Suite à des démarches suivies d’une plainte déposée par le Mouvement ‘’Maliko’’, dans l’affaire de confection de passeports maliens, la justice a finalement décidé de s’assumer. Pour ce faire, le tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako convoque le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, le lundi 20 juin 2022 à Bamako, capitale du pays. Répondra-t-il à cet appel ?
Sur la base des textes en vigueur, le juge d’instruction du deuxième cabinet du tribunal de grande instance de la commune III de Bamako (Pôle économique et financier) s’est penché sur l’affaire. Dans la convocation qu’il a certainement voulue adresser à la partie concernée, le juge en charge du dossier invite le ministre Le Drian à se présenter au Mali, le lundi 20 juin à partir de 08H00. « Le juge d’instruction invite Monsieur Jean Yves Le Drian, né le 30 juin 1947 à Lorient (France), profession : ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République française à se présenter à son cabinet sis au palais de justice du tribunal de grande instance de la commune III (Pôle économique et financier), le lundi 20 juin 2022 à O8H00 », rapporte-t-on dans la convocation à lui certainement notifiée par le juge de Bamako. Comme recommandé par les textes, le magistrat malien précise qu’il s’agit d’une affaire « lui(Jean-Yves Le Drain) concernant ».Sans plus de détails, le juge clarifie que le ministre et son fils Thomas Le Drian, tous deux ciblés dans l’affaire par le mouvement plaignant, sont convoqués pour des faits qualifiés « d’atteinte aux biens publics et autres infractions, au dépens de l’Etat du Mali ».Ainsi, il sied de rappeler que le Mouvement ‘’Maliko’’, composé de plusieurs organisations de la société civile malienne a déposé, mardi 22 février 2022, une plainte devant le Pôle économique et financier de Bamako, contre Jean-Yves Le Drian, pour son implication dans l’attribution « du marché frauduleux » des passeports maliens. Pour justifier sa plainte, le Mouvement dit avoir constaté qu’en 2015, le marché de confection du passeport malien, précédemment détenu par la société canadienne « Bank Note », a été attribué par le Gouvernement malien à la société « Imediat ». Auparavant, cette société (Imediat) était connue sous l’appellation « Oberthur Technologie ». Et le montant du marché conclu entre le Gouvernement malien et la société Imediat se chiffre à plusieurs milliards de F CFA, explique le Mouvement ‘’Maliko’’. Comme rififi, il s’avère authentique que le marché a été, de gré à gré, attribué à cette société Imediat sans appel d’offre, ni appel à candidature aux autres sociétés. Une pratique qui, suivant les règles de passation des marchés publics au Mali, n’est pas normale. Le mouvement plaignant a donc estimé que les règles prévues en la matière ont été allègrement violées. Le problème, c’est qu’il ressort que l’actionnaire principal de la société Imediat, adjudicataire du marché public de confection du passeport malien, n’est autre personne que Monsieur Thomas Le Drian, fils de Jean-Yves Le Drian. Ce dernier était ministre de la Défense au moment des faits. Le Mouvement déplore que le sieur Le Drian ait profité de sa position de membre influent du Gouvernement français pour, de la sorte, octroyer des avantages indus à son fils Thomas Le Drian, par l’attribution du marché à cette société (Imediat) dont Thomas lui-même est l’actionnaire principal. La question se pose à savoir si l’intéresser (le ministre Le Drian) répondra, le lundi 20 juin prochain, à la convocation du juge malien à Bamako, capitale du pays. En tout état de cause, les membres du mouvement ‘’Maliko’’ semblent être disposés à lutter pour l’aboutissement de cette affaire. La justice malienne sera-t-elle capable de mener ce combat jusqu’au bout ?