Boubacar Diallo dit Sepp Maër est membre de la commission médicale de la Fémafoot depuis 2000. Il est kinésithérapeute des équipes nationales du Mali. C’est un ancien joueur du Club olympique de Bamako (COB). Son sobriquet est évocateur, car il indique qu’il avait des qualités qui rappelaient celles du portier allemand, considéré comme l’un des meilleurs gardiens du monde dans les années 1970. Sociétaire du FC Lens du Badialan III, à l’unanimité toute l’équipe décide de rejoindre un centre de formation pour éviter que les talents ne se dissipent. Maër intègre la catégorie cadette du COB en 1979. La même année, il rejoint l’équipe A comme remplaçant de Cheick Fall, et bénéficie même de bouts de matches pour se familiariser avec la haute compétition. Au terme de trois saisons, il met fin à sa carrière au COB à cause d’une blessure. Victime d’arrachement du ligament latéral interne, Maër soutient avoir été soigné par ses parents. Il prend sa retraite footballistique à l’AS Firhoun de la Commune III en tant que joueur et médecin du club. Pour le deuxième volet de son parcours, nous nous intéressons à sa passion en tant que dirigeant de club et kinésithérapeute des équipes nationales du Mali, membre des commissions médicales de la Fémafoot et de la Ligue du District de Bamako. Qui est ce passionné du football ? Comment et pourquoi il a opté pour la médecine ? Comment il a intégré la Fédération ? Quelles sont les raisons de sa mise à l’écart du COB ? L’enfant du Badialan III est notre héros de la semaine pour votre chronique préférée.
Dans le quartier, Boubacar Diallo dit Sepp Maër est réputé très gentil, avec un sens élevé du social. Il se substitue aux autres pour réussir tout événement social. Disponible, courtois et aimable, il a le don de l’humanité. Au Badialan III où il réside, Maër jouit de la grande estime de tous. Peu bavard, il ne manque jamais d’arguments pour bien conseiller ses cadets, qui se précipitent à ses côtés dès qu’il revient du service. Mieux c’est un cadre valable, compétent qui maîtrise son sujet.
Il est l’un des meilleurs kinésithérapeutes qui a permis à un moment donné à l’Etat de se passer des charges énormes à travers le recrutement de techniciens étrangers lors des sorties des équipes nationales. Sa complicité avec son environnement lui permet de prendre facilement en charge le mal des joueurs. Maër est un passionné de son métier, de la victoire. Raison pour laquelle il vit la pression du début à la fin du match. Et n’hésite pas à tout faire pour apporter un plus significatif au collectif.
C’est au retour d’une réunion à la Fédération qu’il nous a reçus à son bureau. La réunion portait sur les derniers réglages de la rencontre Mali-Tunisie. Aux dernières nouvelles, certains détails manquent par rapport aux exigences de la Fifa. En tant qu’acteur que pense-t-il des chances de l’équipe malienne.
Maër demande l’union sacrée et rappelle une anecdote. “C’est la première fois que le Mali a une telle opportunité pour accéder directement à la phase finale de la Coupe du monde. Devrons-nous laisser passer cette aubaine ? Chacun est interpellé quelle que soit sa position. Seule l’union sacrée pour un seul but, nous permettra de décrocher une qualification historique. Parce qu’à chaque fois que les acteurs du football malien soufflent dans la même trompette, cela débouche sur une réussite. Je profite pour parler d’une anecdote. En 1981, une équipe gabonaise a formulé une réserve contre l’AS Réal parce qu’elle a fait évoluer Aly Touré dit Bally Djan, sociétaire du COB où je jouais à l’époque. Les dirigeants des différents clubs ont uni leurs forces pour sauver l’honneur du pays. Tout a été mis en œuvre pour effacer les traces du joueur sur les feuilles de match du COB, et le faire figurer sur celles du Réal. Comme s’il est un élément légal des Scorpions. Les Olympiens ont laissé Bally sur le banc de touche du Réal durant pratiquement le reste de la saison. C’est-à-dire il ne jouait pas, mais il fallait épargner au club malien une élimination sur tapis vert. Et c’est cela qui s’est passé. Aujourd’hui, 41 ans après, il est plus qu’indispensable que tous les Maliens soient dans la même dynamique pour un exploit national.
Pour conclure, rien ne pourrait empêcher la qualification des Aigles du Mali à la prochaine Coupe du monde. In shaa Allah !”
Le train du raccourci
De père et de mère enseignants qu’est-ce qui l’a guidé vers la médecine ? L’explication est toute simple. En 1979 Boubacar Diallo dit Maër échoue au bac, l’année suivante il ne peut se racheter parce que les écoles sont fermées pour un mouvement de grève de l’UNEEM. Le vieux Diallo lui propose d’emprunter le train du raccourci.
