Une nécessité d’une part et une porte de misère d’autre part.
Pour la plupart des femmes et des enfants et parfois des hommes âgés, bien portants ou handicapés, les mendiants font désormais partie intégrante du décor de la capitale jadis la coquette.
Suscitant la pitié des âmes sensibles, charitables ou de bonnes volontés, sur les grandes artères, les rues, les marchés, à la devanture des pharmacies, des supers marchés, des guichets de transfert d’argent, les restaurants et même les lieux de culte (mosquées et églises), ces mendiants sont en quête de l’aumône à longueur de journée. Le plus grand danger que présente cette activité en ce moment, ce sont les enfants que ces mendiants trainent avec eux.
L’on se doit de se demander alors qu’est ce qu’il en sera de l’avenir de ces enfants innocents, éduqués dans la rue, et par la rue ? Ces enfants grandiront sans nul doute sans aucune éducation scolaire et religieuse et pire sans apprendre le moindre métier autre que le gain facile.
A côté de cette mendicité traditionnelle une autre forme de mendicité ne cesse de s’épanouir dans la ville de Bamako. Devenue un métier à plein temps, certains de ces ʺtalibés professionnelsʺ sont passés maitres dans l’art et n’ont rien à envier aux acteurs (comédiens) de Hollywood, de Bollywood et de Nollywood. Ils savent quelle histoire raconter dans les mosquées « je suis malade…, je n’ai laissé pour ma famille, j’ai fini mon transport…, j’ai un parent hospitalisé… je n’ai pas les moyens de payer les frais de soins médicaux ou les médicaments…, » dans les rues « je suis un voyageur et j’ai plus de provisions…j’ai besoin de frais de SOTRAMA…, » … tout ceci pour susciter de la pitié et de la peine auprès des autres. Le paradoxe, c’est que certaines personnes ont pu découvrir la vérité en croisant les mêmes mendiants à des endroits différents et avec différentes histoires ou versions d’une même histoire. Est-ce là, la mendicité autorisée par l’Islam ?
Selon les explications d’un ouléma, seuls principalement trois cas spécifiques de situation d’extrême nécessité sont tolérés par la religion musulmane en termes de mendicité « c’est d’abord en cas de totale nudité, une personne qui n’a pas de quoi manger, peut juste demander le nécessaire pour manger, ensuite celui qui doit verser le prix du sang, la ʺdiyateʺ et qu’il n’a pas le moyen de le faire, il peut faire recours aux musulmans pour le faire et enfin celui qui se trouve sous le poids de la dette ». La mendicité est alors une ouverture, une tolérance, une possibilité qui est donnée à l’être humain de trouver une solution à un problème ponctuel et temporaire mais seulement en cas de force majeure. Mais « L’Islam condamne d’ailleurs la mendicité » et en termes de condamnation le Prophète Mohamed (PSL) ne disait-il pas que « celui qui ouvre la porte de la mendicité, Allah va lui ouvrir la porte de la misère » ajouta-t-il.
Qu’est ce qui pourrait alors expliquer cette forte mendicité à Bamako et Mali en générale ?