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Le message de Tafacirga Gadjaga
Publié le mardi 29 mars 2022  |  Le Républicain
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La Nature est un temple… L’homme y passe à travers des forêts de symboles, a dit Charles Baudelaire dans ‘’Correspondances’’. Mais, quand les symboles font plus qu’observer avec des regards familiers et nous parlent de vive voix, on ne peut que sortir du spleen pour répliquer. A Sikasso et à Ségou, où nous avons accompagné le candidat Soumeylou Boubeye Maïga à la candidature de l’Adema-PASJ pour l’élection présidentielle de 2002, l’impression était inévitable d’avoir en face le futur candidat du parti de l’abeille. Ce fut Soumaïla Cissé qui porta les couleurs du parti, et c’est Amadou Toumani Touré qui remporta l’élection à la magistrature suprême. 20 ans après, Soumaïla Cissé (Soumi Champion), Soumeylou Boubeye Maïga (le tigre), Amadou Toumani Touré (le héros du 26 mars) ont tous vécu. Ces passagers partis trop tôt, nous laissent sur le bord, mais qu’on se rassure, le char céleste poursuivra son perpétuel voyage pour nous, car tous, nous y passerons et arriverons tous à destination. Infailliblement ! Porté en terre. Arrosé par la pluie. Puis c’est fini, le cycle est terminé. Voilà ce qui nous attend, ce que nous sommes, et c’est la devise des hommes. C’est le côté matériel de notre existence ici bas.

Le côté idéel ? On suit une évolution et on ne finit jamais. Les Mahatma Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela continuent de vivre en nous ! Ce qu’on aura réalisé sur terre de bien continuera de servir ; et ce prodigué pour la postérité restera dans les esprits. Ces restes de son existence, qu’ils émeuvent ou qu’ils offusquent attendent que l’on réponde du bon ou du mauvais service qu’ils auront rendu à la communauté, à son environnement social immédiat et lointain.

L’éthique et la morale, la philosophie et quelque part le droit nous enseignent la fraternité (article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948), l’amour du prochain, l’entraide et la solidarité nationale. L’histoire de notre grand Mali a conduit au choix de la Démocratie comme système politique, le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple. C’est en cela que réside la justice sociale. Mais n’avons-nous jamais su réaliser le choix opéré, l’option démocratique devenant un discours creux. Ce discours utilisé comme dans la prestidigitation pour faire diversion, a servi à l’infantilisation des masses populaires (femmes et jeunes) pour accéder au pouvoir et se servir en oubliant volontairement le peuple. Un doyen du mouvement démocratique, Issiaka Traoré, président du CNID Association, n’a-t-il pas déploré lors du cinquième congrès ordinaire du Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID), « la caporalisation », qui amène « cette classe politique à institutionnaliser l’impunité, le détournement de fonds public, le renforcement de parti-état et la spéculation foncière cautionnée par tout le monde » ?

Avec autant de partis politiques (plus de 230) on a obtenu à la place des citoyens, des utilisateurs, des usagers qui se servent de l’Etat. Il faut que ça change, ça doit changer, ça va changer! Une classe politique aussi morcelée, émiette forcement les forces vives et met dos à dos des Maliens. Classe politique divisée et forces vives divisées égalent pays divisé, Etat sans autorité, incapable d’asseoir une souveraineté. Il faut réduire le nombre des partis politiques, selon Adama Samassékou, ancien ministre de l’Education nationale et président-fondateur du Mouvement des peuples pour l’éducation aux droits humains ; il faut s’unir, s’assembler, selon le Pr. Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale. Marimathia Diarra, le président de l’Adema-PASJ prône le consensus national pour préserver les intérêts du Mali. Depuis le village de Tafacirga Gadjaga, dans la région de Kayes, où il se trouvait le 25 mars 2022, pour l’inauguration d’un centre de formation coranique, le président du Parena, Tiebilé Dramé appelait à la réconciliation des Maliens : « … nous ne pouvons que faire des prières pour que les Maliens se réconcilient, se donnent la main, se rassemblent pour faire face aux difficultés que nous connaissons, et qui nous clouent au sol, qui nous empêchent de prendre notre envol comme pays, comme nation. Mais nous ne pouvons en sortir que quand nous nous donnons la main … Nous nous sommes assez querellés, assez divisés, il est temps qu’on mette fin à tout cela, que nous nous donnions la main, que nous nous penchions ensemble sur le Mali ».

La classe politique n’est pas loin du mea culpa, on doit y aller pour conjurer le mal et sceller définitivement le sort de la ‘’divisionite’’, qui nous a conduit dans ce qu’on vit et où on se démène sans succès, si nous ne demandons pardon au peuple malien. La troisième République finissant doit réussir une prouesse : c’est de recoudre tous les tissus politiques et sociaux et religieux déchirés. La victoire de l’Adema PASJ aux premières élections pluralistes en 1992 ne tire-t-elle pas sa substance dans la largesse du ratissage sans voir une barrière entre ‘’Udpmistes’’ et ‘’26 Marsites’’ ? Le temps n’est plus à ce sectarisme, qui est plus grand facteur de division aujourd’hui. Et si on arrivait à admettre que tous les Maliens sont frères !

J’ai fais un rêve, où les doyens Adama Samassekou, Ali Nouhoun Diallo, Issiaka Traoré et autres, se sont saisis pour prendre le bâton de médiation, en vue de réunifier la classe politique pour contribuer à réduire le nombre des partis politiques, de 230 à 10, puis de 10 à 5. J’ai fait un rêve : Tiebilé Dramé à huis clos avec Me Mountaga Tall, chacun voulant convaincre l’autre, d’accepter de prendre la manette du commandant de bord, après avoir unifié leurs partis, une foule de militants attendant la fumée blanche. La même scène entre Oumar Mariko et Cheick Oumar Sissoko ; entre Marimathia et Bocary Treta ; entre Me Demba Traoré, Aliou Boubacar Diallo, Housseini Amion Guindo… J’ai fait un rêve où à l’élection présidentielle on a cinq candidats, fortement soutenus, qui ont été choisis contre leur gré par des regroupements de partis fusionnés. J’ai fais un rêve…

B. Daou
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