Les pays membres de la Cédéao sont sommés par l’organisation sous-régionale de respecter les sanctions contre le Mali. Le Sénégal est soupçonné de les avoir violés en laissant le passage aux camions du Mali. Il est sous la menace de sanctions.
Le contexte de bon voisinage et de cohabitation séculaire entre les populations de nos pays voisins et les nôtres font que l’embargo de la Cédéao n’est pas appliquée à la lettre. La réalité aussi est que de leur position privilégiée sur la façade maritime, certains de ces pays tirent un grand intérêt de la continentalité du Mali. Ils sont tout simplement les principaux débouchés pour notre pays. Les sanctions contre le Mali leur causent des dégâts collatéraux.
Situé sur un millier de kilomètres, le port de Dakar est la principale destination des embarcations maliennes. Ce qui fait d’ailleurs du Mali, le principal client du port autonome de Dakar, qui souffre lui aussi de la fermeture des frontières que le Mali. C’est ainsi que pour faire du bien aux commerçants maliens et renflouer leurs propres caisses, les autorités douanières et maritimes sénégalaises ont fermé les yeux en laissant passer des camions maliens de l’autre côté de la frontière. Cela grâce à l’implication de nos autorités en charge de l’activité commerciale et aussi de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, la faîtière des commerçants. Non sans demander aux Maliens de garder le plus grand silence autour de ce business mutuellement avantageux pour les deux pays et de n’en tirer aucune gloriole qui puisse être préjudiciable pour la suite des opérations.
Même si l’arrangement entre les deux voisins n’a pas fuité par la faute de l’un ou de l’autre partie, la Cédéao veillait au grain tout en restant en embuscade contre toute violation des règles du jeu par la partie sénégalaise et édictées par ses soins.
Au début de la mise en œuvre de la fermeture des frontières, la Cédéao a pris le soin de filmer par drone le poste frontière de Kidira. Dans ses investigations, la Cédéao a trouvé 600 camions maliens qui n’avaient pas franchi la barrière. Le même exercice a été renouvelé la semaine dernière de ce mois d’avril. Le constat ahurissant de la Cédéao a été qu’au lieu de s’attendre à un nombre exponentiel de ces camions stationnés, plus de 85 % d’entre eux n’étaient plus sur place.
L’ordre a été alors donné aux autorités de Dakar particulièrement la police des frontières et surtout la douane de se justifier. Comme celles-ci ne peuvent prendre aucune décision surtout économique sans l’aval de leurs chefs hiérarchiques donc de l’Etat sénégalais, il va sans dire que c’est Dakar qui sera sur le banc des accusés de la Cédéao. Wait and see.