La CEDEAO, organisation sous-régionale qui a normalement la vocation à contribuer et soutenir la prospérité des pays membres, a récemment pris une mesure draconienne contre l’un des membres fondateurs. Le Mali a, en effet, été soumis à un embargo de la part d’une organisation dont il a posé les premières pierres.
À ce jour, sous le poids des sanctions imposées, l’État malien est acclamé, ci et là, pour la résilience dont il fait preuve au quotidien. On a constaté une augmentation des prix des denrées de première nécessité et un ralentissement de l’économie nationale. Les secteurs d’exportation, le coton notamment, auraient pu être en péril si la Mauritanie n’avait pas ouvert ses frontières. Mais avec les tensions actuelles entre les deux pays, à cause des accusations d’exactions qu’auraient commis les militaires maliens contre les civils mauritaniens, risquent d’affecter ce partenariat. Fort heureusement, les deux pays ont privilégié la voie de la raison, le Mali ayant promis des enquêtes.
S’agissant des sanctions imposées à notre pays, les voisins ont pu constater qu’elles affectaient durement le commerce intra-communautaire au point que les décideurs de l’organisation sous-régionale questionnent l’utilité de cette mesure qui n’a pas eu les effets escomptés. En effet, l’embargo visait à contraindre le peuple malien à dénoncer les autorités de la Transition afin qu’elles forcent le retour à l’ordre constitutionnel. Mais au lieu d’emboîter le pas à la CEDEAO et s’opposer au pouvoir en place, les maliens ont joué à l’unisson et font preuve d’une grande résilience pour la sauvegarde de la souveraineté du pays. Finalement, on se retrouve dans la situation de l’arroseur arrosé. La CEDEAO, qui était dans son rôle en exigeant l’organisation des élections transparentes, risque de perdre la face et toute crédibilité si la situation perdure. Les pays membres, acculés par le recul du commerce au sein de l’espace communautaire, pourraient bien se désolidariser pour préserver leur économie.
Le Mali est un pays enclavé et moins industrialisé que la plupart de ses voisins. Par conséquent, son écomusée est en grande partie basée sur l’import substitution. Cela est bénéfique pour tous les pays côtiers voisins qui profitent d’une sortie massive de nos devises. Le Mali étant également un grand éleveur, il approvisionne un certain nombre de pays limitrophe. Ces derniers s’auto-asphyxient en se privant des bienfaits des échanges avec notre pays. Il est vrai que les maliens souffrent et que le pays est au bord d’un gouffre financier. Mais le malien est habitué au système « D », comme débrouillard. Il pourrait bien s’habituer à la situation et cela remettrait en cause toute possibilité de pression sur les autorités de la Transition et donc retarder le retour à l’ordre constitutionnel.
En conclusion, cette situation de l’arroseur arrosé pourrait bien s’enliser. La CEDEAO, ayant tressé la corde qui servira à se pendre, serait contrainte d’accélérer le processus de négociation. Mais, compte tenu du fait que les autorités maliennes n’en démordent pas, on en veut pour illustration l’évolution de la relation avec la France vers un conflit assumé, les choses pourraient bien se compliquer d’avantage.
Enfin, la guerre en Ukraine vient accentuer les difficultés, les prévisions pour l’avenir étant très alarmantes. Si la famine annoncée se révèle réelle alors, le régime militaire malien pourrait être le dernier souci de la sous-région. Nous ne pouvons qu’encourager les parties à poursuivre les négociations entamées et à trouver très rapidement une issue salutaire.