L’Union européenne a décidé lundi "d’arrêter" ses missions de formation et d’entraînement de l’armée et de la garde nationale au Mali, mais va rester au Sahel et se déployer dans les pays voisins, a annoncé le chef de la diplomatie européenne.
"On arrête les missions de formation et les entraînements des forces armées et de la garde nationale, mais nous allons poursuivre les formations sur les lois de la guerre, car il faut que les militaires sachent que la guerre a des lois et des règles du jeu", a expliqué l’Espagnol Josep Borrell à l’issue d’une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE à Luxembourg.
"Les événements nous forcent à cette décision. Nous n’avons pas obtenu (de la junte) les garanties demandées. Mais nous n’abandonnons pas le Sahel. Nous allons nous déployer dans les pays voisins", a-t-il expliqué. L’Allemagne envisage de retirer ses militaires présents au Mali dans le cadre de la mission de formation de l’UE et de la mission des Nations unies au Mali, la Minusma. La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a prévu de rencontrer le chef de la junte malienne lors d’un déplacement cette semaine au Mali. Elle veut "se faire une idée précise de la situation politique et sécuritaire" en vue de décider du maintien ou non de la Bundeswehr, a expliqué un porte-parole du ministère.
Quelque 300 soldats allemands participent à la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM), et 1.100 soldats à la Minusma qui compte 14.000 militaires et policiers. "La question est de savoir comment la Minusma va pouvoir continuer à travailler. Si c’est pour rester aveugle et sourde dans des casernes, ce n’est pas nécessaire de rester", a jugé Josep Borrell.
Les militaires ont pris le pouvoir au Mali lors de deux coups d’Etat, en août 2020 puis en mai 2021. Le principal problème posé à l’UE est la présence de mercenaires du groupe russe Wagner, venus au Mali à l’appel de la junte, et la collaboration d’unités de l’armée malienne formées par l’UE à leurs activités. Les Européens réclament une enquête indépendante sur les événements qui se sont produits à Moura, dans le centre du pays, entre le 27 et le 31 mars. L’armée dit avoir "neutralisé" 203 jihadistes lors d’une opération d’envergure. Mais des témoignages font état de l’exécution en masse de civils par des soldats maliens et des "combattants étrangers".
La région de Moura est l’un des principaux foyers des violences sahéliennes. Les Nations unies ont annoncé avoir ouvert une enquête. L’UE a engagé plusieurs centaines de militaires et d’experts dans deux missions de formation au Mali, l’EUTM pour les forces armées et l’EUCAP Sahel-Mali pour la police. Le mandat de l’EUCAP, approuvé en 2015, a été prolongé au 31 janvier 2023. Celui de l’EUTM, depuis 2013, court jusqu’au 18 mai 2024.