » 1992, 2ème Année Expertise Comptable, Institut des Hautes Etudes Commerciales Tunis Carthage.