Au-delà de l’embarra sur fond de polémique suscité par les incidents survenus au cours d’une réunion du M5-RFP impliquant le Premier ministre de la transition, ils remettent au goût du jour l’épineuse question des multiples casquettes en violation de l’article 58 de la constitution de 1992. Délit d’initié ou méconnaissance des textes par l’élite ?
Depuis quelques jours, les incidents survenus au cours de la réunion du M5-RFP défraient la chronique. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, partisans et adversaires du Premier ministre s’affrontent à coup de propos insultants et méprisants. Cette situation qui paraît insolite voire inédite est pourtant loin d’être la première du genre. Il y a le cas d’une ministre de la République qui a failli en venir aux mains avec les membres de son association sans parler des rixes qui ont déchu Dramane Traoré de l’Adéma-PASJ de son statut de membre du comité exécutif et militant du parti.
A priori, ces différentes situation n’ont rien en commun, cependant, elles partagent un dénominateur commun à savoir : le cumul de plusieurs casquettes en violation de l’article 58 de la constitution de 1992 (toujours en vigueur) qui stipule : « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire, de toutes fonctions de représentation professionnelle à l’échelle nationale ou locale, de tout emploi public ou toute activité professionnelle ou lucrative.
Une loi organique fixe les conditions dans lesquelles il est pourvu au remplacement des titulaires de tels mandats, fonction ou emploi. Le remplacement des membres du parlement appelés au gouvernement a lieu conformément aux dispositions de l’article 63 ». Au regard de cette disposition, sauf mépris, on peut dire sans risque de se tromper que le Premier ministre s’est trouvé au mauvais endroit avec une casquette qui ne devrait plus être la sienne après plusieurs mois passés à la tête de la primature.
Devenu le sport favori des cadres et leaders d’opinion du pays depuis l’avènement de la démocratie, la violation des règles et textes dont le cumul de casquette traduit sans nul doute l’usage sélectif des lois de la République par les responsables qui doivent donner le bon exemple et servir de référence au peuple.
Toutes choses qui annihilent les efforts du législateur qui a, au fil des ans, doté le pays des lois et règlements révolutionnaires à faire pâlir de jalousie de nombreux pays voisins, pour lesquels le Mali est devenu une référence dans plusieurs domaines. Au moment où la refondation du pays est en chantier, la récurrence de cette pratique qui s’étend jusque dans le domaine associatif demeure le plus grand obstacle pour l’atteinte des objectifs que visent les réformes préconisées.
Socle de la stabilité et garant de la cohésion sociale, le respect et l’application stricte des lois de la République est au pays, ce qu’est l’eau à la vie. Il est plus qu’urgent que l’ensemble des acteurs de la vie publique tirent les enseignements de la crise multiforme que le pays traverse depuis 2012 et dont les causes profondes sont à chercher dans la violation généralisée des lois de la République. Si la charité bien ordonnée commence par soi, il revient à l’élite du pays d’entamer la refondation par la révision de leur rapport aux lois de la République.