Les autorités de la transition et les institutions de Bretton Woods ne soufflent plus dans la même trompette. Le choix de Bamako de se doter d’équipements militaires sophistiqués en provenance de divers pays ne passe pas auprès de ces institutions financières. Or, le Mali a besoin de moyens importants pour bouter les terroristes hors de ses frontières.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), qui sont parmi les institutions phares de Bretton Woods, sont ainsi fâchés avec le Mali. La Banque mondiale a purement décidé de mettre fin aux décaissements de fonds destinés à des projets et programmes mis en place au Mali.
Pour comprendre les institutions de Bretton Woods, il faut se rappeler la fin de la seconde guerre mondiale. Lorsque les perspectives de victoire se précisent, les Alliés réfléchissent à un nouveau système permettant d’éviter d’une part les secousses monétaires internationales qui avaient suivi la Première Guerre mondiale, et d’autre part les erreurs qui avaient transformé la crise de 1929 en grande dépression économique. Politiquement, les États-Unis craignent que les pays européens ayant le plus souffert de la guerre deviennent des lieux de révolte et offrent un terreau au communisme et au socialisme.
L’économie des États-Unis sort de la guerre confortée dans sa position d’économie la plus puissante au monde avec une industrie en croissance rapide et ayant accumulé de nombreux capitaux. Les États-Unis n’avaient pas été touchés par les ravages de la guerre et s’étaient enrichis en vendant des armes aux autres Alliés et en leur prêtant des fonds. La production industrielle de 1945 a doublé par rapport à ce qu’elle était juste avant la guerre. En revanche, l’Europe et l’Extrême-Orient sont ruinés militairement et économiquement.
Au sortir de la guerre, les États-Unis disposent de la plus grande partie des capitaux mondiaux et dominent la production manufacturière et les exportations. Ils produisent la moitié du charbon, les deux tiers du pétrole et plus de la moitié de l’électricité au niveau mondial. Ils sont en mesure de produire de grandes quantités de navires, d’avions, de voitures, de produits chimiques, d’armes et d’autres produits manufacturiers. De plus, deux tiers des réserves mondiales d’or sont détenues par les États-Unis.
Les États-Unis décident donc d’organiser en 1944 une conférence dont le but est de créer un système monétaire capable de fournir un cadre solide à la reconstruction et à l’expansion économique du « monde libre », en faisant des États-Unis et du dollar les piliers de la nouvelle architecture économique.
Faut-il le rappeler, l’objectif principal des accords de Bretton Woods est de mettre en place une organisation monétaire mondiale et de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la guerre. Ils sont signés après trois semaines de débats entre 730 délégués représentant l’ensemble des 44 nations alliées. Une importante délégation soviétique est également présente.
Les deux protagonistes de cette conférence ont été John Maynard Keynes, qui dirigeait la délégation britannique, et Harry Dexter White, assistant au secrétaire au Trésor des États-Unis, qui ont tous deux préparé un plan d’ensemble. Le plan Keynes est ébauché dès 1941 et préparait un système monétaire mondial fondé sur une unité de réserve non nationale, le bancor. La partie américaine mettait en avant le rôle de pivot du dollar américain et proposait plutôt de créer un fonds de stabilisation construit sur les dépôts des États membres et une banque de reconstruction pour l’après-guerre.
Finalement, c’est la proposition de White qui prévaut, organisant le système monétaire mondial autour du dollar américain, avec un rattachement nominal à l’or. L’accord une fois ratifié sera signé le 27 décembre 1945 par 28 pays. L’Urss qui avait approuvé l’accord refusera finalement de le ratifier.
Deux organismes voient le jour lors de cette conférence, et sont toujours en activité : Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Bird) aujourd’hui connue sous le nom de banque mondiale et qui sera complétée plus tard par quatre autres institutions: l’Association internationale de développement (IDA) créées pour lutter contre la pauvreté en apportant des aides, des financements et des conseils aux États en difficulté, la Société financière internationale (IFC), l’Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga) et le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi).
Le Mali refuse d’obéir à ces institutions qui auraient aimé que la défense du territoire malien soit assurée par l’appui des forces étrangères. C’est surtout la réduction du budget militaire qui ne fait pas l’affaire de Bamako qui combat les groupes terroristes depuis plus de 9 ans avec des moyens dérisoires.