Aux termes de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenue ce vendredi 25 mars 2022 à Accra (la capitale ghanéenne), il a été décidé de maintenir les sanctions contre les autorités de la Transition du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso. Les autorités de Transition malienne, guinéenne et burkinabè sont interdites de voyager dans l’espace sous-régional avec gel de leurs avoirs financiers. Les trois Etats suscités sont suspendus de tous les organes directeurs de la CEDEAO. Comme l’on peut hélas, le constater : entre la CEDEAO et le Mali, les lignes n’arrivent pas du tout à bouger. Pire, après des mois de négociations infructueuses, on revient à la case départ.
Un communiqué du Président de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, Nana Akuffo ADDO, avait exceptionnellement invité le Président de la Transition malienne, le Colonel Assimi GOÏTA, à prendre part à ce sommet (ultime ?) du vendredi 25 mars 2022, à Accra, afin de convenir sur un consensus quant à la situation au Mali. Une invitation déclinée par le Chef d’Etat malien. Mais à quoi allait servir la présence physique du Colonel Goïta dans la capitale ghanéenne alors que le médiateur de la CEDEAO venait juste de boucler sa énième mission infructueuse auprès des autorités de Bamako ? Etait-ce alors un compromis ultime que les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO voulaient faire avec le Chef de l’exécutif malien ? Certaines sources circulaient que la CEDEAO accepterait le chronogramme de 24 mois des autorités maliennes contre la nomination d’un nouveau Premier ministre.
Une chose est certaine : depuis l’entame du processus de rectification de la Transition malienne (à partir de juin 2021), Bamako et Abuja demeurent dans un bras de fer. La « Communauté internationale » et la CEDEAO refusant de comprendre que le Mali est bien menacé dans son existence physique. Un véritable dialogue de sourds s’est donc instauré entre les deux parties pour une sortie de crise au Mali. Une illustration ? Pendant que les autorités actuelles de la Transition estiment qu’il faut privilégier l’approche locale : notamment la sécurisation préalable d’une bonne partie du territoire national et la création d’un organe unique consensuel de gestion des élections avant l’organisation de tout scrutin, leurs partenaires de la CEDEAO et de la Communauté dite internationale (pilotée par la France) s’agrippent au fétichisme des élections. En exigeant, dans un délai court, l’organisation d’élections générales afin que le Mali revienne vite à l’ordre constitutionnel.
Mais puisqu’il s’agit bien du devenir du Mali comme Etat souverain, les autorités maliennes doivent illico presto, tirer tous les enseignements de la crise multidimensionnelle que connaît le pays pour décider, in fine, de la meilleure voie à suivre. Cela, même si notre pays devait renoncer à son statut de membre de la CEDEAO et au franc CFA (d’ailleurs très décrié). Mais avant, les autorités maliennes doivent transformer les sanctions infligées par la CEDEAO et l’UEMOA en une opportunité de développement du Mali. En somme, les axes économiques Bamako-Conakry et Bamako-Nouakchott doivent se raffermir davantage !