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Lassou Aïssatou, enseignante à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest- Unité Universitaire à Bamako (UCAO-UUBa) : « Les médias sont un puissant vecteur de promotion des droits humains »
Publié le jeudi 31 mars 2022  |  Le Républicain
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Lassou Aïssatou arrive en 2010 à Bamako (Mali) avec son BAC en poche de son Tchad natal pour poursuivre les études de Sciences juridiques à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest- Unité Universitaire à Bamako (UCAO-UUBa). Après cinq ans passés dans cette université de haute gamme de formation, elle obtient successivement une licence et un master en droit. En 2017, elle s’envole pour la France et y obtient un autre Master en Histoire-théorie et pratique des droits de l’Homme et un Diplôme Universitaire en droit international. Pétrie de talents, Lassou Aïssatou revient au Mali pour partager les connaissances acquises suite à son riche parcours d’étudiante avec les étudiants de l’UCAO-UUBa. Elle a accordé un entretien au journal « Le Providentiel ».

Le Providentiel : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Lassou Aïssata: Je me nomme Lassou Aïssatou, de nationalité tchadienne. J’ai été formée par l’UUBa de Bamako entre 2010 et 2016. J’ai d’abord obtenu une licence en droit en 2013 et un master en 2015 en Gestion associative, relations internationales, droit international humanitaire. Aujourd’hui, je suis fière de la formation que nous avons reçue à travers les éminents professeurs déployés par l’administration de l’UUBa à l’époque. Ce sont les cours dispensés par les éminents professeurs lors de notre formation qui nous a permis tous de devenir des responsables dans plusieurs structures à travers l’Afrique. Je rencontre beaucoup de mes camarades de classe qui occupent, aujourd’hui, des responsabilités sur le continent d’Afrique. Certains sont même devenus des ministres dans leur pays d’origine. Quant à moi, je suis devenue enseignante. Ainsi, je suis revenue à Bamako pour dispenser les cours il y a de cela quelques années maintenant. J’avoue que c’est avec fierté que je dispense ces cours. Actuellement, je vis à Lyon en France où j’anime des formations aussi. Et je reviens chaque année au Mali uniquement pour les cours de l’UUBa.

Vous avez été étudiante au sein de l’Université Catholique à Bamako. Pouvez-vous parler un peu de votre parcours académique au sein de cette structure ?

C’est vrai que je suis arrivée à l’UCAO-UUBa en 2010 pour ma formation universitaire. Cette formation s’est passée dans de très bonnes conditions de travail avec mes camarades de classe, les professeurs et même avec l’administration de l’UCAO. Ce sont ces bonnes conditions de travail qui font qu’aujourd’hui que je suis revenue pour dispenser les cours dans cette université dévouée pour la formation de la jeunesse africaine. Je profite de votre micro pour dire que la formation de qualité que j’ai reçue à l’UCAO m’a permise d’effectuer un stage dans le cabinet de Maître Amadou T. Diarra (un de nos professeurs et très connu à l’international des hommes de droit). Ce fut une formidable expérience pour moi, une immersion dans l’univers professionnel. J’ai donc pu lier mes connaissances théoriques à la réalité de la pratique dans ce cabinet. C’est en 2017 précisément, que j’ai quitté le Mali pour la France dans l’objectif de continuer mes études afin de me rendre plus productive. Ensuite je me suis inscrite à l’Institut des Droits humains de Lyon. Au sortir de cette expérience académique, j’ai obtenu une spécialisation en Histoire, Théorie et Pratique des Droits de l’Homme. Les années passées dans cette université ont été pour moi fort enrichissantes humainement et professionnellement.

Nous constatons que vous dispensez des modules tels que « Médias et Droit international humanitaire», « Droit des médias ». Quel est l’apport de ces thématiques aux futurs journalistes que vous formez ?

Je pense qu’il est important que les médias se familiarisent aux concepts de droit international humanitaire. Les médias sont un puissant vecteur de promotion des droits humains. Ils constituent aussi des sentinelles pour la préservation des droits de l’Homme. Donc le métier de journaliste ne saurait se faire sans une connaissance minimale des concepts de droit international humanitaire. J’estime que nul ne doit être journaliste aujourd’hui s’il ignore les principes de base du droit international des droits de l’Homme. Le respect des droits de l’Homme caractérise les régimes démocratiques. Le pouvoir du journaliste est énorme dans la garantie de la préservation de ces droits. On a coutume de dire que la presse est le 4ème pouvoir. Cela me paraît important que les futurs journalistes soient outillés de sorte à remplir leur mission de veille et de dénonciation des manquements au respect des droits humanitaires. Ils sont appelés à faire la promotion ou la protection de ces droits.

