À mesure que les sanctions de la Cedeao contre le Mali perdurent, le Sénégal en ressent les contrecoups en raison de ses relations économiques avec ce pays. Les dernières données publiées par l'Agence nationale de la Statistique et de la Démographie sur le commerce extérieur sont assez édifiantes sur la question.
L'agence relève qu'au mois de février 2022, les exportations du Sénégal se sont établies à 227,4 milliards de FCFA contre 272,0 milliards au mois précédent soit un repli de 16,4%. S'il est vrai que comparé au mois de février 2021, les expéditions se sont relevées de 2,7%, ces chiffres ne révèlent pas une bonne santé des exportations du Sénégal vers ses clients traditionnels.
Dans le cas de la période étudiée, il faut savoir que les principaux clients du Sénégal ont été la Suisse à hauteur de 15,1%, la Chine (10,8%), le Mali (10,7%), l'Inde (8,1%) et la Côte d'Ivoire (4,9%).
De tous ces clients, c'est la chute des échanges avec le Mali qui est la plus saisissante. En effet, de 27,0% en décembre 2021, les exportations vers le Mali sont passées à 22,8% en janvier 2022 avant de tomber à 10,7% au mois de février. Entre janvier et février, le Mali a perdu sa place de premier client du Sénégal au profit de la Suisse.
Le bulletin mensuel de l'ANSD révèle que les produits exportés au cours de la période sous revue ont été l'or monétaire (41,3 milliards de FCFA), les poissons frais de mer (26,5 milliards FCFA), les arachides non grillées (24,2 milliards FCFA), les produits pétroliers (17,5 milliards FCFA) et l'acide phosphorique (17,3 milliards FCFA).
Si on prend l'exemple des produits pétroliers qui ne font pourtant pas partie des produits exemptés, leur exportation a connu un repli car de 57,6 milliards FCFA au mois de janvier, ils sont passés à 17,5 milliards FCFA en février même si le Mali n'est pas le seul client du Sénégal.
Les voyants ne sont pas prêts de revenir au vert. À l'occasion de son sommet extraordinaire du 25 mars dernier à Accra, la Cedeao a maintenu ses sanctions contre le Mali qui refuse de s'aligner sur 12 ou 16 mois de transition exigée par l'organisation sous-régionale. Président en exercice de l'Union africaine, Macky Sall avait préconisé une solution négociée dans cette crise dont les conséquences sont en train d'être amplifiées par une autre en cours en Eurasie entre la Russie et l'Ukraine.