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Route Bamako-Kayes : Quand le Mali refuse de se développer
Publié le mardi 19 avril 2022  |  Arc en Ciel
Travaux
© aBamako.com par A S
Travaux de Réhabilitation de la route Kati-Kolokani-Didiéni
Bamako, le 29 octobre 2018 La ministre des Infrastructures et de l’Equipement, Mme Traoré Seynabou Diop, s’est rendue hier, à Kati pour visiter le chantier du projet de réhabilitation et de renforcement du tronçon Kati-Kolokani-Didiéni
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Il est connu de toutes et tous que le développement passe par la route. Mais, quand un pays décide de faire fi de cette réalité, l’on pourrait sans risque de se tromper dire qu’il a volontairement choisi de ne pas s’asseoir à la même table avec les états développés. Malheureusement au regard de certaines routes vitales pour l’économie malienne, sans risque de se tromper, l’on peut affirmer que le Mali refuse de se développer.

Bamako-Kayes-Diboli/ Bamako-Zégoua-Pogo, pour ne prendre que ces deux axes importants de ravitaillement du pays. Là, où l’on devait aujourd’hui être dans des logiques de construction d’autoroutes, l’on peine à avoir une route bitumée basique.

De Bamako à Kayes, ou de Kayes à Bamako, à part le tronçon Bamako-Kolokani qui vient d’être refait et dont le chantier est toujours en cours, les chauffeurs n’ont pas le choix que de choisir leurs nids de poule, tant il est impossible d’éviter ces trous béants, à l’allure d’œuvres d’un artiste maléfique. Et, si rien n’est fait pour colmater les grosses brèches ouvertes sur cette route internationale qui assure le ravitaillement du pays avec la mort du chemin de fer Bamako/Dakar, il faut craindre la multiplication du nombre des accidents de route avec l’hivernage qui s’annonce. Très mal en point, la route de Kayes/ Bamako va d’avantage se dégrader avec l’hivernage. Et, ce sera bonjour les dégâts.

Aujourd’hui, il est pratiquement impossible de parcourir cette route sans avoir un pincement au cœur avec les dizaines de camions couchés sur leur flanc. Enfin, c’est pratiquement un miracle de quitter Kayes et atteindre Bamako sans être victime d’un accident au regard de la dégradation avancée de la route.

Comment un pays qui compte sur les ports de ses voisins pour son ravitaillement et pour l’évacuer de ses productions de rente, soit dans l’incapacité de se doter de routes dignes de nom ? Cela nous amène à nous demander : Et, si le Mali refusait le développement ?

Les partisans de peu d’efforts vont nous poser le problème des ressources financières. Dans un monde, où les nations ne s’asseyent plus pour attendre la pluie tombée du ciel, le Mali ne doit pas admettre sa pauvreté, car cela est faux sur toute la ligne. Le Mali est riche et très riche. Sans prendre en compte les ressources minières, nous disons que le Mali est riche d’hommes et de femmes extrêmement intelligents et travailleurs, mais qui ont besoin d’être mis à la tâche.

Effectivement, à analyser de près la gouvernance de certains secteurs du Mali, l’on peut sans risque de se tromper dire que le Mali, à travers des dirigeants peut ambitieux, n’arrive pas à se projeter dans la réalisation de grand programme de développement, en utilisant au maximum le potentiel humain et naturel du pays.

Ici, on parle des routes. Mais, si on prend le secteur agricole la situation est extrêmes grave. A part, le coton et dans une moindre mesure le riz et l’élevage, le Mali a fait l’option d’appauvrir sa population laborieuse malgré son potentiel sylvo-agro-pastoral.

Comme si le pays avait décidé d’arrêter de réfléchir. Aucun effort réel n’est fait pour le développement de filières porteuses en termes de revenus conséquentes pour les paysans. Et, seul Dieu sait le potentiel de ce pays. Structurés et encadrés, les paysans maliens pourraient ravitailler le monde en mangue de qualité, en poids sucrés, en sésame, et en pomme d’acajou.

Un programme bien ficelé pour la culture du henné et la récolte de la sève de certains arbres qui poussent de façon naturelle dans certaines contrées du pays, pourrait éloigner les populations de plusieurs villages des régions de Kayes et de Koulikoro de l’extrême pauvreté. Mais, rien de sérieux n’est fait pour le développement de ces filières.

Pour ce qui concerne la pomme d’acajou, avec le kilogramme de la noix qui est vendu aujourd’hui à au moins 1200 dollars américain la tonne sur le marché international, le Mali ne doit pas refuser de donner la chance aux paysans maliens d’aller capter une bonne partie de cette manne financière. Tous les cercles de la région de Sikasso, de la région de Ségou et une bonne partie des régions de Kayes et de Koulikoro, sont propices au développement des champs de pomme d’acajou. En plus de la vente de la noix, le Mali pourrait se donner un couvert végétal important par le développement de cette filière.

Que dire de la noix de Karité, dont le beurre est vendu aujourd’hui à 7 000 FCFA le kg dans certains pays occidentaux ? Voilà une manne financière qui ne bénéficie pas aux paysans maliens, parce que l’Etat n’a rien fait pour organiser la filière. Et, plus grave rien de concret n’est fait pour la vulgarisation des résultats des recherches afin que les pays développent l’arboriculture sur la base de cette plante adaptée au climat du Sahel et qui pourrait être la plante nationale du Mali.

On peut en dire de même pour la mangue qui est en terrain conquis sur tout le territoire malien. Bien structurée cette filière pourrait constituer le démarrage d’une industrie transformatrice de nos produits agricoles. Le Mali pourrait proposer du jus de manque de grande qualité au Marché malien, africain et international.

L’on pourrait en dire pour autant de spéculation agricole. Pratiquement chaque région du Mali a sa spécifié agricole qui pourrait être le moteur de son développement. Sortons très vide de cette structuration de notre économie sur l’industrie extractive. Et, pour cela utilisons la manne financière récoltée de l’exploitation de l’or pour faire de notre pays une puissance agricole avec la vocation de vendre au monde entier.

Au-delà du travail et du travail bien fait, aucun discours lénifiant, ne pourra nous assurer une souveraineté. Comme le tigre ne crie pas sa « tigritude », le Mali ne devra pas crier sur tous les toits sa souveraineté, mais travailler et poser les jalons qui lui garantiraient cette souveraineté contre vents et marées. Mais, hélas, nous avons décidé de nous leurrer, malgré le potentiel naturel de notre pays qui invite notre intelligence à un peu plus d’efforts.

Assane Koné

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