Dans le cadre de la célébration de la journée du 03 mai, dédiée aux hommes et femmes de médias dans le monde, la Maison de la Presse du Mali a organisé, ce 08 mai 2022, dans sa salle de conférence, une conférence-débat sur le thème « État de la liberté de la presse en cette période de transition au Mali ».
Le président de la Maison de la presse, M. Bandiougou Danté, a, au cours de son intervention, déclaré que cette journée est célébrée dans un contexte marqué, au-delà de la disparition prolongée et l’enlèvement et la détention forcée de certains journalistes, par la précarité sans précédent dans laquelle la presse malienne est plongée.
Cette précarité provoque ainsi la parution irrégulière des journaux, la diminution des heures d’émissions des radios, l’incertitude sur la vie même des Télévisions confrontées aux lourdes charges et à une concurrence déloyale, impitoyable ; une presse en ligne qui ne demande que l’adoption de ses textes lui permettant d’assainir son espace.
Le président Danté a fait savoir aussi que le développement des médias engendre une évolution des libertés notamment la liberté d’expression et qu’il pose la question épineuse du professionnalisme des médias. M. Bandiougou a ensuite souligné que le rôle et la place des médias semblent primordiaux dans la résolution de la crise que traverse le Mali.
Il a affirmé que la Haute Autorité de la Communication (la HAC), dont le rôle est essentiel dans les États modernes, demeure un outil précieux dans les États démocratiques modernes et qu’elle peut et doit éviter aux gouvernants, la prise de décisions hâtives, inutiles et néfastes pour l’image du pays.
Le président de la Maison de la presse reconnaît que la montée en force des médias en ligne pose la question du professionnalisme, de la liberté. Il a fait savoir que les défis pour l’émergence des médias viables, responsables, professionnels, indépendants et impartiaux au Mali sont nombreux.
Ainsi, selon lui, le défi premier pour le développement des médias reste l’adaptation des textes aux réalités du monde actuel. Sur ce point, il a affirmé qu’un travail remarquable a été fait et que plusieurs questions y sont abordées telles que : la redéfinition du statut de journaliste, les projets de loi sur la presse en ligne, la dépénalisation des délits de presse, l’aide publique aux médias et la loi d’accès à l’information.
Danté a invité le gouvernement de la Transition à faire le choix d’une refondation réelle, qui ne nécessite pas des discours et des slogans, des actions spectaculaires aux conséquences futures dangereuses, mais des actes concrets, visibles, mesurables et appréciables.
Ainsi, continue-t-il, « deux possibilités s’offrent au gouvernement : continuer sa stratégie de l’indifférence et d’appauvrissement de la presse au profit de supports éphémères ou s’engager dans l’adoption de nouveaux textes qui permettront de rendre notre société saine et épanouie. » Selon lui, seule une réelle volonté politique permettra cette révolution indispensable dans le secteur des médias en particulier et de la société en général.
La représentante de l’Unesco a, à son tour, expliqué que le journaliste constitue un bien commun qui doit bénéficier de soin et de soutien de tout le monde. Elle a fait savoir que selon le récent rapport sur les tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias, plus de 5 personnes sur 6 dans le monde disent que la liberté de la presse a reculé dans ces 5 dernières années. La représentante de l’Unesco, à cette occasion, a ensuite précisé que durant la même période, près de 400 journalistes ont été tués simplement pour avoir fait leur travail.
Le représentant de la HAC, M. Gaoussou Drabo, a, pour sa part, affirmé qu’il est indéniable aujourd’hui, vu la dépression économique, vu le virage à prendre sur les nouveaux contenus à proposer, que les médias se comportent et se transforment en entreprises de presse. Il s’est dit convaincu que la liberté de la presse est l’enfant de la révolution de 1991. Et de soutenir que la situation de la presse malienne aujourd’hui, bien que critiquable, est préférable à celle qui prévalait avant 26 mars 1991.