PolitiqueRisque de famine dans le Sahel : Le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie touchés de plein fouet /*Plus de 10,5 millions de personnes sont menacées
Crise alimentaire, catastrophe humanitaire, chocs climatiques, conflits et violences armés, c’est le tableau de la situation vitale dans le Sahel, qui appelle à un pronostic vital des gouvernants politiques après un échec total de la gouvernance dans bien des Etats du Sahel. Au Mali, alors qu’on ne s’est pas remis des caprices d’une pandémie de Covid 19 aux contours inconnus, qui a assommé comme un coup de semonce, ce qui restait de la résistance à une crise politico-sécuritaire au relent de positionnement géostratégique mal ficelé, se pointent des sanctions d’origine humaine contre des frères humains du Mali. Comme pour dire que la situation de catastrophe humanitaire vécue dans le Sahel, due à des crises alimentaires cycliques, à des conflits et violences extrémistes, et même les chocs climatiques (dont on trouve des réponses dans le nouveau partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), la GRANDE MURAILLE VERTE, une initiative phare de l’Union africaine pour lutter contre les effets du Changement climatique et de la désertification en Afrique) peut avoir des liens étroits avec une origine humaine de conquête du pouvoir et de convoitise sur des ressources dans le Sahel (laviesahel.com). Plus de 10,5 millions de personnes sont menacées par la faim au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie durant la prochaine période de soudure, selon le Comité international de la Croix rouge (CICR).
«Le Sahel est confronté à la pire crise alimentaire depuis une décennie et au bord d’une grave catastrophe humanitaire due à l’effet conjugué de chocs climatiques et de conflits et violence armés », selon un communiqué du Comité international de la Croix rouge (CICR) en date du 11 mai 2022. L’insécurité alimentaire et la pauvreté persistantes continuent de bouleverser la vie de millions de personnes. Ces phénomènes, accentués par les effets du changement climatique et un contexte sécuritaire de plus en plus délétère, accroissent les besoins humanitaires dans la zone, note le CICR. « Le Mali à l’instar des autres pays du Sahel, fait déjà face aux effets négatifs du changement climatique. La région du Sahel est également touchée de plein fouet par l’une des pires sécheresses depuis des décennies, entrainant une chute drastique de la production agricole. Ainsi, on constate une chute de 15% pour le Mali, 40 % pour le Niger et la Mauritanie et 10% pour le Burkina Faso », selon l’organisation humanitaire CICR. Des déficits de pluie record – comparables à la grande période de sécheresse de 2011 qui a fait des milliers de morts – ont provoqué une forte baisse de la production agricole, note l’organisation humanitaire.
Faut- il souligner cependant, que les effets négatifs du changement climatique et la sécheresse qui touche le Mali depuis des décennies, ne peuvent être rendus seuls responsables de la chute drastique de la production agricole au Mali, (laviesahel.com) quand il s’est passé des actes terroristes d’une atrocité criminelle, étendus à la destruction des champs de céréales comme le riz et le petit mil, le maïs et le sorgho dont certains étaient à quelques encablures de la récolte.
Des champs entiers ont été brûlés sous le regard impuissant des producteurs, qui n’ont eu que leurs yeux pour pleurer, pour ce qui ont survécu à ce drame. Les producteurs ont été empêchés de produire, dans les plus grandes zones de production de céréales (les colons de l’office du Niger, le kala, le Seno et le Monimpé, dans les régions de Ségou, Koulikoro et Mopti) à cause d’une insécurité imposée, sans loi ni foi. Ces récoltes manquées et cette absence de production au Mali sont pour beaucoup à l’origine de la pénurie actuelle de céréales où le prix du petit mil a surpassé celui du riz, une situation qui risque de s’aggraver pendant la période de soudure, si rien n’est fait pour annihiler les effets néfastes des actes terroristes commandités et perpétrés pour affamer et asservir des peuples entiers (laviesahel.com). « En temps normal le Mali exporte une partie de sa production nationale vers des pays voisins, c’est donc logique qu’en l’absence de récolte au Mali, certains pays voisins ressentent ce manque », indique un opérateur économique malien contacté par laviesahel.com, qui s’est dit actuellement abonné au chômage.
Selon les évaluations les plus récentes de la sécurité alimentaire (Cadre Harmonisé), plus de 10,5 millions de personnes sont menacées par la faim au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie durant la prochaine période de soudure, souligne le communiqué du CICR. « Les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avec le soutien de Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) et du CICR augmentent leurs capacités afin de répondre aux besoins les plus urgents des communautés. Elles travaillent à mettre en place des programmes à plus long terme visant à renforcer la résilience des communautés face aux aléas climatiques et aux conséquences des conflits prolongés », selon le CICR.
Paradoxalement ce sont dans ces pays (Burkina Faso, Mali, Niger) qu’ont opéré pendant près d’une décennie, les armées des plus puissantes du monde (Barkhane, Casques bleus, G5 Sahel, pour ramener la paix et la sécurité dans le Sahel et au Mali. Mais le bilan de leur présence est très amer, avec une insécurité qui s’est étendue du nord du pays au centre et aux pays voisins du Niger et du Burkina Faso. On peut raisonnablement se poser la question à savoir quel projet réside derrière la présence des groupes terroriste et la lutte anti-terroriste dans le Sahel ?
