Le Mali a largement dominé les discussions officielles ayant réuni le Président Abdelmadjid Tebboune avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. D’après le compte-rendu publié par le département d’État des États-Unis, le département exécutif fédéral des États-Unis chargé des relations internationales, pour retracer l’intégralité des contenus des échanges qui se sont déroulés hier mercredi 30 mars au Palais Présidentiel d’El-Mouradia, Abdelmadjid Tebboune est revenu longuement sur la présence militaire française au Sahel et son impact sur la stabilité de toute la région.
D’abord, force est de constater que le Président algérien a reconnu devant Antony Blinken que l’intervention militaire français a sauvé Bamako des griffes des groupes terroristes grâce à l’opération militaire Barkhane lancée par les forces armées françaises le 1ᵉʳ août 2014. Selon Tebboune, personne n’a pu arrêter l’expansion de le menace terroriste au Sahel depuis l’effondrement de l’Etat libyen vers la fin de l’année 2011 « jusqu’à ce qu’il y ait l’opération Barkhane pour empêcher que Bamako ne soit prise par des terroristes », a avoué ainsi Abdelmadjid Tebboune.
Pour le président algérien, le Mali constitue une priorité absolue pour la sécurité nationale de l’Algérie. « Il y a beaucoup de Maliens d’origine algérienne, et il y a beaucoup d’Algériens d’origine malienne. C’est pourquoi nous intervenons à chaque fois pour calmer les querelles tribales », a assuré Tebboune qui a regretté dans ses échanges avec Antony Blinken les multiples ingérences étrangères au Mali aggravant ainsi l’insécurité et la déstabilisation de toute la région.
En faisant référence aux accords d’Alger « pour la paix et la réconciliation au Mali », Tebboune a regretté les manoeuvres diverses qui ont empêché son application concrète sur le terrain. Le Président a accusé certaines parties sans les nommer de tout faire « pour que ces accords ne soient jamais appliqués ».
Le Président algérien a fait savoir enfin à Blinken qu’il y a bel et bien « malentendus avec nos amis français ». Ce malentendu concerne visiblement la probable intervention militaire algérienne au Mali pour supplier les forces armées françaises. Or, « nous n’avons jamais voulu intervenir », a assuré Abdelmadjid Tebboune sur ce sujet très sensible qui suscite de nombreuses spéculations en Algérie comme en France.
« Il y a entraide dans le domaine de la sécurité, et nous avons toujours dit que la force vise à établir la paix et non à rechercher la paix – une fois la paix revenue, il faut la renforcer par la force, mais en attendant, il faut chercher les solutions pérennes ailleurs », a indiqué encore Tebboune d’après lequel une présence militaire au Mali ne peut pas être une solution sérieuse contre l’insécurité et l’instabilité dans la région.
« Une présence militaire dans un Sahara aussi vaste et avec une multitude de problèmes ethniques peut être utilisée par les radicaux comme un prétexte pour justifier le terrorisme sous une forme ou une autre », prévient en dernier lieu Tebboune en affirmant que la première préoccupation de l’Algérie est de préserver « l’unité territoriale du Mali ».