Au Mali, un homme peut se marier à 4 épouses, selon la religion musulmane. Cette polygamie est juridiquement admise. Elle est pratiquée pour des raisons précises qui sont, entre autres, l’islam, la fidélité, le désir d’avoir une grande famille. Cette pratique pose aussi un problème social et continue d’être le l’ambition de la majorité des hommes au Mali.
La polygamie est une pratique qui existe depuis maintenant plusieurs années au Mali et un peu partout en Afrique. La famille polygame est cette forme de famille où l’homme, le chef de famille a contracté le mariage avec plusieurs conjointes.
La famille polygame peut aussi entendue sous deux formes : la polyandrie quand c’est une femme qui a plusieurs hommes comme maris, chose qui ne se fait pas chez nous ici au Mali et la polygamie, quand c’est un homme qui a plusieurs femmes comme épouses. Cette dernière (la polygynie) est l’une des plus anciennes formes dans beaucoup de sociétés africaines.
En effet, la famille polygame était reconnue dans la société traditionnelle africaine comme utile pour la communauté, qui la pratiquait. À travers elle, les familles pouvaient résoudre certains problèmes comme le manque de main-d’œuvre familiale pour les travaux champêtres, l’infertilité d’une femme en prenant en mariage une autre épouse susceptible de procréer, etc.…
Pour bon nombre d’hommes, la polygamie reste la meilleure option pour être considéré comme bon musulman. Il évite à l’homme l’envie d’être infidèle et de ne pas ainsi commettre l’adultère ou la fornication. La fornication est considérée comme un grand péché dans la religion musulmane.
Les causes de la polygamie sont multiples, selon les hommes et selon les situations. Certains hommes, confrontés à des problèmes tels que l’infertilité féminine, sont obligés de faire recours à la polygamie. Pour d’autres, c’est l’envie d’avoir une grande famille, où de bien pratiquer leur religion (l’islam) qui stipule que chaque homme a le droit de prendre jusqu’à 4 épouses. Certes, la religion leur en donne le droit, mais elle ne les y oblige pas. Et l’homme, pour mener à bien cette tâche, il faut être honnête, traiter toutes les épouses au même pied d’égalité et aussi les enfants.
« Ce sont les femmes, selon les caractères qu’elles ont dans le couple, qui poussent les hommes à rester monogames ou à choisir la polygamie. Le mari d’une mauvaise épouse en épousera toujours une autre, qui pourrait être de bon caractère, influencer la première qui, du coup, se rajuste » soutient Namori Keita, polygame.
Selon Oumou Diop, première femme d’un foyer polygamique, les hommes ne sont pas droits entre les femmes. C’est ça qui pousse les femmes aux scènes de jalousie et autres. « Je suis la première épouse de mon mari, mais il ne me donne pratiquement rien. Je fais la lessive pour nourrir mes enfants, maintenant il donne tout à ma coépouse, parce qu’elle est la ‘’kognomousso’’ (nouvelle épouse) mes enfants et moi ne bénéficions de rien depuis l’arrivée de cette dernière. Etre polygame est très très difficile, surtout si l’homme n’est pas honnête et équitable entre les deux épouses »
Pour Haidara Mohamed, commençant au grand marché de Bamako, c’est l’homme qui provoque la jalousie entre les femmes. « Moi, j’ai 4 femmes chez moi, mais il n’y a aucune forme de jalousie entre elles, car je fais tout ce qu’elles veulent je ne donne rien à une que je ne donne pas aux autres ; elles sont toutes les mêmes pour moi, et je les aime toutes »
Bintou Diakité, ménagère, estime que les femmes poussent souvent les hommes à bout. « Je suis la troisième femme de mon mari ; en cette période du mois de ramadan, il y a une de mes coépouses, qui travaille, donc elle se fait des bons plats et à chaque fois, on réprimande notre mari pour ça, parce qu’on croit que c’est lui qui donne l’argent à cette dernière ; vraiment ce n’est pas facile »
Les enfants subissent les conséquences de ces scènes de jalousie, avec des conflits réguliers dans la famille. Ils se supportent, sinon ils ne s’entendent pas non plus. « Quand notre père décédait, nous étions très jeunes, mes frères et moi. Au lieu de rester soudés, mes demi-frères, qui étaient déjà plus âgés et avaient chacun un emploi, sont partis avec leurs mères. Nous, nous n’avions pas à manger. Nous ne parvenions pas aussi à payer le loyer. Etant l’aîné, j’ai dû abandonner l’école et faire du commerce afin de pouvoir nourrir ma mère et mes frères ». déclare Bourama Bagayoko, issu d’une famille Polygame. Comme pour dire le foyer polygame a peut-être ses avantages, mais a surtout des inconvénients ou des appréhensions. A chacune de savoir dans quoi il s’engage et s’y préparer en conséquence.