L’on ne peut ne pas être attentif, pour même en faire des cas d’étude, au doigté, à la vision stratégique avec laquelle les autorités de notre pays traitent les questions internationales notamment la démarche méthodique qui a abouti au retrait de notre pays des organes et instances du G5 Sahel. Beaucoup d’observance, des actes posés aussi notamment la lettre du Président de la Transition.
En lisant la situation en filigrane, on sait comment le partenaire français, parallèlement au retrait de la Force Barkhane utilisait son emprise sur le G5 Sahel pour en faire un cheval de Troie, tout en jouant pour l’isolement du Mali. Comme pour dire que le partenaire français ne fait rien pour arranger les choses.
Pour ceux qui observent bien les dynamiques géopolitiques régionales dans le Sahel, l’on comprendra aisément que la G5 est une pâle copie imaginée par le partenaire français pour effacer de la carte l’organisation des pays du champ à l’initiative de l’Algérie. Au fait le G5 Sahel c’était une trouvaille française pour contrebalancer le poids algérien dans la sous-région sahélienne.
Donc le G5 Sahel ce sont les pays du champ sans l’Algérie. Il y a une question préjudicielle qui se pose dans la gestion de toute question au Sahel dont la partie septentrionale du Mali. Peut-on gérer le Sahel sans l’Algérie ?
La réalité nous rattrape tous aujourd’hui et les rééquilibrages actuels sont un juste retour des choses. L’Algérie a entretemps fait sauter le verrou constitutionnel, qui l’empêchait de participer à ces initiatives extraterritoriales, notamment de ses forces armées et de sécurité.
Le Mali géopolitique et diplomatique tient bien la barre du navire, malgré les divergences politiques internes inhérentes à notre histoire politique et à la force des courants idéologiques difficiles à maitriser.
Pour avoir été témoin de la gouvernance sociopolitique et diplomatique de notre pays, sur au moins les 20 dernières années, il faut avouer que c’est à mon avis une des rares fois que la gouvernance est empreinte de méthode, de stratégie sous tendue par une volonté de rabattre les cartes dans la sous-région.
Cela nous sort des méthodes classiques, convenues dans les accords et traités ordinaires, le plus souvent pensés pour nous loin de nous.
La gouvernance de rupture choisie aujourd’hui a évidemment un coût, au regard des velléités d’endiguement, d’isolement que cela suscite autour de nous. Sur ce plan, il y a de réels efforts par les autorités pour réussir une adhésion nationale afin d’amortir le choc.
Même si cela est difficile, il faudrait continuer à parler et à expliquer le bien-fondé de ces actions dans le marbre de l’intérêt supérieur de la nation.
L’embargo qu’endure les populations depuis le 9 janvier, est une menace réelle à cette gouvernance méthodique car la réalité de la marmite et du panier ne saurait résister aux plus belles options, fussent-elles des méthodes et stratégies des plus lumineuses et ingénieuses. Les prix flambent, le pouvoir d’achat diminue, la guerre d’Ukraine n’est pas venue pour arranger les choses.
Les populations ont pris la mesure des enjeux, ont opté pour le sacrifice face à ces décisions des autorités de la Transition vis-à-vis des organisations régionales et de certains partenaires extra régionaux. A nos autorités de trouver le juste milieu, entre fortification de résistance extérieure et management de la résistance interne.
La question qui taraude les esprits aujourd’hui est : face aux décisions prises, aux postures affichées par le Mali, y a-t-il encore place pour la reculade ? C’est à ce jeu difficile que certains veulent prendre le Mali. Il faudra y trouver la bonne parade, encore plus stratégique, plus méthodique.
Nous avons pris un chemin à la fois long, escarpé, sinueux et visiblement vertueux. A nous de trouver les moyens et les outils pour arriver à bout, au bout, avec le plus grand nombre, sain et sauf et prêt à faire le saut du renouveau tant rêvé.