L’Association Temedt et ses partenaires donnent de la voix aux sans voix à travers le Projet «Défions l’esclavage, la discrimination sur la base du travail et de l’ascendance» au Mali.
C’est au siège de l’Association pour la consolidation de la Paix, le Développement, la Promotion et la Protection des Droits Humains (Temedt) le 28 avril dernier à Magnambougou en commune VI du District de Bamako, que la Vice-présidente, Mme Raïchatou Wallet Altanata, a animé une conférence de presse pour présenter ce projet.
D’une durée de 24 mois, le Projet « Défions l’esclavage, la discrimination sur la base du travail et de l’ascendance », est une initiative financée par Voice, a-t-elle révélé. «C’est un projet sur lequel nous travaillons avec d’autres pays de la sous-région notamment la Mauritanie et le Sénégal. Il est la continuité de ce que nous avons entrepris ».
Le projet Voice, a expliqué Mme Raïchatou Wallet Altanata, contribue à donner la voix à ceux et celles qui n’en ont pas et amener les décideurs à les écouter. La problématique de l’esclavage est devenue cruciale. «C’est un combat qu’il faut gagner sur plusieurs fronts », a-t-elle précisé.
Ibrahim Ag Albanat, Président d’honneur de Temedt, a fait une présentation sur l’historique de l’esclavage. De ses explications, on retient que la pratique de l’esclavage est aussi vieille que le monde. L’avènement de l’islam a trouvé l’esclavage dans le monde.
La France a décrété pour la première fois l’abolition de l’esclavage dans ses colonies le 27 avril 1948 pendant la période dite des lumières en Europe. Mais ce n’est qu’en 1905 que l’esclavage a été véritablement aboli non sans un certain laxisme. En 2001, le Président français Jacques Chirac décréta le 10 mai, Journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage.
Le Président d’honneur de Temedt estime que le Mali et l’Afrique de l’ouest ont entamé depuis quelques années leur période des lumières dans le combat contre ce phénomène abject de l’esclavage. « C’est notre période des lumières qui est entamée ». Ibrahim Ag Albanat a magnifié le rôle de Temedt dans la lutte contre l’esclavage.
Evoquant des statistiques, Abdoulaye Macko, Coordinateur du Projet Voice, dira que 800 000 esclaves ont été répertoriés en 2012. Sur ce nombre, 200 000 étaient sous le contrôle total de leurs maîtres. Pour lui, il fait aider les esclaves à se libérer mentalement. « Nous ne partons pas dans les familles, les villages pour aider les esclaves à se libérer mais nous aidons ceux qui viennent vers nous », a-t-il affirmé. Le Coordinateur du Projet Voice plaide pour une loi spécifique sur l’esclavage mais aussi, pour la déconstruction de la mentalité esclavagiste.
La conférence de presse a été aussi marquée par des témoignages. Mme Sokona Dravé, habitante de Makana du Cercle de Yélimané, a témoigné avoir subi toutes sortes de sévices pour son soutien affiché aux personnes traitées comme esclaves. « J’ai été frappée, privée d’eau. Tous nos malheurs viennent de notre soutien à la lutte contre l’esclavage», a-t-elle raconté. Pour elle, personne ne doit souffrir de l’esclavage.
Crime de… refus d’être esclave !
Mamady Sissoko est une victime des esclavagistes du cercle de Nara. Lui et d’autres personnes ont été agressés de façon violente par un groupe de villageois à Sitrabougou dans le cercle de Nara. Leur seul crime est d’avoir refusé le statut d’esclave. Blessé au niveau de la tête, le sieur Sissoko a été évacué à Bamako pour recevoir des soins. «Nous vivons sous embargo dans notre village. Pour acheter de la viande, il faut se rendre à Nara ville. Aucun de nos agresseurs n’a été interpellé », a-t-il regretté.
Une impunité que l’association Temedt dénonce de toutes ses forces depuis sa création en 2006.