Craint par ses adversaires et admiré par ses partisans, le “Hérisson’’ pour certains, le “secretocrate malien” pour d’autres, le ‘’Tigre de Badalabougou’’ ne rugira plus. Soumeylou Boubèye Maïga est décédé le 21 mars 2022, quelques mois après son admission à la polyclinique Pasteur de Bamako, où il avait été transféré après la dégradation de son état de santé.
En détention dans une affaire de détournement présumé, depuis août 2021, l’ancien Premier ministre a longtemps séjourné à la Maison centrale d’arrêt de Bamako, suite notamment à son inculpation pour «faux et usage de faux et favoritisme» dans le dossier dit d’achat d’équipements militaires et d’acquisition d’un avion présidentiel en 2014 es qualité ministre de la Défense. L’achat de cet avion avait été dénoncé par le Bureau du vérificateur général (BVG), autorité malienne indépendante, qui avait mis l’accent sur une kyrielle d’irrégularités dont des trafics d’influence et des favoritismes.
Combattant de première heure du mouvement démocratique, il fut l’un des rares hommes politiques qui ont eu l’audace de dire au général-dictateur, Moussa Traoré, ce que personne n’osait penser. C’est dans ce combat pour la liberté et la démocratie que l’homme croisa le chemin d’hommes et femmes appelés à marquer la vie politique de la jeune démocratie malienne après la chute du régime de général Moussa Traoré.
Né un 8 juin, SMB a. Eu jusqu’au bout à un destin présidentiel qu’il n’accomplira pas finalement, même s’il a occupé les plus hautes responsabilités et non des moindres. Grand serviteur de l’Etat, l’ancien journaliste a été notamment Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta entre 2017 et 2019 où il fut contraint à la démission après le massacre de quelque 160 civils en à Ogossagou et une série de manifestations dénonçant la mauvaise gestion du pays. Auparavant, il fut ministre de la Défense d’IBK, de 2013 à 2014, ministre des Affaires étrangères d’Amadou Toumani Touré jusqu’au coup d’État de 2012, ministre de la Défense sous Alpha Oumar Konaré dont il a dirigé le régime d’une main de fer en étant chefs des services de renseignements.
Militant des premières heures de l’Adema-Pasj, il suspend ses activités au sein de la ruche suite aux fissures occasionnées par le choix du candidat pour la présidentielle de 2013. Il décide ainsi de porter avec d’autres hommes de conviction la candidature d’IBK. Il lance pour ce faire sa propre formation politique, l’ASMA-CFP (Alliance pour la solidarité au Mali- Convergence des forces patriotiques). Parti en miniature à sa création, l’ASMA-CFP est subitement devenu le grand fleuve vers lequel ruissellent tant d’affluents au point de de se hisser, à la fin du mandat de la 5è législature, au rang de deuxième force politique à l’hémicycle.
SVM repose depuis le 24 mars au cimetière de Niaréla, après qu’un dernier hommage lui a été rendu par ses parents, amis et camarades de lutte qui l’ont accompagné à sa derrière demeure à l’âge de 67 ans.