Cela consistait à l’époque à opter pour un cycle directement productif, l’Ecole secondaire de la santé (ESS). En 1981, il est admis au concours d’entrée audit établissement. Sorti trois ans plus tard comme infirmier d’Etat, après avoir intégré la fonction publique, il suit une formation militaire au Service national des jeunes.
Affecté à l’Institut Marchoux, il prend service en novembre 1986, à un moment où l’Etat malien commençait à former des cadres pour assurer l’indépendance de l’hôpital. Parce que de sa création en 1935 il n’était dirigé que par des médecins militaires français. Ainsi il devient major du service de la chirurgie de 1986 à 1991, celui du Bloc opératoire pendant sept ans (1991-1998). Pour mieux servir le football, il entre sur concours à l’Ecole des kinésithérapeutes en 1999 pour une formation de deux ans.
Revenu à l’Institut Marchoux, Maër est affecté en 2002 au service kinésithérapie dirigé par Idrissou Touré. Celui-ci l’avait d’ailleurs admis à la commission médicale de la Fémafoot que lui-même présidait. Il devint du coup kinésithérapeute de toutes les équipes nationales du Mali, notamment les catégories de jeunes : U 20 et 23.
Il a participé à plusieurs compétitions et se rappelle seulement des Jeux olympiques d’Athènes (2004), deux coupes Amilcar Cabral (2005 en Guinée Conakry, 2007 en Guinée-Bissau), la Can 2013 en Afrique du Sud, les éliminatoires des Can des U20 et 23, trois coupes Ufoa.
Entre-temps il intègre la commission médicale de la Ligue du district qu’il dirige de 2002 à 2004 (en remplacement de Sékou Kéita démissionnaire), puis de 2004 à 2010. Son retour au COB relève du pur hasard. Après 15 ans au service du club, Maër est renvoyé comme un mal propre.
Il refait la genèse de son retour : “En 1998, le président Moussa Konaté, venu pour une consultation m’a croisé au service. Il m’informe du projet Renouveau Horizon 2000, qui consistait à faire intégrer le COB en première division dans un délai de trois ans. Le même jour je suis parti au terrain d’entraînement, où on m’a confié le volet médical.
Au cours de la saison 1997-1998, le club a été victime d’une perte de licences. C’était la désolation, la panique. Comment gérer cette situation par rapport aux ambitions ? Je me porte volontaire pour la gestion administrative du COB. Puisque c’est le président qui se chargeait des équipements, je lui ai dit de me les passer. Car à mon avis il a d’autres tâches plus importantes.
En 2000, le projet Renouveau Horizon a abouti avec l’accession du COB en première division. Le centre de formation est créé, avec de gros transferts. Le président me confia la trésorerie de l’équipe et la préparation matérielle des matches. J’ai assumé et cumulé toutes ces fonctions durant 15 ans. Seulement en 2015 à la veille d’un match de championnat du COB. J’ai appelé Djamou Sissoko pour me rassurer des dispositions à prendre. Il me dit avoir reçu l’ordre de ne pas mettre mon nom sur la feuille de match. Après analyse, j’ai déduit que Djamou ne saurait mentir, et qu’une telle décision n’était pas fortuite. Je n’ai demandé personne, et je n’ai fait aucune investigation. Depuis ce jour je ne suis plus parti au terrain d’entraînement du cob. J’ai tout restitué à qui de droit”.
A la question de savoir s’il n’a pas été accusé de collision avec le camp de Boubacar Baba Diarra, qu’une crise opposait aux clubs et ligues majoritaires avec tête de file le président du COB, Moussa Konaté. Maër soutient qu’il n’a jamais pris position durant la grave crise qui a secoué notre football. Il a étudié pour servir le football et non un système. Il préfère ne pas trop commenter sa mise à l’écart au COB, parce que jusque-là il n’a reçu aucune information officielle qui puisse la justifier ou motiver.
Cela fait-il partie de ses mauvais souvenirs ? Non ! répond-il pour la simple raison qu’il est et demeure dans la logique de servir le football. Pour cela il ne saurait entraver cette ambition par des situations qui ne l’amènent nulle part. Cependant comme bons souvenirs il retient les J.O d’Athènes en 2004, la première Coupe du Mali du COB en 2000. Dans la vie Maër aime la loyauté, la discrétion, le respect des ainés. Il déteste l’hypocrisie et le mensonge.
Marié et père de sept enfants dont trois filles, Boubacar Diallo est depuis 2015 le chef du service kinésithérapie de l’Institut Marchoux.