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Mamadou Sansi Bah, président du RJPPM : « Le Mali koura ne saurait être autre que démocratique »
Publié le vendredi 8 avril 2022  |  L'Observatoire
Panel
© Autre presse par DR
Panel des acteurs du Mouvement Democratique
Bamako, le 02 avril 2022, Les acteurs du Mouvement Democratique ont tenus un panel sur les 31 ans de l`avènement de la démocratie au CICB MS
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« Etat des lieux de la participation des jeunes dans les élections, 30 ans après l’avènement de la démocratie et la tenue des premières élections multipartites ; jeunes du Mali, des partis politiques et de la société civile, quel bilan pouvons-nous tirer de notre participation au jeu démocratique ? » Tel est le thème principal autour duquel se portait la conférence-débat initiée par le Réseau des Jeunes des Partis Politiques (RJPPM) en collaboration avec le Réseau des Jeunes Femmes Leaders des Partis Politiques et des Organisations de la Société Civile (REJEFPO), avec l’appui de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung, le samedi 26 mars 2022, à l’hôtel Méridiana de Bamako.




C’était sous la présidence de Mamadou Sansi Bah qui a, dans son discours d’ouverture au nom du RJPPM, exprimé toute sa satisfaction pour la tenue de la présente conférence, premier du genre ; en présence de M. Christian Klatt, Représentant-Résident la Fondation Friedrich Ebert, avec une mobilisation massive des jeunes de différents partis politiques du Mali.

Ce réseau a pour ambition de promouvoir l’ancrage de la démocratie au Mali en mettant en commun les initiatives républicaines de toutes les entités jeunes des différents partis politiques et entend jouer toute sa partition dans le processus historique d’un nouveau départ du Mali.

Selon Monsieur Bah, le souhait est d’avoir un Mali plus démocratique avec une jeunesse forte, vecteur de changement, des valeurs mues entre autres par l’intégrité, le patriotisme et la tolérance. « Nous sommes viscéralement tenus au respect de la différence et de non-discrimination du fait de l’âge, du genre, de l’appartenance ethnique, politique et religieuse », a-t-il fait savoir.

Et Mamadou Sansi Bah de renchérir : « Le Mali koura dont nous rêvons tous ne saurait être autre que démocratique», a-t-il soulevé.

Cette grande rencontre a enregistré la participation de panelistes comme Karim Agaly Cissé, président des jeunes du parti RPM-France, Mme Diallo Aïssata Touré, ancienne députée à la 6ème législative et Abdrahamane Diarra, président des jeunes du parti URD.

Les panélistes ont largement débattu le thème de la journée autour des questions comme : Quel rôle pour nous dans le Mali koura ? Que pouvons-nous faire pour la consolidation des acquis de la démocratie ? Ainsi que bien d’autres préoccupations que visent les réseaux RJPPM et REJEFPO à savoir : discuter des disparités considérables entre l’âge moyen de la population malienne (16 ans en 2019) et celui de ses dirigeants (62 ans en 2019) par rapport aux difficultés de pratique démocratique, proposer des perspectives de consolidation de la démocratie à travers les pratiques des jeunes, faire un état de lieu des difficultés de la pratique démocratique au Mali (de l’organisation des premières élections pluralistes à nos jours).

Sur l’état de lieu de la démocratie, l’honorable Mme Diallo et ses Co-débatteurs sont unanimement d’accord que bien avant les événements du 26 mars 1991, le Mali était un pays démocratique. Pour preuve, la Charte de Kouroukan Fouga. Mais de 1991 à nos jours, la situation du pays est chaotique avec des insuffisances dans la gouvernance, ce qui, illico, offre un tableau peu reluisant de la démocratie.

A en croire M. Karim Agaly Cissé, concernant l’obstacle à la pratique démocratique, il faut retenir au total de « 62 ans dans la démocratie, soit 26 ans de gouvernance civile et 36 ans de gouvernance militaire. A chaque nouvel élan, beaucoup de coups sont portés à la démocratie ou à la pratique démocratique. Les jeunes sont utilisés comme poumon des partis politiques et en matière de récompense, ils sont méprisés et non pris en compte. La démocratie est assimilée à l’anarchie. Il y a un manque de formation politique pour la majorité des jeunes.»

Quant à Abdrahamane Diarra, les partis marchent avec les subventions de l’Etat sans aucun apport des militants. L’un des obstacles est l’immaturité politique des jeunes. On a une mauvaise compréhension de pratiques démocratiques. Les partis politiques doivent investir dans la formation des membres surtout au niveau rural. « L’instrumentalisation des jeunes utilisés comme saisonnier est au détriment de l’engagement politique. Cet engagement doit être suivi de formation. Il ne faut pas confondre la conviction et l’ambition politique. Les jeunes doivent avoir le sens du sacrifice. Il faut avoir plus de conviction que d’ambition, car on ne vient pas en politique pour se servir, mais pour servir. Les jeunes doivent se renforcer dans tous les domaines. Un jeune qui contribue à l’élaboration du programme du candidat, à la mobilisation des électeurs, a le droit de réclamer un poste. Un responsable politique doit être pédagogue et montrer l’exemple pour se faire respecter », a-t-il clarifié.

