Ce week end, des échauffourées ont éclaté à N’Djamena et dans d’autres villes principales du Tchad. Il s’agissait des manifestations coordonnées des jeunes, femmes et vieux, répondant à l’appel de la plateforme d’opposition de la société civile Wakit Tamma (lancé 24 heures seulement avant) pour protester contre la politique française en Afrique et particulièrement dans leur pays. Ces manifestations au-delà des dégâts énormes causés (intérêts français saccagés) donnent la preuve de l’hostilité des populations africaines à la présence française sur leur territoire. Si pour le Mali cela s’est passé par voie diplomatique, les populations des autres pays semblent porter leur choix sur la méthode dure pour chasser les anciens colons. Mais ce qui reste évident relève du fait que c’est la transition malienne qui aurait tracé la voie aux autres. Après le Niger, le Burkina et le Tchad, à qui le tour ?
L’inimitié du président français, Emmanuel Macron à l’endroit du Mali s’expliquait par une seule chose : la condamnation des institutions issues d’un coup d’Etat. Par contre, son amitié avec le Tchad n’avait aucune explication. Quand on sait qu’il s’agissait d’un régime identique à celui du Mali, car gouverné par une junte militaire de15 généraux avec à sa tête Mahamat Idriss Déby Itno (fils de feu Marechal Idriss Itno Déby, assassiné le 20 avril 2021 au combat). Autant bien que mal, le président français arrivait à convaincre sur sa posture injustifiée de renier un régime de transition pendant qu’il adoubait un autre de même nature, dans un même continent. C’est dans cette foulée qu’il ordonna le départ des troupes françaises du Mali. Par la suite, les autorités de transition malienne par la voix de son Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, annoncera à la tribune des Nations unies : « l’abandon du Mali en plein vol par certains de ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme ». Le Chef d’Etat français reviendra à la charge pour affirmer qu’il s’agit des propos d’ « un enfant issu de deux coups d’Etat ». Partant, les passes d’arme, les invectives et les dénonciations se multiplieront entre les autorités des deux pays, au point de porter un coup dur aux relations diplomatiques entre elles.
Le Mali ordonne le départ sur son territoire de l’ambassadeur français, la fermeture des deux médias (RFI, France 24), jugés de medias « radio Mille collines du Rwanda » et rend caduc l’accord de défense avec la France.
De l’autre côté, la France, à travers certaines de ses autorités, accentue ses campagnes de dénigrement à l’encontre des autorités de la transition, aiguillonne les chefs d’Etat de la CEDEAO-UEMOA à maintenir leur embargo injuste sur le Mali et décide même de jouir de son droit de veto à l’ONU pour tenter d’emballer les Nations unies pour lourdement sanctionner ce pays pauvre de l’Afrique de l’ouest. Comme si cela ne suffisait pas, elle précipite son départ des différentes bases militaires, manipule les enquêtes et rapports des organisations humanitaires internationales en vue de jeter l’opprobre sur les forces de Défense et de sécurité maliennes. Lesquelles ont décidé de prendre leur destin en main avec de nouveaux partenaires, dans la lutte contre le terrorisme. Une dynamique qui est majoritairement soutenue par le peuple. C’est ce qui explique d’ailleurs, les réussites en termes de mobilisation de masses des différents rassemblements tenus pour demander le départ de la France, un pays jugé néocolonialiste.
Les effets de l’hostilité malienne à la France !
Habituée à faire des territoires africains, son pré carré, la France d’Emanuel Macron a été prise au dépourvu lorsque des convois de l’armée française ont été bloqués successivement au Burkina Faso et au Niger. D’abord à Kaya, sur le territoire burkinabé par des manifestants, la population locale, hostile à toute présence de l’armée française sur son territoire a donné front aux blindés français avec des slogans désapprobateurs, tels : « Nous ne voulons pas de l’armée française sur notre sol », « Que la France dégage… ». Ce faisant, le Mali qui était le pays considéré par l’hexagone comme anti démocratique, dirigé par une junte militaire, n’était plus le seul à ne plus vouloir sentir la France sur son territoire. Surtout que la population nigérienne ne se fera pas prier pour entrer dans la danse. Ainsi en décembre 2021, un convoi militaire français, d’une centaine de véhicules fut interdit de passer sur son territoire par la population locale de Tera (ville située à 200 km de Niamey). Une situation qui n’a été débloquée que suite à l’intervention énergique des forces de l’ordre, occasionnant des morts parmi les manifestants.
Autant sur les réseaux sociaux que dans les médias, le constat laisse apparaître une désapprobation totale des africains à la politique française en Afrique. Pour corroborer cette évidence, le weekend dernier au Tchad, à l’appel d’une plateforme de l’opposition, des manifestions avec des milliers de personnes dans les rues des villes comme Ndjamena et Abeché se sont soldées par des actes de vandalisme contre des représentations diplomatiques et firmes françaises.
Si au Mali, au Burkina Faso et au Niger les actions se sont limitées à des actes de protestation, au Tchad par contre (un pays que la France s’allie, malgré son régime non démocratique) les manifestions furent violentes. On pouvait dénoter la détermination de la population dans sa revendication du départ de la France sur son territoire.
Il revient maintenant aux autorités françaises de tirer tous les enseignements de ces protestations contre sa présence et sa politique avec les pays africains. Sans quoi, la montée en puissance de l’armée malienne, sanctionnée par des victoires contre des groupes jihadistes, depuis le départ de ses forces, semble ouvrir les yeux des autres sur son dessein, à peine voilé, en Afrique.
En attendant, le postulat du Mali continue de faire des émules. Après le Tchad, à qui le tour ?