Le représentant spécial du secrétaire général des nations unies au Mali, El Kacem Wayne a informé le conseil de sécurité que la situation générale dans le pays demeurait inquiétante, ajoutant qu’aucune avancée notable n’a été enregistrée quant à l’application de l’accord de paix.
S’adressant au conseil, par visioconférence, Wayne a d’abord brossé la situation générale sur le plan sécuritaire au Mali, le mois de mars dernier a connu un certain nombre d’attaques meurtrières menées par l’organisation Daech dans le grand Sahara, dans la zone de Ménaka et au sud de la région de Gao.
Les combats dans la région de Ménaka, qui se sont déroulés à 200 kilomètres du plus proche point des forces militaires et sécuritaires maliennes et de la force de maintien de la paix au Mali (MINUSMA), ont fait 40 morts dans les rangs des civils et entrainé l’exode de 3640 familles.
Le représentant spécial du secrétaire général des nations unies a ajouté que les combattants de Daech dans le grand Sahara (ISGS) ont poursuivi leurs attaques contre Tesset, notamment contre un camp des Forces armées maliennes (FAMa) le 21 mars dernier.
Face à ces défis, a dit Wayne, il est nécessaire de préserver le niveau des capacités et nos forces et Il est tout aussi important de mettre en place des réponses appropriées aux défis de notre capacité insuffisante ainsi qu’aux contraintes des pays fournissant de troupes ou des unités de police.
Il a évoqué par ailleurs des rapports faisant état de violations des droits de l‘homme menées contre des civils à Mora, ajoutant qu’il est nécessaire que la mission des nations unies puissent accéder aux lieux où ont été commis ces exactions présumées conformément à la délégation qui leur a est octroyée par le conseil de sécurité.
Le représentant spécial du secrétaire général des nations unies a encore dit que bien que les opérations militaires pour lutter contre le terrorisme, il n’en demeure pas moins que l’expérience a prouvé plusieurs fois que cette voie à elle seule ne peut pas garantir une stabilité de longue durée, notamment dans un environnement compliqué comme celui qui prévaut dans le centre du Mali.
Le responsable onusien a dit que ces opérations doivent être menées de façon à minimiser les dommages causés aux civils et à soutenir les droits de l’homme et les principes du droit international humanitaire.
Dans ce cadre Wayne a dit que « La finalisation en cours par le gouvernement malien de sa propre stratégie et sa mise en œuvre effective sont essentielles pour parvenir à la stabilité dans la région. »
Il a rappelé que le retard mis à la finalisation de la période de transition a amené la CEDEAO à imposer des sanctions économiques et financières au mali en janvier dernier, en plus de mesures individuelles décidées il y a près d’un mois.
Cette impasse qui perdure malheureusement, a ajouté le représentant spécial de secrétaire général des nations unies, a accentué les tensions avec la CEDEAO et impacté négativement les relations du pays avec les autres acteurs internationaux.
Il a ajouté que la situation actuelle constitue un grand danger pour l’avenir de l’accord de paix et prive les populations locales des dividendes de la paix dont ils rêvent.
Wayne a réaffirmé qu’aucun effort ne doit être épargné pour parvenir à un accord à propos de la transition ce qui permettra non seulement de lever les sanctions, une mesure essentielle compte tenu de la situation humanitaire actuelle, mais aussi de créer un environnement plus propice à la poursuite des autres opérations essentielles pour la stabilisation du pays.
Pour sa part l’ambassadeur malien auprès des nations unies Issa Kanforo, dans sa communication au conseil de sécurité, a imputé l’instabilité politique et institutionnelle au Mali aux résultats catastrophiques d’élections mal organisées et une mauvaise administration.
« C’est pourquoi a-t-il dit le gouvernement de transition s’attèle à mettre en place des réformes essentielles afin de stabiliser les institutions et assurer aux maliens un avenir meilleur ».
Le diplomate malien a ajouté que son pays a encore besoin d’un minimum de conditions sécuritaires pour pouvoir organiser des élections, avant de révéler que son gouvernement participe encore au dialogue avec la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest à propos de cette question, y compris celle de la période de transition.
L’ambassadeur malien a enfin ajouté que son pays demandait la levée immédiate « des sanctions injustes, illégales et inhumaines » imposées par la CEDEAO et le bureau des nations unies en Afrique de l’ouest.