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Orientation sexuelle : Droit ou dirigisme social ?
Publié le jeudi 12 mai 2022  |  Mali Tribune
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Selon une étude menée par E-santé, « Chacun ressent de façon très personnelle sa propre sexualité. Et il existe deux aspects très importants et complémentaires : l’identité sexuelle qui correspond au genre (suis-je homme ou femme ?) et l’orientation sexuelle (suis-je attiré(e) par les hommes ou par les femmes ?) ». Qu’en est-il au Mali ?

L’identité sexuelle, c’est le fait de se sentir totalement homme ou femme. En dehors de l’anatomie et des hormones, il existe aussi un conditionnement social. Chacun apprend à devenir homme ou femme selon son environnement, car on ne s’occupe pas d’un petit garçon comme on s’occupe d’une petite fille. On ne leur parle pas de la même manière, on n’interprète pas leurs attitudes de la même manière, on ne leur demande pas les mêmes choses.

Ainsi, quand tout se passe simplement, et c’est le cas la plupart du temps, tout est évident et classique ! À l’âge adulte, on obtient des hommes se sentant pleinement attirés par les femmes, ou des femmes pleinement attirées par les hommes.

Selon Djénébou Kané, étudiante « pour moi au Mali, nous ne sommes pas libres d’exprimer notre sexualité encore moins l’orientation. Les gays, les bisexuels ou les lesbiennes en sont la preuve. Ils sont harcelés en longueur de journée, insultés. Je n’encourage pas l’homosexualité mais ils ont des droits aussi ».

Pour sa part, Mamady Sidibé également étudiant, pense « qu’on est libre de définir clairement sa sexualité. Son orientation sexuelle est la chose la plus normale que l’on peut faire en tant que personne humaine. Les gens aiment parler de choses qui ne les regardent absolument pas. Le monde a évolué et les tendances suivent cette évolution. Avant on pouvait cacher ou camoufler des informations sur la sexualité ou le sexe de l’enfant. Aujourd’hui cela a révolu. Ce n’est pas possible car les jeunes manifestent très vite leur sexualité. En plus, il y a des enfants hermaphrodites ou encore des transgenres qui peuvent se soigner ».

“Je pense qu’il faut des siècles encore pour qu’on accepte de voir les gens affirmer leur orientation sexuelle, leur sexualité au Mali. On voit à longueur de journée des personnes se faire tabasser juste parce qu’ils sont attirés par des gens de même sexe. On trouve que c’est odieux. Mais, la question que je me pose c’est : sommes-nous obligés de faire semblant d’être ce que nous ne sommes pas? Ce qui est sûr, à mon avis c’est que au-delà de tout ce que l’on peut penser, il ne faut pas juger les gens de prime abord sans chercher à connaitre la cause ou la raison de leur choix sexuel”, révèle Amina Berthé.

D’après le père Basile Essofa Kondoh, directeur de l’Institut de formation Islamo-Chrétien (IFIC), « si nous prenons la sexualité dans sa définition générale, l’homme ou la femme nait avec toutes ses facultés lui permettant de s’épanouir et de rentrer en relation avec les autres. Nous grandissons d’expérience en expérience et nous sommes aussi le produit de la société. L’être humain ne se définit qu’en relation avec les autres. C’est à lui que revient la responsabilité de s’assumer, de vivre pleinement et avec responsabilité sa sexualité. Puisque nous sommes tous des êtres appelés à vivre en société. C’est un aspect à ne pas négliger : la sociabilité. »

« Alors, poursuit-il, si nous en venons aux orientations sexuelles dans le sens du genre, nous pensons que Dieu, dans sa grande sagesse, en créant le monde a préétabli et établi un certain ordre en vue d’une certaine harmonie de la création. L’être humain raisonnable se doit tout simplement de respecter la création. Rompre ou vouloir forcer cette harmonie perturbe le bon fonctionnement de l’ensemble. C’est aussi porter atteinte à sa propre dignité et une désobéissance aux créateurs. Si aujourd’hui le monde souffre, c’est parce que quelque part les humains ont décidé de violer certaines normes et la désobéissance a de lourdes conséquences sur la société », explique le père Basile.

Au début de la création selon la Bible, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme », rappelle-t-il.

(Gn 1, 27) en vue d’une certaine complémentarité pour que chacun(e) soit pour l’autre une aide, un réconfort, un soutien. Ensemble, ils sont appelés à construire cette harmonie, « c’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Gn 2, 24). Le Coran n’en dit pas le contraire, « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle » (Q. 49, 13). La vie d’ensemble, ce n’est pas un homme et un homme ni une femme et une femme. Le corps de l’homme est sacré, il est le sanctuaire de l’Esprit Saint » (1 Co 6, 19). Nous devons du respect à notre corps. Ce n’est des choses ou des objets que nous pouvons manipuler à nos convenances. Nous ne sommes ni plus intelligents ni plus sages que celui qui a façonné ce corps, explique le directeur de l’IFIC.

S’écarter des « normes » est un acte condamné par les religions révélées. C’est un contre nature, une rébellion contre le Créateur. « Choisir son orientation sexuelle est une transgression, un péché, un crime qui est maudit par Dieu ». Selon les juristes, la peine qui équivaut à cette pratique est la lapidation. S’il est un crime majeur ce n’est pas parce qu’il porte atteinte à la finalité de la procréation (ou l’acte sexuel entre un homme et une femme), mais surtout parce qu’il fait d’un mâle une femelle ou d’une femelle un mâle. N’étant pas dans le projet du créateur, ni voulu par lui, le premier responsable c’est l’homme. Il est à la fois la cause et la conséquence. L’exemple de Gomor et Sodome nous en dit long.

« Définir son genre ou son orientation sexuelle constitue une abomination sans pareille, dont la pratique est mise parfois sur le compte de la décadence des mœurs ou plus simplement sur l’égarement ».

Si l’Eglise catholique ne tolère pas cet acte, elle reste cependant ouverte à l’accueil de ces personnes, d’abord en tant qu’être humain et au nom de cette dignité de fils et filles de Dieu », conclut père Basile Konah.



Aminata Agaly Yattara

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