Cette année, le jeûne du Ramadan n’a vraiment rien d’une sinécure pour les fidèles musulmans. En effet, il intervient de bout en bout au mois d’avril, période particulière où quand l’on parle de chaleur, ça n’a rien d’une sordide histoire de…. poisson d’avril ! Sachant que nous n’en sommes qu’à la première décade, ce ne serait pas trop méchant de dire que ça promet de chauffer et que ‘’nous n’avons rien vu encore !… ‘’
Il est vrai qu’en tant que sahéliens, nous sommes habitués à endurer les incandescences du soleil, cependant l’équation devient plus compliquée quand il s’agit de gérer le jeûne, les souffles de la chaleur et la cherté de vie sans les délestages intempestifs. Une situation qui oblige nombre de fidèles à une vie de grabatteur en restant campés sous les arbres ou s’imbibés d’eau chaque instant toute la journée durant. D’aucuns en font trop en ne sortant à découvert que, tard l’après-midi, lorsque le soleil aura rangé ses armes, à quelques minutes de l’appel du muezzin annonçant la rupture du jeûne. On en trouve même qui, parce que n’ayant pas froid aux yeux, aux heures de pic de chaleur ne se gênent pas pour s’asperger le corps d’eau fraiche, des pieds à la tête, histoire de se refroidir le radiateur !
Plus chanceux sont ceux qui peuvent se prémunir contre la chaleur en s’offrant le luxe de se prélasser sous l’air frais dégagé par l’humidificateur. Pour les plus nantis, le jeûne s’observe dans l’atmosphère paradisiaque des salons ou les bureaux climatisés. Un immense plaisir certes, mais qui ne sera que de courte durée, car à la fin du mois, quand la société en charge de la fourniture de l’énergie présentera la lourde facture à payer, ce sera à leur tour de transpirer à grosses gouttes.
Toujours est-il qu’il faut aussi compter avec les aléas des coupures intempestives du courant, un autre calvaire qui vient aggraver la situation déjà bien compliquée des jeûneurs. Acculés jusque dans leur dernier retranchement, les suppliciés de la canicule ne savent plus où donner de la tête. Presque toutes les activités économiques tournent au ralenti. Car, seuls quelques rares jeûneurs audacieux se hasardent à braver les hostilités du soleil en restant toujours actifs à leur poste de travail au bureau, dans les ateliers, sur les chantiers, etc.
Ceci expliquant cela, il est aisé de comprendre pourquoi à certaines heures de la journée, les rues de Bamako sont quasiment désertes, chacun ayant réussi à se terrer dans un abri plus ou moins commode, en attendant que le soleil ne se décide de mettre fin aux hostilités, puis de lever le camp.
Ainsi va le mois du Ramadan chez nous au Mali, comme dans tous les autres pays de la bande sahélo-saharienne. Soupçon de rupture d’égalité entre, nous, jeûneurs des ‘’pays de chaleur’’ et nos frères et cousins des pays côtiers qui observent le ramadan sous la pluie et le beau temps.