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Dépigmentation de la peau : Quand le manque de confiance pousse à l’irréparable
Publié le mercredi 23 mars 2022  |  Mali Horizon
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Les pratiques de la dépigmentation de la peau ont pris de plus en plus d’ampleur dans le monde. Animées par un fort désir de s’arrimer aux canons de la beauté qui promeuvent en valeur esthétique la couleur claire de la peau, les femmes s’adonnent à la pratique de l’éclaircissement de la peau. Cette pratique est un autre critère de beauté, malgré les méfaits qu’elle cause sur la santé tels que : les brulures de la peau, l’acné, les vergetures, etc…

La dépigmentation de la peau est une opération qui consiste à rendre celle-ci très claire. Cette pratique se fait par l’usage de certains produits cosmétiques conçus pour ce but. Les plus nantis se font des injections avec des effets instantanés, tandis que les moins riches utilisent tout ce qui leurs passe par la main, tout ce que leur propose « luxe beauté du coin », au mépris des risques encourus sur le plan sanitaire les cancers de peau etc. Le cout moyen des achats est de 3.515F dans les boutiques de luxe beauté et 19.880F dans les officines de pharmacie. Les utilisateurs ont une bonne connaissance sur les conséquences liées à la dépigmentation, les complications sont d’ordre 97% et les plus fréquemment citées étaient des vergetures, les acnés et les taches noirs appelé « Sénégal » ici au Mali

Fatoumata Diabaté vendeuse au marché « selon moi, se dépigmenter c’est avoir honte de la couleur de la peau que Dieu t’a donné. Quand je vois des femmes avec leurs jolis teints noirs imitant d’autre avec 2 couleurs, c’est grave. Se dépigmenter demande beaucoup de moyen, d’effort et d’entretien. En plus c’est condamné par l’islam » affirme-t-elle.

Contrairement à Fatoumata, Sali Fané esthéticienne soutient que la pratique de la dépigmentation fait des merveilles. « J’utilise des produit cosmétiques pour avoir un teint magnifique. Ça me permet d’être vu dans les grandes cérémonies et aussi de me rendre coquette aux yeux de mon mari et de l’empêcher d’aller voir ailleurs » soutiens-t-elle.

Aussi n’est-il pas étonnant de voir une femme avec des pieds ou mains noires alors que le visage est clair.

Lointaine, révolue, l’époque ou la fierté de la femme noire se vantait à travers des affiches et autres slogan tel que « black is beautiful ». Aujourd’hui, la couleur « djacsan » ou « teint métissé » a envahit les rues de nos villes et même de nos villages. Si toutes les femmes sont dans la danse, certains hommes aussi s’y sont invités. La question est la suivante : Que s’est-il passé pour que telle une épidémie, ce phénomène envahisse notre société ?

Un reportage fait sur cette question a permis de relever les raisons pour lesquelles une bonne frange de la population se livre à cette pratique. Les femmes insistent sur le fait que les hommes maliens aiment plus les femmes claires que les femmes foncées et que c’est cela qui pousse beaucoup d’entre elles à se mettre des produits cosmétiques pour se rendre la peau claire. D’autres soulèvent que même à des mariages les teints clairs sont toujours au 1er rang, elles sont plus vues que les teints foncés. Tout ceci pousse beaucoup de femmes à se rendre la peau claire pour avoir des privilèges. Plusieurs esthéticiennes approchées ont fustigé un certain laisser aller des autorités en charge de la surveillance des importations, l’extraversion des populations et ignorance des bonnes pratiques en la matière.

Si de prime abord les femmes pointent du doigt leurs maris qui d’après elles s’intéresseraient à la peau claire qui serait la source de leurs malheurs dans leurs ménages, la seule volonté des femmes de retenir leurs époux au foyer ne saurait justifier l’ampleur du phénomène de dépigmentation. D’après une en creusant plus loin dans la recherche de la vérité, le mythe du « blanc » et le complexe négatif du « noir » ne seraient pas étranger à l’enracinement du phénomène du décapage dans notre beau continent.

Selon Dr Mahamadou Traoré, médecin généraliste à l’hôpital de point-G la dépigmentation est devenue un réel problème de santé publique, car « elle entraîne de graves complications à la fois dermatologiques et systémiques ». Et de parler de problèmes cutanés tels que la diminution du système immunitaire, la fragilisation de la peau, l’apparition de larges vergetures et un amincissement cutané, laissant apparaitre le réseau vasculaire, et à l’origine d’une mauvaise cicatrisation.

Il a mis aussi l’accent sur d’autres effets indésirables cutanés : acné pustuleux, eczéma de contact, hyperpilosité, plaque de boutons autour de la bouche, paupières très claires, rouges et fragilisées. Sans oublier les risques de cancer cutanés, de problèmes oculaires tels des cataractes, le dérèglement hormonal, le syndrome de Cushing (obésité chronique du haut du corps et un faciès gonflé), les menstruations irrégulières, l’hypertension artérielle, le diabète, la fragilisation osseuse, les neuropathies périphériques ou centrales

« Chez les femmes en état de grossesse et celles allaitantes, le retentissement possible sur la gestation en cas d’application prolongée de produits se traduisant par une perte de poids des nouveau-nés à la naissance. Ce qui pourrait provoquer des changements au niveau de l’ADN à l’origine de développement de cancers », a expliqué le médecin. Mama KEITA (stagiaire)



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