La situation socio-politique et sécuritaire est de plus en plus tendue au Mali. Elle est marquée par le poids des sanctions de la CEDEAO, un rétrécissement de l’espace démocratique et des soupçons d’exactions récemment dans la localité de Moura dans le centre du Mali.
Les Forces armées maliennes affirment avoir “neutralisé” 203 djihadistes, mais des témoignages font état de l’exécution des civils par l’armée malienne soutenue par des soldats étrangers qui, selon certains, seraient des mercenaires russes de Wagner.
Le mandat militaire allemand dans la fourchette
Christine Lambrecht a exigé une enquête “complète et transparente” sur ces faits. Elle a aussi renouvelé ses doutes quant au maintien de l’engagement militaire allemand dans le pays. “Nous voyons que les soldats maliens sont formés de manière formidable par des soldats allemands hautement motivés et qualifiés, et qu’ils partent ensuite en mission avec ces capacités, par exemple avec des forces russes, voire avec des mercenaires. Il se peut que des violations des droits de l’homme soient commises par ces derniers. Ce qui est contraire à nos valeurs. Dans ce cas, je ne vois pas d’avenir pour ce mandat”, a-t-elle dit.
Le débat est en effet vif au sujet du maintien des soldats de la Bundeswehr au Mali. Mais pour Ulf Laessing, responsable du Programme Sahel à la Fondation Konrad Adenauer à Bamako, la réponse est claire. “C’est la décision du parlement, mais je pense que l’Allemagne devrait continuer à s’engager militairement au Mali. L’Allemagne a une bonne réputation au Mali en tant que partenaire honnête et sans agenda. Il faut certainement réfléchir à la manière d’améliorer la mission de formation (de l’EUTM) et la mission de l’ONU, MINUSMA à laquelle l’Allemagne participe”, indique-t-il.
“Mais la stabilité du Mali et de la région du Sahel est importante pour l’Allemagne et l’Europe. C’est pourquoi, nous devons continuer à nous engager ici, si le Mali le souhaite. C’est justement parce que la Russie s’étend ici que nous devrions continuer à être présent pour offrir des alternatives aux Maliens”, poursuit-t-il. Ulf Laessing rappelle que les institutions allemandes sur place au Mali travaillent de leur côté avec les acteurs locaux au renforcement de l’Etat de droit et la démocratie.
Des projets d’aide au développement
La présence allemande au Mali n’est en effet pas que militaire. Berlin soutient, depuis des années, des projets d’aide au développement.
“Le gouvernement de transition a toujours exprimé avec raison cette demande de souveraineté et de ne pas être dirigé par les autres pouvoirs et bien sûr aussi les organisations internationales qui sont actives doivent respecter cela. Au niveau des Fondations, pour nous, on se dit qu’on va soutenir notre partenaire malien (…) pour que cette transition soit une réussite”, explique Christian Klatt, le représentant résident de la Friedrich-Ebert-Stiftung au Mali.
Une transition dont la durée reste pour le moment le principal point de friction entre les autorités de transition au Mali et la Communauté internationale.