Depuis quelques jours, on assiste à des déclarations incendiaires de la part de certains mouvements armés du Nord, précisément de la CMA, du HCUA et du même moribond MNLA. Ces mouvements, prétextant de la lenteur de l’exécution de l’Accord de paix, multiplient les chantages et des pressions à l’adresse de l’Etat. Mais nul n’est dupe, cette agitation cache mal les intentions belliqueuses de certains Responsables de ces mouvements qui, en réalité, ont pour seul objectif de déstabiliser le Mali. Aussi, leur complicité avec la France n’est un secret pour personne. L’évidence est là.
En effet, dans un communiqué, publié jeudi 3 mars dernier, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) dénonce la “mauvaise foi” des Autorités et la posture publique “belliqueuse” de certains membres du Gouvernement. Les Auteurs de ce texte soulignent que l’Accord de paix dit d’Alger signé en 2015 est le “seul lien entre le Gouvernement et les Mouvements de l’Azawad”. Ils disent que la CMA reste “attentive” à l’aspiration à “faire valoir (le) Droit à l’autodétermination. Le refrain de 2012 est de retour !
Ensuite, au cours de ces derniers jours, les différentes composantes de la CMA ont publié des communiqués belliqueux frisant une espèce de menaces à l’adresse des Autorités de la transition.
Ainsi, dans une déclaration datée du lundi 28 février 2022, le HCUA tient des propos menaçants envers les Autorités de la Transition. A savoir : « -Invite les différentes structures du Mouvement à mobiliser les militants à tous les niveaux autour du plan d’action adopté lors de cette réunion extraordinaire; -Invite le Président de la Transition du Mali à clarifier la position de son Gouvernement par rapport à l’application de l’Accord d’Alger suite aux propos tenus par son Premier Ministre et son Ministre chargé des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale ; – Exhorte le Président de la transition à veiller à plus de retenu dans les sorties médiatiques de son Gouvernement pour ne pas rendre vains les efforts déjà consentis pour la paix ; -Rappelle au Gouvernement malien, à l’opinion nationale et internationale que le seul instrument qui lie le mouvement à l’Etat malien reste l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ; -…».
Même posture hostile de la part du MNLA qui, à l’issue d’une rencontre, déroulée les 26 et le 27 février dernier, dans la Région de Tombouctou, la CMA affirme qu’elle constate : « la persistance d’une posture médiatique de plus en plus belliqueuse de la part d’une des Autorités les plus importantes de la transition ». « La rencontre appelle le MNLA et la CMA à exiger la clarification sur la volonté de la partie gouvernementale à mettre à œuvre l’Accord de paix, … », lit-on aussi dans le communiqué.
Toujours, dans la surenchère et la provocation, s’est tenue, le 24 février 2022, à Kidal, d’une cérémonie de remise des Diplômes de la première Promotion de l’Armée nationale de l’Azawad. Cette cérémonie s’est déroulée en présence des trois Secrétaires de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, (CMA), en l’occurrence Bilal Ag Sharif (pour le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad-MNLA), Al-Abbas Ag Intallah (pour le Conseil Suprême de l’Unité de l’Azawad-HCUA) et Ibrahim Ould Handa (pour le Mouvement arabe de l’Azawad-MAA).
Aux ordres du parrain français !
Ces différents actes de provocations interviennent au moment où la Force Barkhane et la Task Force Takuba ont été obligé de quitter notre pays. Ce retrait forcé suscite certainement la panique au sein de ces mouvements armés du Nord qui voient ainsi «leur parrain voire protecteur » partir.
En effet, ces mouvements ont toujours bénéficié du soutien de Paris. En 2013, l’opération « Serval » a soutenu le mouvement touareg séparatiste du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) à Kidal. Cette mauvaise prise en compte du contexte politique local a hérissé l’opinion publique au nom de la violation de la souveraineté nationale
Ainsi, le tropisme pro MNLA de la France a été étalé au grand jour dès le début de l’intervention française dan notre pays en 2013. On se souvient que le MNLA qui avait été chassé de la ville de Kidal par les « djihadistes », avant l’intervention française, a réoccupé la ville grâce l’aide de la France qui a interdit aux forces armées maliennes l’entrée de la ville lors de sa reconquête. Les Français justifient ce soutien par la lutte contre le terrorisme.
En fait, c’est lorsque les troupes françaises reprennent Kidal, les deux mouvements, MNLA et MIA, ont proclamé séparément leur volonté de lutter contre le « terrorisme ».
Ainsi, dans la foulée, le MNLA annonce la capture de deux grands « terroristes » en fuite, Mohamed Ag Mohamed et Oumaini Ould Baba. Mais, c’est la DGSE française qui tire les ficelles en coulisses. Son tropisme pro-Touareg est de notoriété publique. C’est dans cette ambiance que débarquent à Kidal les éléments précurseurs de l’Armée française pour la future bataille de Tigharghar : les commandos de l’armée de l’air, une unité des forces spéciales, les commandos de l’infanterie marine du premier RPIM (Régiment des Parachutistes de l’Infanterie Marine). Ils prennent contact avec le chef d’état-major du MNLA, le colonel Najim. Les Français ne voulaient pas traiter publiquement avec le MIA qui était trop sulfureux. D’ailleurs, ce mouvement mort-né se sabordera pour devenir HCUA (Haut – Conseil pour l’Unité de l’Azawad), signataire plus tard au sein de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) de l’accord de paix et de réconciliation avec Bamako en 2015.
En outre la France de Sarkozy est soupçonnée d’être à la base du déclenchement de la rébellion touarègue, le 17 janvier 2012, dans notre pays.
Pour affaiblir Kadhafi, le Président français de l’époque, Nicholas Sarkozy, passes-en un pacte avec Mohamed Ag Najim (Chef d’Etat-major du MNLA). Ce dernier était soldat dans l’armée libyenne. Le marché était que s’il quittait la Lybie, la France l’aiderait au mieux dans ses revendications au Mali. En plus, Paris a fait en sorte que Niamey ferme les yeux sur le passage du convoi d’Ag Najim en direction du Nord du Mali.
Autre grief à l’encontre de la France, la rébellion du Mouvement National de l’Azawad (MNLA), lors de son déclenchement en janvier 2012, a été aussitôt condamnée par la CEDEAO, l’Union Africaine (UA) et les États-Unis. Mais pas explicitement par la France ni par l’Union Européenne (UE).
Et, alors que de violents combats avaient lieu au Nord-Mali, le Ministre français des Affaires Etrangères, Alain Juppé, déclarait, le 7 février 2012, devant le Sénat français : « La rébellion touarègue a remporté récemment d’importants succès militaires au Nord du fleuve Niger. (…). Un cessez-le-feu immédiat est pour nous impératif ». Au lendemain de cette déclaration outrageante, un autre Ministre français tenait des propos justifiant la rébellion, le Ministre français de la Coopération de l’époque, Henri De Rain court, le 21 février 2012, toujours devant le Sénat déclarait : « Le non-respect des accords d’Alger de 2006, venant après l’échec de ceux de 1992, a incontestablement alourdi le climat entre les Touaregs et les gouvernements maliens ».
Toutes ces déclarations et actes lèvent le voile sur le rôle, les intentions et la position réelle de la France par rapport à la crise du Nord.
Aussi, les agissements des mouvements armés du Nord ne devaient guerre surprendre tant ils ont été et sont toujours au service du parrain français. Alors faut-il s’attendre à une nouvelle déstabilisation du septentrion malien ?