Adama Dembélé : L’Amalan est un institut de recherche, qui a été créé le 13 septembre 2012. C’est dans le cadre de la recherche et de la promotion sur les 13 langues nationales retenues par le Mali.
Mali Tribune : Au-delà de la promotion, est-ce qu’Amalan joue d’autres rôles par rapport aux langues nationales ?
A. D. : Dans le cadre de la promotion des 13 langues, des recherches sont faites afin de produire des documents pour servir les locuteurs de ces différentes langues nationales. En plus, l’Amalan fait la traduction des documents officiels et pour des particuliers. Ces documents sont utilisés pour faire comprendre certaines choses qui sont dans la langue française qui souvent ne sont pas tellement bien comprises par les locuteurs ou bien les usagers par qui les documents sont utilisés. Ces documents permettent à ces commanditaires, ceux qui viennent vers nous avec leurs documents pour pouvoir bien communiquer, bien faire passer leurs messages au niveau de la population à la base.
Mali Tribune: Quelles sont les 13 langues nationales ?A.D.: Le Bamanakan, le Fulfuldé, le Sinara, le Tamasheq, le Assania, le Manigakan, le Kassogué, le Songhoy, le Bômu, le Mamaran (les mianka); le Dôkôssô (dogon), le Bozo.
Mali Tribune : Sur quelles bases les 13 langues ont été choisies comme langues nationales étant donné qu’il y a plusieurs langues ?
A. D. : C’est une loi, sur la base de recherches, qui a retenu ces 13 langues. Les recherches continuent sur les autres langues. Quand ces autres langues seront expérimentées peut-être que l’Etat va prendre des lois pour les retenir aussi. Par exemple pour le Samôkô, les documents sont faits dessus mais l’Etat ne l’a pas encore retenu.
Mali Tribune : Y a-t-il une politique de promotion de ces 13 langues à Amalan ?
A. D.: Effectivement, il y a le document de politiques linguistiques qui a été élaboré en son temps par l’Institut des langues Abdoulaye Barry (ILAB). L’Amalan est sorti de l’ILAB, qui a été créé en 2001 après l’éclatement de l’ex DNAFLA. Et après c’est ILAB qui a participé à l’élaboration de ce document de politique linguistique qui a été adopté par le conseil de ministre en 2014. C’est l’Amalan qui est chargé de la mise en œuvre de ce document de politique linguistique au Mali. Donc, nous avons même commencé à le traduire dans les 13 langues. Nous avons déjà fait la traduction de la première partie, il reste la deuxième partie. Quand ce document sera totalement traduit, l’Amalan va essayer de vulgariser auprès des populations à la base pour que ce document puisse être bien compris et que les populations puissent s’en approprier.
Mali Tribune : Donc il y a des linguistes qui peuvent écrire dans ces 13 langues?
A. D. : Individuellement chacun de nous peut produire un document dans sa langue qu’il utilise ici. En dehors de ça l’Amalan a initié l’élaboration des documents dans chacune de ces langues aussi. Nous avons la grammaire de référence qui a été fait par les différentes unités linguistiques et il y a aussi les lexiques spécialisés qui ont été fait également élaborer. Ça a commencé depuis le temps de l’ILAB et L’Amalan qui a hérité de l’ILAB continue à les produire également dans les différents domaines. Nous avons les lexiques spécialisés en milieu scolaire art et linguistique, nous avons des lexiques spécialisés en histoire et géographie, lexique spécialisé en politique administrative et puis les lexiques spécialisés en science naturelle mathématique et physique chimie. Nous avons eu à élaborer ces documents et chaque unité a produit à son niveau.
Mali Tribune : Pensez-vous qu’une de nos langues nationales pourrait nous servir au-delà de nos frontières au point d’en faire la langue officielle ?
A. D. : C’est une décision politique. Ce que je peux dire pour le moment, le Mali est dans une logique de laisser les langues compétir et si une langue arrive à s’imposer, comme les gens sont en train de constater actuellement, c’est la langue Bamanakan qui est en train de s’imposer. On peut donner la chance à cette langue aussi d’être utilisée comme langue de travail. Effectivement, on a vu dans beaucoup de pays aussi il y a plusieurs langues qui sont parlées, mais y en a ils ont pu instituer une langue comme officielle donc à côté du français. Mais, je ne pense pas que le Mali soit dans cette logique d’abandonner totalement le français. C’est-à-dire on peut utiliser le français en plus de ça aussi décréter une de nos langues comme officielle et ces deux seront utilisées.
Mali Tribune : Quelle est la différence entre une langue officielle et une langue nationale?
A. D. : La langue nationale du Mali est le français et c’est cette langue qui est utilisée dans nos administrations. C’est une langue de travail dans nos administrations. Les langues nationales, ce sont nos différentes langues aussi appelées langues maternelles, mais qui ne sont pas utilisées. Il n’y a pas de document de loi, de texte juridique pour les instituer comme langue de travail dans nos administrations. Même si les gens les utilisent dans nos administrations, il n’y a pas de textes juridiques qui les instituent comme langue de travail dans nos administrations. Quand ces langues seront retenues comme langues officielles désormais nos textes administratifs seront traduits dans toutes ces langues ou bien si c’est une seule langue qui est retenue.