Qui avait dit que «la lutte unit et que le pouvoir ne divise pas» ? En tout cas, l’assertion rime parfaitement avec le malaise qui traverse aujourd’hui le M5-RFP, un mouvement devenu méconnaissable sitôt son porte-parole attitré devenu chef du gouvernement. La plupart des camarades de lutte de Choguel Maïga ne se reconnaissent plus dans ses anathèmes et vivent comme un pied-de-nez les sorties répétitives du Premier ministre contre la démocratie malienne et ses acquis. Un véritable révisionnisme pour nombre d’observateurs et auquel la cohésion du mouvement anti-IBK ne résiste plus, selon toute vraisemblance. En atteste pour le moins la cassure de ce mouvement en deux tendances antagonistes et irréconciliables, depuis la protestation de certains acteurs et figures emblématiques de Mars 1991, solidaires d’un ras-le-bol ouvertement exprimé contre ce qu’il présentent comme une dérive du président du Comité stratégique. Leur rébellion ayant évolué en bouderie et boycott des rencontres avec le chef du Gouvernement, il en a résulté un émiettement du M5 au point d’être réduit aux seules composantes encore vivantes de l’ancienne Coppo : le Mpr de Choguel Maïga et le Cnid de Me Mountaga Tall. De quoi ressusciter les barrières d’incompatibilité de 1997 et réveiller les rancœurs qui s’y rattachent.
L’embargo déjoué par la corruption
Alors que bien d’observateurs attendaient une levée des sanctions économiques et financières infligées au Mali par la CEDEAO, son sommet extraordinaire des chefs d’Etat n’a bougé d’un pouce sur la question. Au grand dam des consommateurs et importateurs maliens, les mesures sont maintenues intactes et ne seront levées qu’au rythme de l’observance, par les autorités maliennes de Transition, d’un chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel calé sur un délai maximum de 16 mois au maximum. Sauf que les effets de l’embargo instauré par l’organisation sont de plus en plus contrariés par un phénomène auquel aucune rigueur ne résiste en Afrique : la corruption. Il nous revient de bonne source, en effet, qu’une levée de fait des mesures est en vigueur depuis quelques temps sur les différents axes d’importation que seuls les produits alimentaires, les médicaments et les carburants sont autorisés à franchir. C’est sans compter avec une porosité accentuée par l’effet des dessous de table. De bonne source, en effet, les verrous ont volé en éclats depuis longtemps. Si au départ les transporteurs défalquaient la bagatelle 500 000 francs CFA par camion pour pouvoir approvisionner le marché malien en produits sous sanction, le prix à payer pour la traversée est descendue jusqu’à 200 000 francs CFA de nos jours. Les interdictions de la sous-région sont ainsi déjoués, selon toute vraisemblance, et les citoyens ne manquent de rien même s’il leur revient de payer pour les surcoûts induits aux surcoûts non-tarifaires