La France continuera à apporter un soutien militaire aérien aux troupes maliennes qui luttent contre l'insurrection islamiste au Sahel mais uniquement là où les combattants russes de Wagner sont absents, a annoncé vendredi le général Laurent Michon, près d'un mois après l'annonce du retrait des forces de l'opération Barkhane.
Le militaire, qui commande l'opération Barkhane, a déclaré lors d'une conférence de presse au Burkina Faso que la France continuerait à offrir un appui aérien dans les zones exemptes de "mercenaires russes".
"Nous allons continuer à aider par voie aérienne en formant des gens sur le terrain", a-t-il déclaré, ajoutant qu'un soutien similaire serait offert aux soldats du Burkina Faso et du Niger, deux pays frontaliers du Mali.
Dans une interview à RFI, le général Laurent Michon a souligné que c'était à la population sur place de redouter une expansion des forces du groupe Wagner.
"Ce n’est pas tellement, ni moi, ni les Français qui redoutons Wagner. Nous ne voulons rien avoir affaire avec eux (..) Nous savons ce dont ils sont capables, de la façon dont ils combattent comme des mercenaires, je ne vous donne pas de détails sur les exactions etc. Je pense que c’est surtout les populations qui peuvent redouter l’extension de Wagner", a-t-il dit.
Dans une déclaration commune faite le 17 février, la France et ses partenaires impliqués dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel ont décidé de retirer leurs forces militaires du Mali, jugeant désormais impossible de coopérer avec la junte malienne.
Des tensions avec le gouvernement de transition malien sont apparues après la décision de la junte de repousser jusqu'en 2025 les élections qui devaient se tenir fin février et le rapprochement opéré avec la société militaire privée russe Wagner.
L'Union européenne a imposé des sanctions contre Wagner, l'accusant d'opérations clandestines pour le compte du Kremlin.
Le président russe, Vladimir Poutine, réfute tout lien entre cette société et l'Etat russe mais juge que des groupes paramilitaires privés peuvent agir à travers le monde dès lors qu'ils respectent le droit russe.
La France a estimé en janvier qu'entre 300 et 400 mercenaires russes opéraient au Mali, rejetant ainsi les affirmations de la junte militaire au pouvoir selon lesquelles seuls des instructeurs militaires russes se trouvent sur place. (Reportage Thiam Ndiaga; avec Tiemoko Diallo à Bamako; rédigé par Sofia Christensen, version française Laetitia Volga, édité par)