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Soumeylou Boubèye Maïga : Le destin inachevé du dernier Tigre
Publié le mardi 29 mars 2022  |  Le Déclic
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Craint par ses adversaires et admiré par ses partisans, le ‘’Hérisson’’ pour certains, le « secretocrate malien » pour d’autres, le ‘’Tigre de Badalabougou’’ ne rugira plus. SoumeylouBoubèye Maïga est décédé le 21 mars 2022, quelques mois après son admission à la polyclinique Pasteur de Bamako, où il avait été transféré après la dégradation de son état de santé.

En détention dans une affaire de détournement présumée, l’ancien Premier ministre était détenu depuis août 2021 à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Il avait été incarcéré après avoir été inculpé, notamment de « faux, usage de faux et favoritisme » dans le cadre d’une enquête sur l’achat d’équipements militaires et sur l’acquisition d’un avion présidentiel en 2014, alors qu’il était ministre de la Défense. L’achat de cet avion avait été épinglé par le Bureau du vérificateur général (BVG), autorité malienne indépendante, qui avait dénoncé des pratiques de surfacturation, de détournement de fonds publics, de fraude, de trafic d’influence et de favoritisme.

Combattant de première heure du mouvement démocratique, il fut l’un des rares hommes politiques qui ont eu le toupet de dire au général-dictateur Moussa Traoré ce que d’autres n’osaient penser. C’est dans ce combat pour la liberté et la démocratie que l’homme croisa le chemin d’hommes et femmes appelés à marquer la vie politique de la jeune démocratie malienne après la chute du régime de général Moussa Traoré.

Né un 8 juin, SMB a eu l’impression d’avoir un destin présidentiel, allusion faite à la prestation de serment du Président de la République. S’il a pu occuper des postes clés, il emporte avec lui son rêve de gouverner un jour le Mali.

Grand serviteur de l’Etat, l’ancien journaliste a été le Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta entre 2017 et 2019. Il avait été contraint à la démission après le massacre de quelque 160 civils en avril 2019, à Ogossagou, après une série de manifestations dénonçant la mauvaise gestion du pays. Auparavant, il avait été le ministre de la Défense d’IBK, de 2013 à 2014. Autre poste ministériel occupé : celui des Affaires étrangères sous la présidence d’Amadou Toumani Touré, de 2011 jusqu’au coup d’État qui l’avait renversé en mars 2012. À cette période, il avait été arrêté avec d’autres officiels. Sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, il dirige d’une main de fer les services de renseignements maliens.

Militant de première heure de l’Adema Pasj, il suspend ses activités au sein de la ruche suite aux fissures occasionnées par le choix du candidat pour la présidentielle de 2013. Il décide ainsi de porter avec d’autres hommes de conviction la candidature d’IBK. En 2013, il lance sa propre formation politique, l’ASMA-CFP (Alliance pour la solidarité au Mali- Convergence des forces patriotiques). Parti en miniature à sa création, l’ASMA-CFP est subitement devenu le grand fleuve vers lequel ruissellent tant d’affluents. A la fin du mandat de la 5e législature, le parti de SBM était la deuxième force politique à l’hémicycle.

Il repose depuis le 24 mars au cimetière de Niaréla. Après un dernier hommage il a été accompagné par ses parents, enfants, anciens collaborateurs, ami-e-s, camarades politiques. Le dernier Tigre rejoint ainsi sa derrière tanière à l’âge de 67 ans.



Des hommages dignes de l’illustre disparu…

Depuis l’annonce de sa disparition, les messages de condoléances et d’hommages se multiplient sur le continent. Depuis leurs pages Facebook et Twitter, en effet, plusieurs poids lourds du continent ont exprimé leur tristesse.

Moussa FakiMahamat, le président de la Commission de l’Union africaine, exprime sa « tristesse » suite à cette disparition. Même émotion partagée par le président du Niger, Mohamed Bazoum, qui affiche sa « consternation » : la mort de SoumeylouBoubèye Maïga lui « rappelle celle du président Modibo Keïta en 1977. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère », écrit le chef de l’État nigérien sur son compte Twitter.

« Triste et tragique », s’indigne le défenseur sénégalais des droits de l’homme, Alioune Tine. Avant d’ajouter : « On aurait pu éviter cette fin au Premier ministre avec cette chronique d’une mort annoncée. »

En Côte d’Ivoire, « c’est avec une grande tristesse » que le président Alassane Ouattara a « appris le décès de » son « jeune frère ». Le chef de l’État ivoirien a adressé ses « condoléances les plus émues à sa famille et à ses proches ».

L’homme politique sénégalais Abdoulaye Bathily salue la mémoire d’un « militant courageux » et d’un « homme d’État lucide ». « Boubèye restera une figure emblématique du Mouvement démocratique, en particulier de la révolution du 26 mars 1991 », précise cet historien.

L’ex-ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Alpha Barry, évoque une grande perte pour le Mali, mais aussi pour la sous-région, car, selon lui, SBM était « à la disposition du Sahel et de toute l’Afrique de l’Ouest », mettant au service des Etats voisins sa « faculté de compréhension et d’analyse des phénomènes terroristes », notamment. « Il suivait toute la problématique et pouvait tracer toutes les implications de ces phénomènes-là du Nigeria à la Mauritanie », se souvient Alpha Barry.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, RamtaneLamamra, un ami de l’illustre disparu, s’est dit attristé d’apprendre la disparition « d’un éminent homme d’État et un africaniste engagé ».

Au niveau national, et bien avant que le gouvernement ne salue « la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat » et présente ses condoléances « à la famille de l’illustre disparu », plusieurs partis, regroupements et leaders de la scène politique malienne ont exprimé leur compassion d’avoir perdu un compagnon de lutte. Il s’agit entre autres de l’Adema-PASJ, FARE ANKA WULI, CDS Mogotiguiya le RPM, PS Yelen Koura, le Cadre des partis politiques pour une transition réussie et l’Action républicaine pour le progrès (ARP). Des anciens ministres ayant servi sous les ordres de Boubèye ont également exprimé leur tristesse.

Quant à la Coordination des mouvements de l’Azawad, elle a salué la mémoire d’un « homme pragmatique, serein et dévoué pour le retour de la paix et la concorde ».

Journaliste de formation, la Maison de la Presse du Mali a salué la mémoire d’un artisan de la démocratie et un grand serviteur de l’Etat.



Tom Keane/Le Déclic

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