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Sous l’effet de l’embargo: Le Mali prêt à des concessions ?
Publié le mardi 10 mai 2022  |  Le Combat
Abdoulaye
© Autre presse par DR
Abdoulaye Diop (ministre malien des Affaires étrangères) reçu en audience à Lomé ce 04 mai par Faure Gnassingbé
Lomé, le 04 mai 2022. Présidence du Togo. Abdoulaye Diop (ministre malien des Affaires étrangères) a été reçu en audience à Lomé par Faure Gnassingbé. M. Diop était à la tête d’une délégation malienne et porteur d’un message du Colonel Assimi Goïta au dirigeant togolais.
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Cela fait 4 mois que le Mali est sous embargo décrété par les pays de la sous-région. Le Mali paie pour la volonté de ses autorités d’avoir proposé une prolongation de la transition allant de 6 mois à 5 ans, selon les Assises nationales de la transition. Une prolongation de 12 à 16 mois exigée par les chefs d’état de la CEDEAO, les autorités de la transition sont revenues à 24 mois. Des positions difficilement conciliables qui forcent Bamako à faire de nouvelles concessions devant l’intransigeance de la CEDEAO.



Des sanctions ont été prises à l’issue du sommet extraordinaire d’Accra (Ghana), le 9 janvier dernier. Parmi ces sanctions figure l’embargo qui consiste à la fermeture des voies aériennes et terrestres entre le Mali et les autres pays de la CEDEAO.

Gel des avoirs du Mali dans les banques centrales et commerciales de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), fermeture des frontières terrestres et aériennes entre le pays et les autres États membres de la CEDEAO, suspension des transactions commerciales avec Bamako à l’exception des produits médicaux et de première nécessité et retrait des ambassadeurs de tous les pays membres au Mali.

Du 9 janvier 2022 au 9 mai 2022, soit 4 mois, la souffrance des populations perdure alors que les autorités ne veulent pas entendre parler d’imposition de calendrier par les organisations sous régionales. Après 4 mois, le peuple a fait autant de sacrifice et est à bout de souffle pour continuer dans cette guéguerre contre des organisations au sein desquelles le Mali n’est pas encore prêt à quitter précipitamment.

Quand on sait que la situation financière du pays est discutable et que tous les observateurs interrogés conviennent qu’il était temps d’aller à la table de négociation pour mettre fin au calvaire des populations de l’espace et notamment de celles maliennes assoiffées de paix et de stabilité depuis 2012.

Alors que les Assises nationales de la refondation ont proposé une durée supplémentaire de 6 mois à 5 ans, l’organisation ouest-africaine n’est pas dans la dynamique d’une proposition en l’état susceptible d’engendrer une jurisprudence dans un espace en pleine mutation avec la multiplication des coups de force.

En conséquence, cette sanction contre le Mali n’est ni plus ni moins une manière de donner un signal fort aux autres pays dans la dynamique que la CEDEAO ne fléchira pas au désidérata d’un pays ou d’une quelconque autorité.

De 32 mois, les autorités maliennes sont revenues à 29 mois afin de faire une dernière proposition à 24 mois. « Je dois vous dire que les discussions avec la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, ndlr) continuent », a déclaré devant le Conseil national de la transition (CNT) Choguel Maïga, le Premier ministre. « Nous avons espéré, de semaine en semaine, trouver un accord avec la CEDEAO pour rentrer dans un processus d’accélération (…), mais nous sommes arrivés à un point où nous avons perdu trois mois de discussion et aujourd’hui nous avons décidé de ne plus attendre », a dit M. Choguel.

« À partir de cet instant, nous engageons le processus de mise en œuvre de tout le plan de la transition pour les deux ans qui ont été retenus par le président de la transition, le colonel Goïta’’, a-t-il ajouté. « La preuve est faite par A+B qu’on ne peut pas aller en-deçà de 24 mois sauf si on décide de reporter ou de ne pas faire jusqu’au bout certaines actions », a-t-il précisé. Il tenait ces propos devant le CNT le 21 avril dernier.

Plus de deux semaines après, le statu quo oblige à faire des concessions depuis la sollicitation faite par les autorités de la transition pour que le président togolais prenne la médiation pour engager des pourparlers avec l’ensemble des partenaires sous régionaux et internationaux.

De sources bien introduites, Lomé entend faire tout le possible pour qu’une proposition entre 18 ou 20 mois puisse passer auprès de ses pairs. Cette proposition, quoi qu’on dise, divise la poire en deux et une fois de plus montre que jour après jour, Bamako a fini par se plier aux désidératas de la CEDEAO qui a été moins bavarde sur ses propositions.

Il est clair aujourd’hui qu’une telle proposition, si elle venait à passer, montre une fois de plus, comme le disait l’Imam Mahmoud Dicko, que “les règles du jeu sont fixées par les plus forts’’. Et la CEDEAO et l’UEMOA auront le mérite de faire plier les autorités maliennes malgré le tapage médiatique.

4 mois de discours et de promesses utopiques !

Les sanctions ont été jugées “inhumaines et illégitimes’’ par tous, mais la CEDEAO est reste inamovible et intransigeante sur ses positions de faire respecter sa légitimité en tant qu’organisation sous régionale. Le chef du gouvernement, Dr Choguel a tenu, à maintes reprises dans ses sorties médiatiques, à rassurer l’opinion nationale que des solutions allaient être trouvées pour soulager les peines des populations qui vivent dans une précarité accrue depuis 2012. Ces sanctions l’ont fait passer pour l’homme de la situation, capable de tenir tête à la Communauté internationale et même la classe politique.

De beaux discours mélodieux que le peuple aime entendre, il en fait montre d’un expert communicant au point où des éloges envers sa personne inondaient la toile. Sa popularité avait traversé les frontières du Mali et tous ceux qui n’aimaient pas particulièrement la France et les agissements de la CEDEAO se sont alignés. Cette crise a déchainé les passions au point qu’au sein de l’opinion, l’on songeait au départ du Mali de la CEDEAO et l’UEMOA, donc de la zone FCFA.

Seulement après 4 mois de souffrances infligées aux populations inutilement par l’orgueil des hommes sous des discours servis à la taille des aspirations utopiques du moins au présent, l’on constate un rétropédalage. On ne quittera pas la CEDEAO, on ne peut pas créer notre monnaie, et le renouvellement du mandat de la MINUSMA est plus qu’évident. Qui trompe qui ? La CEDEAO a peu à peu imposé son diktat sur les décisions des autorités et il est temps de prendre du recul dans ces aventures périlleuses et soulager les souffrances des populations.

Bourama KEITA

Source: LE COMBAT
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