Naguère courtisé et choyé jusqu’aux petits soins à la présidence de la République, l’imam Mahmoud Dicko avait promis de se consacrer entièrement à la mosquée, au lendemain de la chute d’IBK. Depuis, le tombeur principal de l’ex-président s’exprimait de moins en moins jusqu’à vendredi dernier, où il s’adressait à ses ouailles à la mosquée de Badalabougou. Dans un sermon chargé de sagesse, de vérités et de consistance utilitaire, le plus célèbre et virulent des imams maliens a profité du haut de son minbar pour régler ses comptes avec la République. Si le langage est codé, comme à ses habitudes, il n’est pas difficile de connaître la direction de ces piques, pour qui suit l’actualité et sait lire entre les lignes. Le hic est que cette prise de position arrive aux lendemains d’une de ses sorties où il avait lancé lors d’une cérémonie : « La sagesse veut que je respecte le choix de la majorité des Maliens…même si je ne suis pas d’accord ». Le mensonge, l’indignité et l’incapacité pour un menteur propulsé au haut sommet de l’Etat d’accomplir sa mission étaient entre autres les sujets phares traités par Dicko. Selon lui, en effet, « des personnalités habituées à mentir sur elles-mêmes et sur les autres ne sauraient être de bons dirigeants ».« On ne peut donner ce qu’on n’a pas. Avec de tels dirigeants, il faut s’attendre à un échec inévitable », a-t-il lancé la main sur le cœur, ajoutant au passage qu’on ne confie pas la destinée d’une citée à ‘’un indigne, un menteur’’ qui a comme habitude de trahir. Et l’Imam de Badalabougou d’avertir sur ce qu’il appelle un signe de déchéance : « Confier la gestion de la cité à une personne non-méritante et sans honneur ni parole, qui dit une chose et son contraire et ne se fiche pas mal de ses engagements ».