Pour une large partie de l’opinion nationale, la démocratie est synonyme de mensonge, de détournement du denier public, de banalisation des valeurs culturelles et morales, de violences physiques et verbales. 31 années après l’avènement de la démocratie dans le pays, le rêve des Maliens peine à être réalité. C’est dans un contexte marqué par une réticence accrue de la quasi-totalité de la population à la moindre allusion à ce mode de gouvernance que les acteurs du mouvement démocratique sont sortis des bois en sonnant le rappel des troupes. Arriveront-ils à rectifier la trajectoire de l’histoire ?
Les multiples conséquences de la mauvaise gouvernance dont la détérioration permanente du quotidien et la récurrence des crises sociopolitiques ont fait ombrage aux multiples avantages de la démocratie. De nombreux Maliens accusent, la démocratie est source de tous les maux qui rongent le pays. Pour un observateur du champ politique, ce verdict sans appel d’une proportion non négligeable de l’opinion nationale n’est pas erroné au regard du spectacle affligeant proposé par la classe politique depuis plus d’une trentaine d’années.
L’instabilité politique sur fond de coup d’Etats à répétition et le cycle ininterrompu des grognes sociales contrastent avec l’éloge et les bienfaits la démocratie soutenue par les acteurs du mouvement démocratique. Après 31 années de pratique démocratique, les aspirations et les attentes peinent à se traduire en réalité. Au- delà des mots, la déception sous-tendue par des nombreuses années de désillusion se lit sur les visages et l’échec de la démocratie est sur presque toutes les lèvres.
De la simple impression, le danger sur l’existence de la démocratie est une implacable réalité si la joie et le soulagement populaire qui accueillent les coups d’Etat devaient faire foi. Préoccuper par la conquête du pouvoir au prix de tous les compromis et compromissions, les acteurs du mouvement démocratique payent aujourd’hui la facture de leur complicité passive ou active dans la fragilisation de l’Etat pour n’avoir pas assuré le service après-vente après l’avènement de démocratie. La rencontre initiée par l’Adéma ayant regroupé les acteurs du mouvement démocratique signe-t-elle leur retour sur la scène politique pour faire front contre les partisans de la réécriture de l’histoire et pour restaurer la démocratie ou une simple réaction épidermique en réponse à l’absence remarquée du Premier ministre lors de la célébration du 26 Mars ?
Quoi qu’il en soit, la tâche s’annonce rude au regard de l’ampleur de la fracture entre la population et la classe politique d’une part et de la détermination des détracteurs qui mettent à profit plusieurs décennies de désillusion populaire pour falsifier l’histoire.