A entendre l’honorable Diallo Aïssata Touré sur la question relative à la présence des jeunes au niveau des instances, l’engagement politique des jeunes est conditionné à une prise en charge financière des leaders politiques. En tant que jeune, il faut se rendre indispensable, se cultiver, se former pour pouvoir apporter quelque chose à la prise de décision. Les jeunes doivent être compétents, se former sur la culture générale. Payer sa carte d’adhésion et savoir ce qu’on veut entre ambition et conviction.

Elle a poursuivis que pour avoir le sens du sacrifice, il faut mettre dans les cursus scolaires et universitaires les idéologies politiques. « Comme cela, on pourrait relever le défi de l’excellence et de la probité morale. De ma carrière, j’ai adhéré à un seul parti politique, et depuis plus de 20 ans de vie politique, jamais, je n’ai été désignée dans la structure centrale, mais je participe à la vie du parti », a-t-elle témoigné.

A la suite de Mme. Diallo, Abdrahamane Diarra a précisé qu’en matière de politique, le linge sale se lave en famille. L’engagement est important et les compétences sont nécessaires. Les jeunes et femmes ne sont pas la couche vulnérable, mais plutôt le fer de lance. « Au niveau des partis politiques, il y a une défaillance légale. Les jeunes ne bénéficient pas de tous les avantages et sont opprimés. Le Bureau National est composé en majorité des membres qui profitent du parti. Les femmes et les jeunes ont une place. Leur voix ne porte pas assez d’où le déficit de démocratie au sein des partis politiques en termes de représentativité », a-t-il dénoncé. Ceux qui parlent au nom des jeunes sont-ils jeunes ou représentatifs de la jeunesse ?

Le Mali a pourtant ratifié la charte africaine de la jeunesse. « Au niveau des institutions de la république, les organisations de jeunes et de femmes ne sont pas associées à la prise de décisions. Les partis politiques bénéficient d’un financement public et aucun fond spécial pour les jeunes », ajoutera M. Abdrahamane Diarra. Avant de souligner qu’en matière de candidature, le coût des cautions pour l’inscription sur la liste est élevé. Une recommandation serait de conditionner l’octroi de financement public aux partis politiques qui remplissent certaines conditions en matière de représentativité des femmes.

Concernant la perception des Maliens de la démocratie et des élections, M. Abdrahamane Diarra dira: «Les Maliens n’ont plus foi aux structures politiques, ils ne font plus confiance aux partis politiques. Il y a une fracture entre les politiciens et la population. Dans la rue, on ne peut plus entendre parler d’élections. Mais, la relecture de la loi électorale peut corriger certaines lacunes. En matière de démocratie, il était important de voir si les structures sociales étaient prêtes. A partir du moment où un indépendant accède au pouvoir, il était temps de revoir l’ancien système de gestion et voir ce qui n’a pas marché. Les dérives ont donné des failles et les failles des gouffres. »

Toujours selon M. Diarra, « les élections claires et transparentes sont la meilleure solution ». Mais la question qu’on se pose est de comment ramener la confiance. Il est clair que la population est déçue des politiques et de la démocratie, tout simplement parce que beaucoup de leaders politiques n’ont pas montré l’exemple. Il a fait savoir aussi que la démocratie, comme tout processus, demande l’amélioration continue et un regard critique pour avancer sereinement. « Notre démocratie étant jeune, nous pouvons faire des benchmarking (modèles) dans les pays afin d’adapter notre démocratie à nos réalités (cas des Etats-Unis). Il y a des élections à mi-mandat pour changer la donne si le président ne répond pas aux attentes. Des dispositions dans la constitution permettent de dessaisir le président de son pouvoir», a-t-il indiqué.

A ses dires, le Mali a été géré par des politiciens et non-politiques. « La situation dans laquelle nous nous trouvons n’est pas la faute seulement aux acteurs politiques ; il y a de la manipulation d’information. La démocratie est le seul mode de gestion qui convient au Mali. La politique n’est pas un métier avec laquelle il faut conscientiser la population», a-t-il averti.

En fin de compte, des propositions de solutions ont été faites. Chaque intervenant selon sa vision, a demandé l’établissement d’une véritable démocratie dans notre pays. « Il faut mettre un tiers des jeunes et des femmes au niveau des partis politiques et du bureau central », a proposé Mme Diallo Aïssata Touré.

Abdrahamane Diarra d’estimer que le processus démocratique doit être inclusif et pour ce faire, il faut revoir la charte des partis politiques et les mécanismes d’évaluation des partis politiques.

Quant à M. Karim Agaly Cissé, il faut donner 50% de représentativité aux jeunes dans les instances de prise de décisions.

Sidy Coulibaly

Source : L’Observatoire
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