Et tout s’écroula comme un château de cartes. Eh oui, hier soir, Dougouba a dû se résoudre à l’évidence : les Aigles du Mali n’ont pas encore le niveau de se qualifier à une Coupe du Monde. Après s’être auto-flagellés à l’aller ici à Bamako en offrant la victoire aux Tunisiens sur un plateau « Platine », les Aigles du Mali ont dû se contenter d’un nul vierge à Radès face aux Aigles du Carthage. Ce résultat anéantit l’espoir de tout un peuple qui, malgré la piètre prestation des poulains du sélectionneur Mohamed Magassouba, continuait à rêver à un sursaut d’orgueil. Mais hélas, contre toute attente, le capitaine Hamari Traoré et ses coéquipiers ont ramé à contre courant.
La rencontre d’hier des Aigles face aux Tunisiens est d’autant plus frustrante qu’elle a montré à la face de tous les amoureux du ballon rond en général et des supporters maliens en particulier, l’écart qui sépare l’équipe nationale du Mali de ses adversaires. Sur le plan technique que tactique, rien de plus spectaculaire n’est venu ni côté du malien encore moins du côté tunisien sur l’ensemble des deux matches (aller-retour). Ennuyeux et insipides, voilà les visages offerts par les deux équipes durant ces deux rencontres.
Nonobstant, les supporters tunisiens s’en sortent à bon compte. D’un côté, ceux-ci sont conscients de la complexité des confrontations avec le Mali dans un match de football au point que les Aigles étaient surnommés « Larabou bougô Zan » (Zan, la terreur ou le vainqueur des arabes, ndlr). Et le scénario de la CAN 94 demeure encore vif dans les esprits tunisiens (victoire 2-0 but des Aigles du Mali en match inaugural de la compétition). De l’autre, ils se sont qualifiés sans jamais avoir réussi à scorer un seul but. Quelle ironie !
Jamais, le Mali n’a été d’aussi près d’une qualification à la « Grande Messe » du football mondial. Jamais le Mali n’a été d’aussi décevant et sans âme dans un match de football. Le visage montré hier par le team du Mali donne envie de pleurer. Des joueurs sans agressivité, sans fond de jeu, aucune volonté manifeste de renverser une tendance qui pourtant leur tendait les mains eu égard à la prestation de l’équipe d’en face. Un milieu de terrain inexistant à l’image de Amadou Haïdara (le seul point positif dans l’entre jeu malien était Yves Bissouma), une défense tatillonne, une attaque brouillonne avec des escarmouches faméliques de Moussa Djenepo, les Aigles du Mali ont montré toute leur limite.
Fousseini Diawara, le sélectionneur national expliquait sur les antennes de nos confrères de Canal+ les raisons des résultats mitigés des Aigles du Mali par la faible volonté du public malien à supporter son équipe nationale. Il ne pourra plus jamais dire de telle connerie. Il devra se la boucler pour de bon, car jamais les Aigles du Mali n’ont bénéficié d’un si grand engouement et d’amour du public malien à son égard. Pendant près d’un mois, Dougouba a vibré comme un seul homme au rythme de cette double confrontation avec la Tunisie. Autorités publiques et sportives, artistes-comédiens, opérateurs économiques, associations, simples particuliers et supporters inconditionnels, chacun d’eux a joué sa partition pour l’atteinte de cet objectif commun : celui d’une qualification, toute première, à la Coupe du Monde. En vain !
Certes le sélectionneur Mohamed Magassouba n’est pas exempt de critiques quand il maintient un Abdoulaye Diaby inexistant dans le match pendant plus d’une heure et qu’au lieu de le remplacer, il fait sortir plutôt un Moussa Djenepo qui avait au moins la latitude de peser par ses dribles chaloupées sur la défense adverse. Quid de la sortie d’Yves Bissouma qui servait de chien de garde au milieu de terrain pour un Abdoulaye Doucouré qui n’a pas encore compris que le football africain se joue avec le cœur, pas avec les jambes seulement ?
L’équipe nationale s’est tout simplement sabordée. Sinon qui ne se souvient pas des interceptions d’Yves Bissouma au milieu de terrain de Brighton en Premier League en Angleterre ? Qui ne s’extasie pas devant les relances d’Amadou Haïdara dans l’entrejeu de Leipzig au Bundesliga en Allemagne ? Qui n’applaudit pas devant les chevauchés d’Hamari Traoré sur le flanc droit du Stade Rennais en Ligue 1 en France ? Qui ne savoure pas les enroulés de Adama Traoré « Malouda » à Chérif Tiraspol en Moldavie ou des buts plantés par Ibrahima Koné ferlant de lance de Sarpsborg en Norvège et qui récidive ces mêmes exploits actuellement Dire que ceux-ci n’ont jamais pu réaliser de telles prouesses pendant plus de 180 minutes n’est ni plus ni moins qu’une trahison du peuple malien qui a cru aveuglement en eux.
L’amertume du Révolté d’un jour tient plus aux joueurs qu’à la non-qualification du Mali à la Coupe du monde. Le réveil fut brutal pour celui qui croyait dur comme fer en cette équipe. Conclusion : cette génération des Aigles est passée à côté de l’histoire et vient de gâcher encore une fois la chance de toute une vie. En évidence le niveau n’y est tout simplement pas encore.