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L’ombre de l’ancien président tchadien plane sur l’organisation sahélienne : G5 Sahel peine-t-il à digérer la mort de Deby ?
Publié le lundi 16 mai 2022  |  L'Alternance
Assemblée
© aBamako.com par AS
Assemblée Générale constitutive de l`Alliance des associations de pouvoirs locaux des pays du G5 Sahel
L`Assemblée Générale constitutive de l`Alliance des associations de pouvoirs locaux des pays du G5 Sahel s`est tenue le 31 Août 2019 à la Maison des ainés.
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Au Sahel, la mort de l’ancien président tchadien Idriss Déby Itno rabat les cartes en matière de lutte contre le terrorisme. Le G5 Sahel devra très rapidement s’adapter à cette situation et se définir de nouvelles orientations d’autant plus que les groupes terroristes reprennent du poil de la bête ces derniers temps. Entre manque criard de moyens, attentisme et amateurisme, il urge pour le G5 Sahel de trouver la thérapie de choc pour préserver les personnes et les biens de la furie des groupes radicaux. Ce n’est pas gagné d’avance car la rivalité entre la France et la Russie en matière de présence militaire au Sahel s’exacerbe de jour en jour.

Profitant du décès brutal Idriss Déby et du retrait des troupes tchadiennes de certaines positions, les groupes terroristes se font l malin plaisir de s’en prendre violemment aux différents pays du G5 Sahel surtout ceux relevant de la région des trois frontières. C’est ainsi que le Burkina Faso, le Niger et le Mali.

Aujourd’hui, l’évidence s’impose. La mort du président tchadien Idriss Déby est un coup dur pour le G5 Sahel. Il n’hésitait pas à déployer ses hommes partout où il fallait pour casser du terroriste. La dynamique se poursuivra-t-elle avec son fils le général Mahamat Idriss Déby, actuel chef du Conseil militaire de transition ? Rien n’est moins sûr car le fils n’a pas l’expérience du père.

La disparition d’Idriss Déby doit être l’occasion de repenser l’architecture de paix et de sécurité au Sahel dans un cadre plus équilibré, durable et approfondi. Il devient de moins en moins possible de faire reposer cette sécurité sur des alliances restreintes.

La situation sécuritaire se dégrade depuis des années dans cette zone du fait de la circulation des armes et de la montée des tensions entre les communautés. Des groupes terroristes ont profité des désordres locaux engendrés par la crise malienne de 2012 et de la faible présence de l’Etat pour s’implanter. Le primat donné aux réponses militaires pour lutter contre les terroristes n’a pas eu de résultat probant. Le recours à des groupes armés à base communautaire a accru les violences entre communautés et sans doute fait le jeu des terroristes. Pour éviter un nouveau foyer d’insurrection au Sahel, les gouvernements et leurs partenaires occidentaux devraient sortir du cadre restrictif de la lutte antiterroriste et subordonner l’action militaire à une approche plus politique, y compris en engageant un dialogue, même avec les insurgés. Ils devraient aussi mener une stratégie de désarmement et de réconciliation entre les communautés.

Au cours des deux dernières décennies, les violences en zone rurale se sont aggravées à la frontière entre le Mali et le Niger, sur fond de rivalités entre communautés pour le contrôle de l’espace et de difficulté des Etats à réguler les conflits locaux. Dans le sillage des rébellions arabo-touareg des années 1990 et 2000, l’accès aux armes de guerre a changé la nature de la violence et l’a rendue beaucoup plus meurtrière. Peu à peu, une génération de jeunes hommes vivant du métier des armes s’est constituée dans cette région. Des entrepreneurs politiques les ont utilisés pour constituer des milices communautaires. Ces groupes disent défendre les intérêts des populations marginalisées, mais ils ont souvent un comportement prédateur et font pression sur l’Etat pour obtenir des prébendes.

Plusieurs groupes y coopèrent de manière pragmatique même si certains sont affiliés à des organisations plus structurées et concurrentes.

Pour enrayer le développement des violences armées, l’Etat du Niger et ses partenaires devraient :

Sortir du cadre restrictif de la lutte antiterroriste. Les autorités sahéliennes doivent se démarquer du primat donné à l’action militaire, souvent dicté par leurs partenaires internationaux. Ils devraient élaborer leur propre modèle de gestion des conflits armés dans les zones frontalières, fondé sur un meilleur équilibre entre offre de dialogue et mesures sécuritaires, comme alternative aux limites actuelles de la militarisation à outrance. De leur côté, les partenaires occidentaux, et plus particulièrement français, devraient se montrer plus disposés à réviser leur stratégie actuelle, en coordination avec les responsables concernés. Ils devraient adopter une approche comprenant une dimension militaire qui reste un élément essentiel de la réponse mais replacée au service d’une stratégie politique ; celle-ci, définie par les sociétés sahéliennes elles-mêmes et plus adaptée à leurs besoins, inclurait des efforts pour apaiser les tensions entre communautés et engager un dialogue avec les militants.
Le recours à des groupes politico-militaires, qui aggrave les tensions et les violences communautaires, devrait se faire dans un cadre formalisé intégrant le plus grand nombre possible de forces, régulières et irrégulières, au sein de patrouilles temporaires de sécurisation conjointes. A ce titre, l’expérience de sécurité locale menée actuellement à Ménaka et ses environs, dans le Nord du Mali non loin de la frontière nigérienne, avec l’appui de Barkhane et de la mission onusienne de stabilisation (Minusma), est une initiative intéressante qui demande à être renforcée et mise en place ailleurs. Pour être acceptées par le plus grand nombre et porter ses fruits, elles devront être représentatives de l’ensemble des communautés locales.

M.Yattara

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