La Communauté internationale doit accepter les conditions proposées par les autorités de la Transition et travailler avec elles pour un bon dénouement.
En quoi la Cédéao serait-elle offusquée par la durée de la Transition ? Par rapport à quoi, la durée est-elle appréciée ? La Cédéao se soucierait-elle du bonheur des Maliens à ce point ? Avec un bilan très peu élogieux en près d’un demi-siècle d’existence. Quel ricanement gigantesque ?
Malheureusement, tout le tapage de la communauté internationale autour du Mali s’explique par le manque d’unité nationale. Ces voix discordantes de ses filles et fils qui plaisent et font ricaner les ennemis du pays.
I – L’impasse actuelle pouvait être évitée
Notre pays pouvait évidemment bien se passer de cette impasse. Depuis l’avènement de la démocratie dans les années 1990, l’armée malienne, républicaine était restée en marge de la vie politique, se consacrant à son métier et aux reformes conduisant à sa professionnalisation.
Mais, voilà, quand on est très focalisé sur les objectifs politiques, on manque souvent de réalisme pour s’accrocher aux règles et idéaux démocratiques. La politique politicienne a sérieusement affaibli les institutions de la République, les piliers de tout Etat solide. L’édifice « Mali » se fissurait progressivement.
D’abord, dans une première publication parue aux « Echos Hebdo » n°1508 du vendredi 10 août 2018, intitulée « Renouvellement de la classe politique malienne, une équation difficile à résoudre », nous avons proposé aux deux candidats au 2ème tour, d’accepter d’organiser un « Régime de Transition civile » pour doter le pays d’Institutions solides. Les élections présidentielles ont eu lieu dans les conditions, avec les événements que tout le monde connait.
Ensuite, dans une deuxième publication parue aux « Echos Hebdo » n°1520 du vendredi 11 novembre 2018, nous avons proposé que le pouvoir organise une Conférence d’Entente nationale (CEN), à l’issue de laquelle, serait mis en place un « Régime de Transition civile » pour doter le pays d’Institutions fortes. Un Dialogue national inclusif (Dni) est organisé. Les rapports sont archivés dans des cartons et rangés dans des placards.
Enfin, dans une troisième publication parue dans les « Echos Hebdo » et dans « Mali Tribune » n°07 du 29 mars 2019, sous le titre « Osons agir pour que le Mali gagne », nous avons invité le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, à « oser mettre en place un « Régime de Transition civile » pour sortir par la grande porte, à l’instar des Présidents Mathieu Kerekou du Bénin, Julius Nyerere de Tanzanie et bien d’autres. Selon des informations, quand il acceptait, c’était déjà tard, le M5-RFP était déjà à la porte.
En demandant la démission du Président, on n’a pas, semble-t-il pensé au vide constitutionnel que cela pourrait entrainer, l’important était d’obtenir le départ du Président. Ou peut-être, on imaginait une autre façon d’arriver à une Transition.
Maintenant, nous vivons une « Transition militaire ». Cela est un fait. Après les condamnations, protestations, moqueries et autres diatribes, il faut du réalisme pour trouver la solution. L’unique solution consiste à organiser le bon déroulement de la transition.
Dans les « Echos Quotidiens » n°5581 et « Mali Tribune » n°223 du mardi 3 août 2021, nous avons proposé la mise en place d’un « Conseil républicain », à l’instar de l’Italie présentement et de la France d’avant la 5ème République de 1958. Les Assises nationales de Refondation (ANR) ont été tenues et le rapport final a été remis au Président de la Transition. On attend les Institutions ou Organes qui en sortiront.
Tous les pays ont connu et connaissent des difficultés dans leurs histoires. Mais ils arrivent à s’en sortir. Pourquoi pas le Mali ? C’est au peuple malien et non pas la Cédéao, l’Union africaine et les Nations unies d’imposer quoique ce soit.
Déjà, des sanctions « inventées », ont été infligées. Nous subissons les conséquences. Cela ne suffit pas. Qu’est-ce qu’ils veulent encore ? Contraindre le Mali à faire ce que leur « commettant » ou « mandant » voudrait bien qu’il fasse ? Non, le peuple malien n’est pas du genre à avaler tout ce qu’on lui présente. Certes des divergences peuvent exister quant à la méthode d’approche, mais la façon dont la communauté internationale traite notre pays est inacceptable pour tout Malien qui éprouve un peu de patriotisme pour ce pays.
II – Le glissement « non bien préparé » de la Cédéao
La Cédéao est avant tout une communauté économique. Sa vocation, son cœur de métier, c’est de favoriser le développement économique et social pour le bonheur des populations des pays membres. Constatant que l’économie est difficilement séparable de la politique, la seconde servant de base à la première, elle a entamé un glissement à travers les deux Protocoles : « bonne gouvernance » et « Prévention et règlement des conflits ».
Mais le sous-développement n’est pas seulement qu’économique, il est aussi politique. Malheureusement, beaucoup de Chefs d’Etat de l’espace Cédéao ne sont pas de « modèles » ni en bonne gestion des finances publiques, ni en politique.
