La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a affirmé mercredi à Bamako l’impossibilité pour les Européens de coopérer avec les forces maliennes tant que celles-ci collaboraient avec les Russes, s’attirant une fin de non-recevoir de son homologue.
Après une rencontre avec le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, Mme Baerbock a exprimé devant des journalistes la crainte de "crimes de guerre massifs" contre les populations civiles maliennes, suivant un "schéma" observé selon elle de la part des forces russes en Syrie ou en Ukraine. Son homologue malien Abdoulaye Diop a demandé en sa présence qu’on se garde de tout "amalgame" et affirmé la nécessité de respecter les choix de son pays. "Le Mali souhaite travailler avec l’ensemble de ses partenaires, y compris l’Allemagne, la Russie, la Chine, les Etats-Unis", a-t-il déclaré. Mme Baerbock a invoqué la décision annoncée lundi par l’Union européenne "d’arrêter" ses missions de formation et d’entraînement de l’armée et de la garde nationale au Mali. Quelque 300 soldats allemands participent à la Mission de formation de l’Union européenne (EUTM). "Nous ne pouvons poursuivre la coopération sans démarcation d’avec les forces russes", a-t-elle dit, rapportant un "appel pressant" qu’elle avait adressé en ce sens à ses interlocuteurs. Le président russe Vladimir "Poutine mène contre l’Ukraine une grave guerre d’agression contraire aux droits des peuples", a-t-elle enchaîné. "Il ne faut pas confondre les choses", a répondu M. Diop. "Le Mali n’est pas impliqué par rapport à ce qui se passe" en Ukraine, "mais je crois qu’il ne faut pas faire trop d’amalgame à ce niveau: la situation du Mali est la situation du Mali et nous souhaitons que chaque partenaire du Mali aussi respecte les choix du Mali", a-t-il insisté. Le Mali, plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde malgré le soutien de forces étrangères et gouverné depuis 2020 par des militaires arrivés au pouvoir par la force, s’est détourné ces derniers mois de la France et de ses partenaires européens, et tourné vers la Russie. Français et Européens dénoncent le recours fait selon eux par Bamako aux services de la société de sécurité privée russe Wagner, aux agissements controversés. La junte dément et parle de coopération d’Etat à Etat avec la Russie. "Le Mali n’abrite pas de société de sécurité privée comme cela est allégué ici et là. Le Mali a une coopération d’Etat à Etat avec la Russie et une copération de long terme", a répété M. Diop.