Jamais une fête n’a été aussi morose, aussi miséreuse et moins enthousiaste que celle de l’Aîd El Fîtr 2022 au Mali. Et pour cause, deux lourds fardeaux ont fortement- contribué à la détérioration des conditions de vie des maliens. Le premier est sans nul doute les lourdes sanctions économiques et financières de la CEDEAO / UEMOA. Ces sanctions privent les maliens des ressources économiques et financières. Pour rappel les conséquences de ces sanctions sont entre autres le ralentissement des activités économiques entrainant la baisse drastique du pouvoir d’achat, une certaine insuffisance dans l’approvisionnement en denrées de première nécessité dû à la fermeture des frontières par les pays de l’organisation sous régionale, une inflation des prix. Le second fardeau est bien entendu la crise mondiale, consécutive à la guerre Russo- Ukrainienne. Cette guerre, faut-il le rappeler, touche non seulement le monde entier, en raison de la place que les deux pays en conflits occupent dans l’approvisionnement du monde en blé, en gaz et en pétrole, mais aussi et surtout les pays africains comme le Mali qui n’a pas de façade maritime et dont l’économie est tributaire des produits d’importation. L’embargo de la CEDEAO, comme la guerre Russo-Ukrainienne ont eu des impacts négatifs sur les prix de certains produits à grande consommation et du coup la vie devient de l’enfer dans des pays comme le Mali.
En effet, si les conséquences du second fardeau, consécutif à la guerre Russo- Ukrainienne sont inévitables à cause de sa dimension géopolitique, tout porte à croire que le premier fardeau, à savoir les sanctions de la CEDEAO/ UEMOA, pouvaient être évitées. Beaucoup d’observateurs demeurent convaincus que si les autorités maliennes n’avaient pas fait preuve de cupidité, de boulimie du pouvoir, voire d’arrogance la crise malienne n’allait pas connaitre une telle gravité. Par leurs comportements le pays subit les affres des sanctions et le Mali semble être engagé dans une aventure sans issue. Le hic est que les autorités maliennes de la transition se glorifient seulement d’avoir payé régulièrement les salaires des fonctionnaires et de satisfaire aux besoins de l’armée. Ces deux entités réunies ne représentent même pas les 10% de la population. Au même moment les entreprises privées mettent la clé sous le paillasson, les unes après les autres, mettant au chômage des milliers de chefs de famille. Quant aux ouvriers et autres marchands ambulants, ils errent au quotidien, sans grand espoir, à la recherche de leur pitance journalière. Les paysans attendent agacés et inquiets les intrants à la veille de la saison pluvieuse. Les commerçants anxieux ouvrent à peine leurs magasins faute de clients. C’est dans cette atmosphère de morosité, d’angoisse, d’extrême pauvreté et surtout de désespoir que les maliens ont fêté l’Aîd El Fîtr. La question qui taraude aujourd’hui tous les esprits est celle de savoir à qui profite cette situation ?
En définitive, en attendant la réponse à cette question les maliens broient du noir dans l’hypothétique espoir d’un jour meilleur ou bien du salut divin. Quant aux autorités, elles endossent l’entière responsabilité de la chaotique situation socio sécuritaire dans laquelle le Mali est plongé. Vivement une certaine prise de conscience pour un changement de paradigme, au grand bonheur du vaillant et résilient peuple malien.