Dans des publications, sur les réseaux sociaux, nous avons mis en évidence des faiblesses de la Cédéao. Nous avons insisté sur le fait que le « chronogramme proposé par le Mali était un piège ». La meilleure attitude était son acceptation sinon, toute autre solution risquerait de créer des tensions pouvant entrainer :
la sortie du Mali, par la mise en œuvre de l’article 91 du Traité révisé
le risque de contagion avec la sortie d’autres pays,
l’affaiblissement de la Cédéao, pouvant aller jusqu’à sa mort.
Aujourd’hui, outre le Mali, avec des coups d’Etat en Guinée, Burkina Faso et des tentatives échouées dans d’autres pays, l’Institution est dans l’obligation de revoir ses stratégies et ses méthodes d’intervention pour survivre.
Dans une situation d’agonie, la Cédéao justifie son existence aujourd’hui grâce aux missions et communications sur le Mali. Malheureusement, tout le tapage autour du Mali s’explique par le manque d’unité nationale. Ces voix discordantes entre ses filles et ses fils qui plaisent et font rire les ennemis du pays. Le réalisme voudrait que les Maliens soient d’accord sur le fait que la « transition est un fait » et soient unis autour du pays.
Si le Mali adoptait tout de suite l’attitude de fermeté de la Guinée et du Burkina, la Cédéao ne serait que l’ombre d’elle-même et mise aux oubliettes. Et elle aurait du temps pour réfléchir à son avenir et se refaire une nouvelle santé.
Un médiateur, par définition s’interpose entre deux belligérants. Qui est l’adversaire du Mali ? Où est-il ? Ce serait la Cédéao, l’Umoa et l’U A elles-mêmes ? Ce que les sanctions semblent démontrer, donc elles seraient les ennemis du Mali ?
Les velléités que beaucoup d’Institutions de notre continent seraient des instruments de recolonisation aux services des puissances sont confirmées avec l’annonce publique faite par le Président français, sur les antennes de télévision, de saisir l’U A et la Cédéao pour sanctionner le Mali, qui a osé suspendre RFI et France 24.
Ah oui les pays africains seraient encore des « propriétés, des éléments de patrimoine » des pays occidentaux !!! Le « maître » a parlé, il va donner « l’injonction » à ses sujets, mais vont-ils obtempérer ? Attendons de voir, nos « vaillants Leaders » ont le mérite « d’inventer des sanctions ». Peut-être qu’ils ont une loi, une réglementation dans leur terroir qui sanctionne ces genres de situations.
Quand on partage la langue et une partie de l’histoire, on peut dire qu’on est de même culture. Mais, on a beaucoup apprécié la « France citoyenne », l’arrogance, le mépris, et le racisme de la « France politique » font qu’on finit par « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
Ce pays n’a aucun respect pour les Africains, aucun. Les Africains savent qu’ils ont besoin de ressources matérielles, financières et humaines pour exploiter les immenses ressources du continent. Je l’ai déjà dit dans une publication parue aux « Echos Hebdo » N°……, Si la France n’est pas capable de traiter les Africains, avec considération, dans le cadre d’un « partenariat gagnant – gagnant », elle va quitter nos pays.
Tous ces recours à l’Union africaine, la Cédéao, l’Umoa, etc., au nom des prétendues valeurs démocratiques, de droits de l’homme, pourraient être compris comme des méthodes d’une certaine époque : semer la mésentente entre les peuples et pays africains.
Les Africains connaissent bien la technique du « diviser pour mieux régner ». Elle a été utilisée pour vaincre nos royaumes pendant les guerres contre la pénétration coloniale.
Aujourd’hui, la volonté de mettre les Africains dos-à-dos, ne fait plus aucun doute. Elle est clairement affichée. Et pour cela l’arme fatale serait de passer par les organisations sous-régionales, régionales et continentales, pour opposer des frères et sœurs au nom des idéales de valeurs démocratiques, de liberté de presse. Mais nos « vaillants Leaders » doivent répondre à la question : après le Mali, à qui le tour ? Ils ont certainement la réponse.
La Cédéao et l’U.A doivent comprendre qu’au « génie destructeur » des autres, il leur faut trouver le « génie unificateur et constructeur ». L’appartenance géographique, culturelle et le passé commun esclavagiste et colonial, font que nous devons composer avec la Cédéao, mais on pourrait la quitter aussi, sans mettre à mal, cette appartenance.
En conclusion, la Cédéao, l’Union africaine et l’Onu ne peuvent rien imposer au Mali. Le réalisme voudrait que la communauté internationale comprenne une bonne fois pour toute et accepte que le Mali appartient, avant tout aux Maliens. Cela est un fait, une donnée invariable, à prendre en compte dans toute aide à la recherche de solutions. Nous ne comprenons pas leur acharnement sur notre pays. La solution à un problème Malien revient d’abord aux Maliens. Nous n’attendons aucune solution prête venant de quelque part. Non, il n’y a pas de « solutions prêtes-à-porter » par le Mali. C’est aux Maliens de solutionner leurs problèmes. Toute aide extérieure doit être un appui aux solutions internes.