L’insécurité à l’origine de la crise alimentaire
Ainsi la période de soudure de cette année 2022 s’annonce particulièrement rude pour les populations du Sahel, notamment celles du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Mauritanie, « lorsque les réserves de nourriture sont quasiment épuisées, alors même que la crise alimentaire qui frappe la région est encore aggravée par le conflit », s’inquiète le CICR. Au moins 2 millions de personnes ont été déplacées dans les quatre pays susmentionnés par suite du conflit, dont 70% au Burkina Faso où l’insécurité a poussé près de 10% de la population, soit 1,8 million de personnes, hors de chez elles, en quête de sécurité, selon le CICR. Cependant le Mali ne connait pas un meilleur sort. Déjà fragilisées, les populations deviennent extrêmement vulnérables lorsqu’elles sont contraintes au déplacement. Ne pouvant plus accéder à leurs terres pour pratiquer leurs activités agricoles ou d’élevage, des communautés entières deviennent dépendantes de l’aide pour survivre, notamment pour la nourriture et l’eau. La situation est particulièrement préoccupante pour les millions de personnes dans la région qui restent dans des zones inaccessibles aux organisations humanitaires à cause de l’insécurité ambiante. Certaines populations, notamment au Burkina Faso dans les villes de Pama, Mansila, Kelbo, Madjoari et Djibo, font face à des situations dramatiques, selon le communiqué du CICR. Confinées dans des espaces toujours plus restreints et dans l’impossibilité de fuir, elles se retrouvent à affronter seules une crise alimentaire majeure, note l’organisation humanitaire. « La violence au Sahel ne fait pas qu’exacerber la crise alimentaire, elle en est souvent à l’origine. La situation est critique, et la période de soudure pourrait être catastrophique si un effort concerté n’est pas engagé pour aider les millions de personnes touchées », déclare Patrick Youssef, directeur du CICR pour l’Afrique.
Plus de 80% de la population du Sahel dépend de l’agriculture pour survivre. Lorsque la violence sévit dans une région, les habitants doivent souvent fuir. De ce fait, les cultures ne peuvent plus être plantées, entretenues ou récoltées, exposant ainsi des communautés entières à un risque de grave insécurité alimentaire, voire de famine.
Au Mali, dans la région tri-frontalière de Liptako-Gourma, 80% des terres cultivables ont été perdues dans plus de 100 villages, les cultures ayant été détruites et les habitants contraints de fuir, selon le CICR. « Le suivi de la situation après les récoltes que nous assurons dans les provinces de Yatenga et Loroum au Burkina Faso a montré des pertes de rendement allant jusqu’à 90% », selon le CICR. Dans les régions du nord du Burkina Faso, entre 30 et 50% des terres cultivées ont été perdues en raison de l’insécurité, tandis qu’au Niger, dans les régions de Tillabéri et Tahoua, les moyens de subsistance de centaines de milliers d’habitants ont été anéantis, la menace de violences les empêchant d’accéder à leurs terres et des villages entiers ayant été déplacés à l’intérieur du pays, selon le communiqué du CICR.
Au Burkina Faso, une crise de l’eau peut être observée à l’échelle nationale. Dans certaines régions touchées par le conflit, des points d’eau sont détruits, tandis qu’ailleurs, la détérioration des infrastructures d’approvisionnement en eau impacte durement la vie quotidienne. « Dans certains endroits du Burkina Faso, il faut faire 72 heures de queue pour accéder aux forages. L’existence toute entière tourne autour de l’accès à l’eau. Si la situation continue à se détériorer, nous serons confrontés au risque très réel que des personnes et des animaux meurent de soif », avertit Patrick Youssef, directeur du CICR pour l’Afrique. La violence et les conflits ont également perturbé les voies de transhumance traditionnelles –nomadisme organisée autour de la migration du bétail. Les éleveurs mauritaniens avaient coutume de migrer vers le Mali à la recherche de pâturages et d’eau. La violence rend ces routes traditionnelles inaccessibles, mettant en péril le bétail et les moyens de subsistance.
S’affranchir de sa dépendance à l’aide
Le sort de centaines de milliers de personnes coincées dans des zones du Sahel qui demeurent inaccessibles au CICR et aux autres organisations humanitaires en raison de l’insécurité qui y règne est particulièrement préoccupant. « L’aide doit parvenir à tous ceux qui en ont besoin et être fournie de manière à réduire plutôt qu’à exacerber les tensions. Les organisations humanitaires doivent pouvoir opérer librement et en toute sécurité dans ces environnements », déclare Patrick Youssef, directeur du CICR pour l’Afrique. En collaboration avec le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le CICR intensifie son action dans toute la région pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables, poursuit le communiqué. L’organisation étudie également des solutions à plus long terme qui aideront les populations à s’adapter et à devenir plus résistantes aux chocs climatiques et aux conséquences des conflits prolongés. Ainsi avec la Banque africaine de développement, le CICR compte dégager « des moyens de briser le cycle de l’insécurité alimentaire en Afrique », indique le communiqué de l’organisation humanitaire. Selon le patron du CICR pour l’Afrique PatrickYoussef, « s’il est impératif de répondre à cette crise, n’agir que dans l’urgence contribuera à maintenir la population dans une situation de dépendance à l’égard de l’aide, perpétuant ainsi le cycle de la souffrance … Les acteurs du développement, les gouvernements et les organisations humanitaires doivent s’unir et proposer des solutions nouvelles et innovantes qui renforceront les systèmes existants et fourniront des outils permettant à la population de s’affranchir de sa dépendance à l’aide » préconise PatrickYoussef.