Les chefs d'état-major des pays de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont entamé jeudi à Accra (Ghana) une réunion de deux jours visant à renforcer la coopération militaire dans la région en proie à une insécurité croissante.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont aux prises avec des insurrections jihadistes et les États voisins comme le Ghana, le Bénin et la Côte d'Ivoire s'inquiètent de débordements à leurs frontières. S'adressant aux représentants des chefs d'état-major des armées à Accra, la capitale du Ghana, le ministre ghanéen de la Défense, Dominic Nitiwul, a évoqué les groupes armés et criminels qui nourrissent la hausse de l'insécurité.
M. Nitiwul a déclaré qu'en trois ans, la région avait subi plus de 5.300 attaques imputées aux terroristes, qui ont fait environ 16.000 morts et davantage de déplacés. Entre janvier et mars, plus de 840 attaques ont eu lieu. Au cours de cette "réunion extraordinaire" qui doit s'achever vendredi, le ministre a appelé à un plus grand partage de renseignements pour mieux surveiller les groupes jihadistes. "En tant que professionnels, nous devons nous résoudre à enterrer nos différences imposées par notre nationalité, notre culture (...) et aller de l'avant avec une plus grande collaboration", a-t-il insisté. Après des coups d'État militaires au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, la Cédéao a suspendu ces pays de ses instances et a imposé des sanctions économiques. Mais elle a autorisé des représentants des trois pays à participer à cette réunion en raison de l'urgence, a expliqué M. Nitiwul. "C'est une bonne manière de faire les choses, s'assurer que nous travaillons ensemble pour mettre un terme à la menace du terrorisme dans notre sous-région", a-t-il ajouté. Partie du nord du Mali, une insurrection jihadiste de combattants affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique s'est répandue au Niger et Burkina Faso voisins. Au Burkina, les attaques des jihadistes ont fait depuis 2015 plus de 1.200 morts et provoqué le déplacement de plus d'un million de personnes. Fin février, le président nigérien, Mohamed Bazoum, a annoncé avoir amorcé "des discussions" avec des jihadistes pour favoriser la paix. Mais les opérations militaires se poursuivent avec près de 12.000 soldats nigériens qui combattent dans une dizaine d'opérations anti-jihadistes, dont près de la moitié le long des 1.400 km de frontières avec le Mali et le Burkina Faso