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Réseaux sociaux : Le phénomène «vidéo-man»
Publié le mercredi 4 mai 2022  |  L’Essor
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À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous avons choisi de mettre en lumière des journalistes d’un nouveau type. Il s’agit des «vidéo-men» dont la pratique jure souvent avec l’éthique et la déontologie du métier. L’ère du tout numérique et de la domination de l’image a favorisé l’émergence de ces acteurs qui inquiètent les professionnels soucieux de donner l’information dans les règles de l’art



Le Mali à l’instar du reste du monde, a célébré hier 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse. Elle a été proclamée en 1993 par l’Assemblée générale des Nations unies, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) créée en novembre 1945. Celle-ci a choisi cette année le thème : «Le journalisme sous l’emprise du numérique».



Cette célébration intervient à un moment où les réseaux sociaux font peser sur les médias d’information professionnels une menace existentielle. Ces plateformes numériques remettent en cause la viabilité du modèle économique qui a jusqu’ici permis l’essor des médias. 

Les pages numériques continuent d’accaparer l’attention du public. Publié en mars dernier, un nouveau rapport de l’Unesco, examinant les tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias de 2016 à 2021, a attiré l’attention sur cette situation. 



Au Mali comme ailleurs, un nouveau type de journaliste appelé «vidéo-man» a fait irruption sur la scène médiatique à la faveur de ce que certains appellent la dictature des réseaux sociaux notamment le groupe Meta (Facebook) et YouTube. 

Smartphones et trépieds suffisent désormais pour s’autoproclamer journaliste et exercer ce métier ô combien exigeant. Les «vidéo-men» sont de plus en plus sollicités pour diffuser des messages de propagande, véhiculer des fausses informations ou des invectives. Cela au mépris total des règles de bonne conduite, des principes éthiques et déontologiques, très chers à tout journaliste professionnel. 



Comment se défissent les «vidéo-men» eux-mêmes ? Qu’est-ce qu’il faut pour encadrer leur pratique qui menace la presse, tout en préservant les acquis en matière de liberté de presse et de pluralisme médiatique ? 



Pour répondre à ces questions, nous avons approché l’activiste et «vidéo-man» Mamadou Traoré. À l’en croire, «activiste et vidéo-man ont pour mission de révéler les incohérences et les dysfonctionnements du système politique, défendre la justice, l’équité…». 

Il se dit sidéré de constater que la plupart des «vidéo-men» ne traitent que les questions politiques «pour leurs propres intérêts et non celui du public». Le président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel-Mali) estime qu’être «vidéo-man» n’est pas une profession. Modibo Fofana ajoute que la pratique est permise grâce au développement des réseaux sociaux, surtout le direct via Facebook et YouTube. 



Parlant de l’encadrement des «vidéo-men», le patron des web-journalistes maliens précise que leur pratique doit se faire dans le cadre de l’application du Code pénal qui gère l’espace public. «Aujourd’hui avec la loi sur la cybercriminalité, toute infraction commise via la nouvelle technologie de l’information est punie par cette loi», précise Modibo Fofana. 



Directeur exécutif de la Fondation Tuwindi, Tidiane Togola abonde dans le même sens. «S’il y a une réglementation et des lois, alors leur application doit être de rigueur pour sanctionner toute personne qui se rendrait coupable de débordement ou de violation de ces textes», insiste-t-il.  



Toutefois, Tidiane Togola précise qu’il appartient aux associations de blogueurs, aux activistes de mettre en place un dispositif d’autorégulation à partir duquel ils vont pouvoir définir un certain nombre de chartes. Selon lui, les vidéo-mens qui respecteront ces chartes seront autorégulés et encadrés. En faisant en sorte qu’ils puissent connaître la règlementation en vigueur afin de faire face aux enjeux liés au métier journalistique.



Il convient de rappeler que la Constitution du 25 février 1992 garantit la liberté d’expression. Son article 7 stipule : «La liberté de la presse est reconnue et garantie». La loi portant régime de la presse et celle relative à l’audiovisuel protègent la liberté de la presse, tout en précisant que cette liberté s’exerce dans les conditions fixées par la loi et les règlements. 



Yaya KANITAO


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