Vous venez d’évoquer que vous avez été étudiante ici. Quelle comparaison pouvez-vous faire entre l’étudiante que vous avez été ici à l’UCAO et ceux à qui vous dispensez les cours aujourd’hui ? Quel est votre avis par rapport au niveau actuel ?

Par rapport au niveau, il y a des exceptions en toute chose. Pendant que j’y étais, en tant qu’étudiante, il y avait d’excellent niveau comme certains qui n’étaient aussi brillants. Ce que je retiens de notre promotion c’est que tout le monde aimait l’école. On était tous assidu au cours. Notre petit nombre dans les différentes filières de formations nous astreignait à plus d’engagement et d’effort. Nous étions assidus et travailleurs. Aujourd’hui, de ma position d’enseignante ici, je constate qu’il y a des étudiants qui paraissent moins intéressés par le travail. Cela, je le mets au compte du fait que ce soit pour la plupart lié à leur première année d’université et je me dis qu’avec le temps ils vont s’adapter. Je constate aussi que l’université s’agrandit et s’est développée. Il y a plus d’étudiants maintenant qu’auparavant. L’offre de formation s’est accrue. C’est une bonne chose pour la renommée de l’université.

Vous intervenez comme enseignante dans d’autres universités certainement. Comment ça se passe là-bas ?

Pas vraiment dans d’autres universités, je donne des formations dans d’autres cadres. Mais ce ne sont pas des modules comme ici à l’UCAO. J’ai aussi une vie associative assez intense depuis Lyon. J’accompagne des jeunes dans leur démarche administrative et j’effectue des missions d’interprétariat (Bambara-Français).

Vous enseignez depuis quelque temps. Comment ça se passe ? Avez-vous eu des difficultés en tant que jeune femme ?

Au début, j’avais des réserves. Je ne pensais pas bien faire. Je suis jeune et une femme, ça aurait peut-être un handicap. Mais lorsque je suis entrée pour mon premier cours, ça s’est bien passé. Avec l’habitude, j’ai pris goût. Les étudiants en journalisme que j’ai en Licence I et Master I et II, me suivent avec beaucoup d’intérêt et participent beaucoup au cours. C’est pareil pour mes formations que j’anime en France. Ça se passe très bien. Les échanges sont très fluides avec mes étudiants. On aborde toutes les questions sans tabou. Contrairement à la période où j’étais étudiante, il y a des questions sur lesquelles on ne s’étalait pas du tout. On les survolait comme si c’était des tabous. Aujourd’hui avec un peu de recul, je me dis qu’il ne doit pas y avoir de tabou. A l’université, on doit tout aborder librement. On doit tout se dire. Depuis quelques années, j’interviens chaque année comme professeur à l’UCAO-UUBa, l’université d’où je suis partie. C’est avec beaucoup de fierté que je me retrouve ici. Je remercie l’administration de l’Université, particulièrement le Docteur Zufo Alexis Dembélé, le Doyen du département de Journalisme Communication pour la confiance placée en ma modeste personne. C’est vrai, avant cette expérience d’enseignement, je ne m’imaginais pas dans des classes pour donner des cours. Je croyais que je serais dans un quelconque bureau, à faire autre chose. Mais aujourd’hui, je me sens bien dans mon rôle.

Quel est votre mot de la fin ?

Je ne cesserai jamais de remercier l’UUBa qui fait confiance à ses anciens étudiant-e-s. C’est un signe d’estime. Pour ma part, c’est une fierté de partager ce que j’ai appris après mon parcours académique d’ailleurs. Je remercie donc tous ceux qui ont contribué à ma réussite. Aux lecteurs du journal Le Providentiel, je souhaite une bonne lecture. Je les exhorte à scolariser leurs enfants. C’est très important. Cela permet le développement de nos pays. C’est vrai que l’attention est beaucoup portée sur la scolarisation des jeunes filles. Mais un garçon non scolarisé est aussi un danger pour la société. Donc il faut envoyer tous les enfants à l’école. C’est grâce à une population mieux éduquée que l’on réussira le pari du développement.

A.S/ Source : Entretien réalisé par Brahima Dao

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